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Les conséquences économiques d'un éventuel Brexit
La sortie de l'UE engendrerait des coûts considérables pour le Royaume-Uni
Publié dans La Tribune le 18 - 05 - 2016

Ceux qui militent pour une sortie du Royaume-Uni hors de l'Union européenne affirment vouloir rendre leur pays plus libre et plus prospère. Ils considèrent qu'à l'issue du «Brexit», le Royaume-Uni sera en mesure de négocier rapidement un accord sur mesure auprès de l'UE (qui offrira tous les avantages du libre-échange sans les coûts que représente l'appartenance à l'UE), de conclure de meilleurs accords avec les autres pays, et de tirer d'immense avantages d'une libération vis-à-vis de la lourdeur réglementaire de l'UE. Toutes ces attentes ne sont que pure illusion.
Ceux qui militent pour une sortie du Royaume-Uni hors de l'Union européenne affirment vouloir rendre leur pays plus libre et plus prospère. Ils considèrent qu'à l'issue du «Brexit», le Royaume-Uni sera en mesure de négocier rapidement un accord sur mesure auprès de l'UE (qui offrira tous les avantages du libre-échange sans les coûts que représente l'appartenance à l'UE), de conclure de meilleurs accords avec les autres pays, et de tirer d'immense avantages d'une libération vis-à-vis de la lourdeur réglementaire de l'UE. Toutes ces attentes ne sont que pure illusion.
En réalité, le Brexit engendrerait des coûts économiques considérables pour le Royaume-Uni. L'incertitude et les perturbations engendrées par une procédure de divorce interminable, et à coup sûr acrimonieuse, mettraient profondément à mal l'investissement et la croissance. Une séparation définitive viendrait réduire les échanges commerciaux, les investissements étrangers, et les flux migratoires, affectant la compétitivité, la croissance de la productivité et le niveau de vie. Une «indépendance» priverait le Royaume-Uni d'une influence sur les réformes futures de l'UE – notamment l'achèvement d'un marché unique dans le domaine des services – dont le pays pourrait bénéficier.
Le Centre pour la performance économique de la London School of Economics a calculé que les coûts à long terme d'une diminution des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE pourraient représenter pour le pays jusqu'à 9,5% du PIB, tandis que le déclin des investissements étrangers pourrait lui coûter 3,4% de son PIB, voire plus. A eux seuls, ces coûts éclipsent les avantages potentiels que pourrait produire le Brexit. La contribution nette du Royaume-Uni au budget de l'UE a représenté seulement 0,35% du PIB britannique l'an dernier. De même, la libération du pays par rapport aux réglementations de l'UE n'engendrerait que des avantages limités, dans la mesure où les marchés britanniques du travail et des produits comptent parmi les plus libres de la planète.
Le processus de sortie engendrerait une incertitude durable. On évoque officiellement un processus sur deux ans. Or, il faut s'attendre à ce qu'il nécessite beaucoup plus de temps. Dans les années 1980, trois ans avaient été nécessaires pour négocier la sortie du Groenland (pays de 50 000 habitants), sachant que la seule question véritablement problématique portait sur la pêche. L'exfiltration du Royaume-Uni (deuxième plus grande économie de l'UE, forte d'une population de 64 millions d'habitants) constitue une démarche immensément plus complexe.
Par ailleurs, le moindre accord autour d'une nouvelle relation économique avec le Royaume-Uni exigerait l'unanimité parmi les 27 membres restants de l'UE. Il appartiendrait également au Royaume-Uni de renégocier – en repartant de zéro – plus de 50 accords commerciaux conclu entre l'UE et d'autres Etats. Tout ceci nécessiterait un temps considérable.
Dans le même temps, les réglementations commerciales et nationales du Royaume-Uni se retrouveraient en suspens. Les décisions relatives à l'investissement et à l'emploi seraient reportées ou annulées. La livre sterling s'effondrerait. Ceux des investisseurs étrangers qui financent le déficit de balance courante du Royaume-Uni – qui a atteint 7% du PIB au dernier trimestre de l'année dernière – pourraient être amenés à exiger une garantie plus élevée sur les actifs britanniques voire, pire encore, se retirer. Tout ceci affecterait la croissance économique, mettant en péril les plans budgétaires du gouvernement.
Une fois les accords conclus, le Royaume-Uni bénéficierait d'un moindre accès à la fois au marché de l'UE et aux marchés internationaux. Sur le plan économique, l'option la moins douloureuse consisterait à demander une adhésion à l'Espace économique européen, aux côtés de la Norvège, de l'Islande et du Liechtenstein. Ceci lui conférerait un accès quasi-total au marché unique (avec des possibilités de désengagement par rapport aux politiques de l'UE en matière d'agriculture et de pêche), lui imposant toutefois un certain nombre de contrôles douaniers et autres barrières au commerce, telles que les exigences relatives aux règles d'origine.
En revanche, sur le plan politique, une telle adhésion à l'EEE ne lui serait pas favorable. Le Royaume-Uni devrait en effet se conformer à un certain nombre de règles et législations relatives au marché unique dans des domaines tels que la protection des consommateurs, l'environnement, et les politiques sociales – règles dont l'élaboration échapperait totalement à son influence. Il lui faudrait également contribuer au budget de l'UE, sans pour autant percevoir aucun financement en retour. Et il lui faudrait accepter que les citoyens de l'UE puissent entrer librement dans le pays, ce qui constitue le cauchemar politique de la plupart des partisans du Brexit. Dans la mesure où leur principale motivation consiste à rétablir la souveraineté soi-disant perdue du pays, la perspective d'un accord en vertu duquel le Royaume-Uni n'aurait pas son mot à dire, se contentant de payer et d'obéir, serait absolument insoutenable.
C'est dans le cadre de ses échanges commerciaux avec l'UE régis par les règles de l'Organisation mondiale du commerce que le pays se retrouverait le moins contraint sur le plan politique, comme c'est le cas pour les Etats-Unis et la Chine. Le Royaume-Uni demeurerait libre de maintenir à l'écart les migrants pourtant travailleurs et contribuables de l'UE. Ceci entraînerait néanmoins un contrôle réciproque de la part de l'UE sur les migrants en provenance du Royaume-Uni, soit un double inconvénient pour les Britanniques.
Cette approche générerait également des droits de douanes à l'importation sur les produits britanniques – dont une taxe de 10% sur les exportations automobiles vers l'UE – ainsi que des barrières non tarifaires. Les institutions financières basées au Royaume-Uni perdraient leur droit d'exporter librement vers l'UE. Par ailleurs, à défaut d'un plein accès à un marché unique européen représentant 16 000 milliards de dollars et 500 millions de consommateurs, l'investissement étranger déclinerait. Le choix de modèles intermédiaires alternatifs, tels que le modèle suisse ou canadien, n'apparaît pas beaucoup plus attrayant.
Les partisans du Brexit s'attendent à ce que le Royaume-Uni puisse négocier un accord spécifique au pays, en choisissant à la carte les dispositions de son choix. Ils considèrent que le Royaume-Uni aurait le dessus, dans la mesure où le pays achète plus à l'UE qu'il ne lui vend en retour. Mais ici encore, ce n'est que pur fantasme. L'Amérique bénéficie elle aussi d'un déficit commercial auprès de l'UE, et pourtant elle ne saurait dicter les modalités des négociations relatives au Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement. En outre, les exportations du Royaume-Uni vers l'UE (qui représentent 13% du PIB britannique) importent bien davantage au Royaume-Uni que les exportations vers le Royaume-Uni (à peine 3% du PIB) ont d'importance pour l'UE.
Autrement dit, c'est bien l'UE qui mènerait la danse – se montrant sans aucun doute sévère avec le Royaume-Uni. De nombreux acteurs économiques – du constructeur automobile allemand à l'agriculteur français, en passant par les centres financiers des quatre coins de l'UE – pourraient ainsi chercher à faire de l'ombre à leurs concurrents britanniques. De même, les gouvernements de l'UE pourraient chercher à sanctionner le Royaume-Uni, notamment parce qu'ils savent qu'un divorce à l'amiable avec le Royaume-Uni renforcerait les partis europhobes, tels que le l'extrême droite du Front national en France, qui en appelle d'ores et déjà à un référendum sur l'appartenance à l'UE.
Les nouveaux accords commerciaux que le Royaume-Uni serait amené à conclure avec des pays extérieurs à l'UE produiraient sans doute eux aussi des dispositions moins favorables aux Britanniques. Le Royaume-Uni certes libéré des intérêts protectionnistes de l'UE, son économie plus réduite, ses marchés grands ouverts, et sa quête désespérée d'accords, viendraient affaiblir le poids du pays. En effet, les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils n'étaient pas particulièrement intéressés dans l'immédiat par la négociation d'un accord commercial avec le Royaume-Uni. De même, le ton pour le moins protectionniste de l'actuelle campagne présidentielle américaine laisse à penser que les prochaines années ne seront pas outre mesure caractérisées par une libéralisation des échanges commerciaux.
Bien que la réflexion autour des implications économiques d'un éventuel Brexit s'avère bien entendu complexe, la situation est fondamentalement simple : pour le Royaume-Uni, quitter l'UE se révélerait bien pire que d'y rester.
P. L.


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