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L'EI et l'AQMI exploitent l'instabilité et la faiblesse des pays africains Après Bamako et Ouagadougou, Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar s'attaque à la Côte d'Ivoire
L'Etat Islamique (EI), les groupes liés à Al-Qaïda au Maghreb, Boko Haram et d'autres mouvements extrémistes tentent de déstabiliser l'Afrique et notamment la région du Sahel. Ces derniers exploitent les guerres et les crises des pays de la région dans le but d'appliquer leurs lois et de régner sur des territoires «libérés». L'Etat Islamique (EI), les groupes liés à Al-Qaïda au Maghreb, Boko Haram et d'autres mouvements extrémistes tentent de déstabiliser l'Afrique et notamment la région du Sahel. Ces derniers exploitent les guerres et les crises des pays de la région dans le but d'appliquer leurs lois et de régner sur des territoires «libérés». L'EI, plus que les autres groupes armés, cherche à implanter son émirat en Afrique du Nord étant traqué et persécuté en Irak, en Syrie et dernièrement en Libye. De son côté, Al Qaïda au Maghreb, même occultée par la montée de l'EI, reste puissante et tient à le montrer. D'ailleurs l'attaque menée ce dimanche dans la station balnéaire très populaire de Grand-Bassam par un commando armé faisant 16 morts en est la preuve. Auparavant, il y avait eu les attaques de Bamako et de Ouagadougou, toutes les deux revendiquées par l'Aqmi. L'attaque de dimanche dernier, la première de ce type en Côte d'Ivoire et qui rappelle fortement celle d'un hôtel à Sousse en Tunisie, a également été revendiquée par l'Aqmi. Al Qaïda au Maghreb a, dans un communiqué publié sur son site Internet, salué ses «trois héros» qui, lourdement armés et portant des cagoules, ont tiré sur les occupants de L'Etoile du Sud, un grand hôtel très fréquenté en cette période de l'année. Ils étaient au nombre de six, selon les autorités ivoiriennes et ont tous été neutralisés. Après l'attaque, le gouvernement ivoirien a appelé les populations au calme et à la prudence. La France qui a énormément d'intérêts en Côte d'Ivoire a dénoncé par la voix de son président, François Hollande, un «lâche attentat», promettant «soutien logistique et de renseignement pour retrouver les agresseurs». Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, se rendront aujourd'hui à Abidjan pour exprimer la solidarité de la France. La justice française a ouvert une enquête pour assassinat terroriste, en raison de la présence d'une victime française. Les Etats-Unis ont de leur côté «condamné fermement les attaques terroristes» et ont déclaré «se tenir prêts à soutenir le gouvernement ivoirien dans son enquête sur cette attaque odieuse». En Algérie, une condamnation ferme a été faite par le ministère des Affaires étrangères qui a ajouté dans un communiqué que «nous exprimons nos condoléances aux familles des victimes et assurons de notre solidarité le peuple et le gouvernement de Côte d'Ivoire». Entouré de pays dont les crises et l'instabilité favorisent l'implantation des groupes terroristes, l'Algérie n'a pas manqué de souligner que «devant la recrudescence des actes terroristes aveugles, nous appelons encore une fois à la mobilisation de l'ensemble des acteurs régionaux et internationaux et à la conjugaison de tous les efforts pour combattre efficacement ce fléau qui menace la quiétude et la stabilité de nombreux peuples et pays à travers le monde». D'ailleurs, l'Algérie a élevé son niveau d'alerte depuis les derniers attentats qui ont frappé la Tunisie. Dimanche dernier, l'armée a appelé à une vigilance accrue face à l' «aggravation inédite» de la situation sécuritaire dans la région, où la Libye et la Tunisie voisines sont confrontées à des troubles et des attaques terroristes. «Ce que notre région vit actuellement comme troubles et aggravation inédite de la situation sécuritaire augurent, sans doute, d'issues défavorables sur la sécurité et la stabilité des pays de la région», a déclaré le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, cité par l'agence de presse APS. Cette dégradation de la sécurité «exige (...) de l'Armée nationale populaire, plus de vigilance afin que l'Algérie puisse demeurer forte face à ses ennemis», a-t-il ajouté lors d'une visite à la 4e Région militaire de Ouargla. L'insécurité à la frontière Est et Sud-est a amené Alger à déployer des dizaines de milliers de militaires le long de la frontière avec la Libye et la Tunisie pour lutter contre d'éventuelles infiltrations de terroristes sur le territoire. Vendredi dernier, l'armée a annoncé avoir tué trois terroristes armés dans la région d'El Oued, non loin de la frontière avec la Tunisie, et saisi six systèmes de missiles Stingers. Il faut dire que les groupes terroristes qui écument la région du Nord de l'Afrique et du Sahel semblent circuler librement via les frontières. Faut-il rappeler que la Côte d'Ivoire est frontalière du Mali dont les groupes armés ont un temps occupé le Nord avant d'être chassés par une intervention militaire française. Et l'intervention française qu'elle soit au Mali ou en Syrie et maintenant en Libye, a amené les chefs des groupes armés à profiler des menaces de frapper les intérêts de la France et des alliés des «Croisés». En frappant en Côte d'Ivoire, l'Aqmi a menacé les intérêts de la France dont près de 600 militaires sont stationnés dans le pays. Mais aussi elle a réussi à frapper un allié «des croisés» puisque ce pays participe à la force de l'ONU déployée au Mali. La question qui reste suspendue aujourd'hui à toutes les langues est celle de savoir «à qui le tour ?» Car, après Bamako au Mali, Ouagadougou au Burkina Faso, Ben Guerdan en Tunisie… Voici que le terrorisme a frappé Grand-Bassam aux portes d'Abidjan, la capitale économique ivoirienne. En quatre mois, le nord et l'ouest de l'Afrique ont été ciblés et par l'EI et par l'Aqmi. Il s'agit là d'une stratégie de la terreur menée par de petits groupes très mobiles, très atomisés et donc très difficile d'appréhender. A Grand Bassam comme à Bamako et Ougadougou, il s'agissait d'Al-Mourabitoune, le groupe dirigé par l'insaisissable Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier était, selon les dernières affirmations, au Nord-Mali où il bénéficie de relais et de complicités locales. Il a réussi à déjouer toutes les tentatives pour l'éliminer, mais aurait-il décidé de quitter le nord Mali sous la pression des militaires français pour rejoindre le Sud-ouest? Quelles en seront les conséquences ? H. Y.