Pour combler un vide dans un secteur qui, depuis son ouverture, il y a quatre années, multiplie les déviances, dérives et atteintes, et qui jusque-là était livré à lui-même, le gouvernement a finalement concrétisé la mise en place de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav). Ainsi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a procédé, hier à Alger, à l'installation officielle de l'Arav. «Les actes de diffamation, de chantage, et d'appels à la violence et à la fitna seront également et fermement combattus et sanctionnés», a déclaré M. Sellal lors de la cérémonie d'installation des membres de l'Arav, ajoutant que le gouvernement et l'Autorité de régulation, chacun dans son champ de compétence, «soutiendront et seront aux côtés des médias qui s'inscriront dans cette démarche vertueuse dans le respect de la loi et de la liberté d'information et d'expression». Cette même loi «sera strictement appliquée pour protéger les droits des journalistes et des artistes qui travaillent et travailleront dans ce domaine, veiller au respect de la législation et de la réglementation en vigueur et sévir en cas d'atteinte à la mémoire collective aux référents religieux, à l'identité nationale ou à la cohésion de la société algérienne», a affirmé le chef de l'exécutif. Et de préciser : «L'Arav est un organe indépendant dont l'action n'est encadrée que par les seules dispositions de la loi.» «Aussi, nous attendons de ses membres une action volontariste pour veiller au libre exercice de l'activité audiovisuelle, à l'impartialité, à l'objectivité, à la transparence, à la promotion des langues nationales, et au respect des valeurs et des principes de la société algérienne», a ajouté le Premier ministre. Présidée par le journaliste, communicant, gestionnaire d'organismes publics Zouaoui Benhamadi, cette instance est composée de l'historien et journaliste Zahir Ihaddadène, de l'anthropologue et chercheur Zaïm Khenchelaoui, de Abdelmalek Houyou, haut fonctionnaire, gestionnaire d'organismes publics, du Dr Ahmed Bayoud, universitaire, haut fonctionnaire, Aïcha Kassoul, professeur, universitaire, diplomate, Zouina Abderrezak, professeur des universités, de l'ancien ministre de la Justice El Ghaouti Mekamcha, et enfin du journaliste Lotfi Cheriet. Plusieurs missions sont attribuées à l'Arav. Composée de neuf membres, elle doit, selon la loi 14-04 du 24 février 2014 relative à l'activité audiovisuelle, veiller à l'impartialité des personnes morales exploitant les services de communication audiovisuelle relevant du secteur public. Elle est chargée de garantir l'objectivité et la transparence, de veiller à la promotion et au soutien des deux langues nationales et de la culture nationale et au respect de l'expression plurielle des courants de pensée et d'opinion dans les programmes des services de diffusion sonore et télévisuelle, notamment lors des émissions d'information politique et générale. Selon la même loi, l'Autorité doit veiller à ce que tous les genres de programmes présentés par les éditeurs de services de communication audiovisuelle reflètent la diversité culturelle nationale, le respect de la dignité humaine et la protection de l'enfant et de l'adolescent. Elle doit faciliter l'accès des personnes souffrant de déficiences visuelles et/ou auditives aux programmes mis à la disposition du public par toute personne morale exploitant un service de communication audiovisuelle, veiller à valoriser la protection de l'environnement et à la promotion de la culture environnementale et la préservation de la santé, de la population, de façon permanente. L'Arav est appelée aussi à veiller à ce que les évènements nationaux d'importance majeure définis par voie réglementaire, ne soient pas retransmis en exclusivité, de manière à priver une partie importante du public de la possibilité de les suivre en direct ou en différé, sur un service de télévision à accès libre. Pour accomplir ses missions, cet organisme est doté de prérogatives d'instruire les demandes de création de services de communication audiovisuelle et de se prononcer sur leur recevabilité, d'octroyer les fréquences mises à sa disposition par l'organisme public chargé de la télédiffusion, en vue de la création de services de communication audiovisuelle terrestre. Dans le même contexte, l'Autorité applique les règles relatives aux conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions d'expression directe ainsi que des émissions des médias audiovisuels lors des campagnes électorales, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur. Elle applique, aussi, les modalités de diffusion des émissions consacrées aux formations politiques et aux organisations nationales syndicales et professionnelles agréées, et fixe les conditions dans lesquelles les programmes de communication audiovisuelle peuvent comporter des placements de produits ou des émissions de télé-achat, ainsi que les règles relatives à la diffusion des messages d'intérêt général émis par les pouvoirs publics. L'Autorité formule des avis sur la stratégie nationale de développement de l'activité audiovisuelle, sur tout projet de texte législatif ou réglementaire concernant l'activité audiovisuelle et formule des recommandations pour le développement de la concurrence dans le domaine des activités audiovisuelles. En matière de règlement des différends, elle arbitre les litiges opposant les personnes morales exploitant un service de communication audiovisuelle, soit entre elles, soit avec les usagers, et instruit les plaintes émanant des partis politiques, des organisations syndicales et/ou des associations et toute autre personne physique ou morale, faisant état de violation de la loi par une personne morale exploitant un service de communication audiovisuelle. A. B.