Le développement de la finance islamique est confronté à des contraintes en Algérie, dont l'absence d'un cadre réglementaire précis, la sous-bancarisation et l'aspect culturel, ont affirmé, hier, des experts en la matière au forum économique du quotidien El Moudjahid. Pour l'économiste Boudjellal Mohamed, l'absence d'un cadre réglementaire dédié à la finance islamique est perçue comme étant un frein au développement des produits financiers et bancaires selon les normes de cette branche de la finance. Ainsi, l'intervenant a préconisé d'intégrer dans la loi sur la monnaie et le crédit un chapitre qui sera réservé exclusivement aux activités de la finance islamique et la création de banques activant dans ce domaine. Ce «vide juridique» n'est néanmoins pas «un handicap formel», aux yeux de M. Haider, directeur général de Essalem banque. Ce dernier explique que la réglementation actuelle qui régit la finance conventionnelle n'interdit pas la création de banques islamiques. Il estime, toutefois, qu'un cadre réglementaire précis permettra de booster ce créneau en ce sens qu'il offrira aux établissements bancaires l'opportunité de mieux vulgariser leurs produits et de mener des campagnes de marketing à même d'inciter les consommateurs à bancariser leur argent. Il rappelle, d'ailleurs, qu'une proposition de loi a été élaborée en 2010 mais elle est restée sans suite. Pour M. Haider, ce créneau financier n'a pas encore atteint le niveau de développement qu'il connaît dans d'autres pays mais commence à capter l'intérêt même des banques publiques. Pour les banques privées qui se sont déjà lancées dans cette activité, M. Haider, en citant les exemples d'El Baraka Bank et d'Essalem Bank, a jugé qu'en raison de leurs faibles réseaux, ces banques ne représentent qu'une infime partie du marché. Il a évalué les parts de marché de la finance islamique à 17% dans le privé et 2% dans le public. En outre, pour l'orateur «il existe un déséquilibre entre l'offre et la demande dans ce secteur financier en raison de la sous-bancarisation». Citant des exemples de pays qui proposent déjà des produits conformes, dont la Malaisie et la Grande-Bretagne, M. Haider a estimé que le chiffre d'affaires de cette industrie financière est estimé à 2 000 milliards de dollars dans le monde. Abordant la situation financière actuelle du pays, les deux spécialistes s'accordent, enfin, à dire que la finance islamique reste une opportunité pour le pays afin de capter l'argent qui circule encore en dehors des circuits bancaires. Pour M. Boudjellal, il y a une partie des épargnants qui serait intéressée par des produits bancaires «hallal» et les banques ont intérêt à capter leur argent. S. B.