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La crise de Deutsche Bank reflète les maux de l'économie mondiale
Ayant perdu jusqu'à 9% de sa valeur en séance
Publié dans La Tribune le 02 - 10 - 2016

Ce vendredi 30 septembre 2016, les banques européennes étaient à nouveau sous pression. L'action Deutsche Bank a perdu jusqu'à 9% de sa valeur en journée, passant sous les 10 euros, à 9,90 euros, avant de finir en hausse de quelque 6%, sur une rumeur faisant état d'une réduction du montant du préjudice réclamé par les Etats-Unis, de 14 milliards de dollars à 5,4 milliards de dollars.
Ce vendredi 30 septembre 2016, les banques européennes étaient à nouveau sous pression. L'action Deutsche Bank a perdu jusqu'à 9% de sa valeur en journée, passant sous les 10 euros, à 9,90 euros, avant de finir en hausse de quelque 6%, sur une rumeur faisant état d'une réduction du montant du préjudice réclamé par les Etats-Unis, de 14 milliards de dollars à 5,4 milliards de dollars.
Pour autant la dégringolade, qui avait été déclenchée par la décision de certains fonds spéculatifs de transférer leurs fonds de la banque de Francfort vers d'autres lieux, est un signe supplémentaire de la méfiance des investisseurs. Ce mouvement a fait craindre un scénario catastrophe : le modèle économique de la première banque allemande fonctionnant en effet avec le dollar comme matière première. Avec ces retraits et le resserrement des taux aux Etats-Unis, cette ressource risque de manquer à une banque qui semble, par ailleurs, avoir perdu toute capacité à renforcer son capital par le biais du marché. Les pieds d'argile du colosse allemand sont de fait de plus en plus fragiles. Or, si la Deutsche Bank entre en crise, les autres grandes banques de marché n'en sortiront pas indemnes. L'imbrication des engagements est immense dans la situation actuelle. C'est ce que redoute désormais le marché.
Une fragilité persistante
Voilà donc une nouvelle fois l'Europe menacée d'une crise bancaire. Deux mois après une série de tests de résistance menés par la BCE en tant que superviseur qui assurait que «le secteur bancaire montre une meilleure résistance» aux chocs. Il semble que ce jugement se soit révélé un peu trop optimiste. Et deux mois après le règlement très hâtif et sans doute temporaire de la crise bancaire italienne. En réalité, les banques européennes ne se sont jamais remises de la crise de 2007-2008. La gestion de la crise de la zone euro a été centrée sur une stratégie d'évitement d'une nouvelle crise bancaire qui a consisté à transférer une partie des charges incombant aux banques sur les contribuables et les ménages via l'austérité. Mais rien n'y fait : la fragilité du secteur persiste et menace le reste de l'économie.
A qui la faute ?
Pour expliquer cette situation, beaucoup évoquent deux éléments qui affaiblissent les banques : la faiblesse des taux d'intérêt et le «carcan réglementaire» croissant. Mais c'est oublier deux éléments importants : c'est la déréglementation, pas la régulation, qui a causé la crise financière de 2007-2008. La régulation n'est sans doute pas agréable pour les banquiers, mais elle ne pose problème que parce que - et de ce point de vue Deutsche Bank est un exemple typique - les modèles économiques des établissements financiers et la gouvernance des banques rechignent à s'y adapter. Cesser de promettre une forte rémunération aux actionnaires pour éviter de distribuer le capital serait une première étape. Quant aux taux bas, c'est oublier qu'il existe un moyen aisé de compenser leur effet négatif : prêter davantage. Compenser la rémunération par le volume. C'est le but de cette «répression financière» orchestrée par les Banques centrales. Et c'est ce que les banques, principalement les grandes banques d'investissement, peinent à réaliser.
La financiarisation à outrance
Ces deux faits soulignent combien les maux du système bancaire ne sont qu'une partie d'une maladie plus globale, celle du fonctionnement de l'économie. Dans son intervention prononcée lors d'un colloque qui s'est tenu ce jeudi 29 septembre à Nanterre, l'économiste Michel Aglietta a donné quelques indices de cette maladie dont les sources remontent à une époque antérieure à la crise de 2007. Depuis plusieurs décennies, le taux d'investissement recule dans les pays avancés, sous l'effet des évolutions technologiques et de la nouvelle division mondiale du travail. La baisse de ce taux d'investissement a conduit à un surplus d'épargne qui a été réinvesti dans le secteur financier. Lequel a développé, encouragé en cela par la dérégulation, des moyens «internes» permettant d'offrir des rendements importants. La sophistication des produits financiers et la gestion des entreprises centrées sur les rendements pour les actionnaires ont alors rendu l'investissement dans l'économie réelle encore moins attirant. Plutôt que d'investir, on a préféré baisser les coûts de production. Une stratégie qui a conduit à un ralentissement de la productivité.
L'absence de réflexion sur le modèle économique des banques
Longtemps, ce phénomène a été dissimulé par la croissance émergente et par le gonflement de l'activité financière. Mais lorsque la crise de ce système est survenue en 2007, le moteur financier a cessé de tourner et les banques se sont retrouvées sous la dépendance des Banques centrales. Leurs «sauvetages» par les Etats ont aggravé alors la situation, car ils n'ont pas été accompagnés d'un changement de modèle économique des établissements financiers, mais seulement d'un «ajustement» par la baisse des coûts et par la réduction de l'exposition au risque, notamment dans l'économie réelle. Il est vrai que la crise a mis à jour la faiblesse de la demande, conséquence du sous-investissement et de la financiarisation des années 2000. La demande d'investissement était alors trop faible et les risques liés à cet investissement trop élevés pour encourager un retour vers l'économie réelle. Beaucoup de grandes banques ont donc continué à fonctionner «comme avant», mais sans la croissance des années 2000. C'est le cas de Deutsche Bank qui se retrouve en 2016 avec un bilan construit pour une économie du type de celle de 2005. Ce décalage temporel risque de lui coûter fort cher.
L'erreur des Etats
Parallèlement, les Etats ont encore aggravé le phénomène dans leur volonté de préservation des banques. Sauvés directement en 2008-2009, les établissements financiers ont été sauvés une deuxième fois indirectement en 2010 en zone euro. On se souvient des pressions de la BCE et de l'UE sur les autorités grecques, irlandaises, portugaises et espagnoles pour éviter que les banques subissent des pertes trop fortes sur les dettes souveraines. Mais le coût a alors été transmis à l'économie réelle par l'emploi violent et simultané de l'austérité budgétaire et d'une politique de «réformes structurelles» visant à améliorer la compétitivité par les coûts. Dès lors, la demande a encore davantage reculé, alors que le ratio de dette publique, lui, s'envolait en raison de la croissance faible. Faute de demande, il y a eu encore moins d'investissement. Donc moins de productivité. L'avenir demeure désespérément incertain, limitant encore l'investissement. C'est ce que Michel Aglietta appelle la «tragédie des horizons» : le taux d'intérêt naturel baisse régulièrement, rendant la rentabilité de l'économie toujours plus problématique. Dès lors, la capacité des banques à compenser la faiblesse des taux par les volumes - quand elles le voudraient - est très limitée. D'autant que cette politique a, dans les pays sous austérité, grevé les bilans d'un stock immense de créances douteuses qui n'ont pas pu être effacées des bilans par la croissance...
Inventer un nouveau secteur bancaire
Les erreurs de gestion de la crise, qui se poursuivent, ont donc continué à faire du secteur bancaire un point faible du système économique. La politique économique menée depuis 2007 a maintenu un excès d'épargne considérable, alors précisément que l'épargne ne finance plus ou presque plus l'investissement. Le secteur bancaire est donc condamné à «faire tourner à vide» une finance internationale plus que jamais déconnectée de l'économie réelle. Et donc à en subir les périls. Ce cercle vicieux ne peut être brisé que par une vraie relance de l'investissement par le seul acteur économique qui peut dépasser les craintes de l'avenir, autrement dit la puissance publique. Le financement de cette relance par les Banques centrales paraît le seul moyen de redonner un élan à l'investissement. Il devra s'accompagner cependant d'une vraie réforme du secteur bancaire afin de le réorienter davantage vers le financement de l'économie réelle. La financiarisation de l'économie a conduit à la situation actuelle, il faut donc la renverser. C'est pourquoi, plus que jamais, le problème n'est pas la régulation, c'est bien une part de la solution. La question n'est pas de savoir s'il faut sauver ou non une banque, mais si ce sauvetage est utile ou non à l'économie. La crise de Deutsche Bank pourrait permettre d'en ouvrir le débat.
R. G.
In latribune.fr


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