Comme chaque année, à la veille du Mawlid Ennabaoui Echarrif, les déflagrations des pétards de différents modèles se font entendre partout, dans les maisons, la rue et même dans les établissements scolaires. Les produits pyrotechniques connaissent un engouement chez les enfants et adolescents. Cette forte demande aiguise l'appétit vorace de certains importateurs qui en inondent le marché, frauduleusement, foulant ainsi l'interdiction d'importation de ces produits dangereux. Idem pour les vendeurs informels qui écoulent cette marchandise. Ni les sanctions contre l'importation et la commercialisation ni les saisies opérées par les différents corps de sécurité ni les campagnes de sensibilisation n'arrivent à mettre un terme au commerce et à l'usage de ces produits. On assiste, comme chaque année, à ces explosions qui provoquent parfois des accidents graves aux enfants. Plusieurs quartiers d'Alger se sont transformés en à un marché de gros de ces produits, dont les prix oscillent entre 50 et 3 000 DA. Selon la directrice de la coopération et des enquêtes spécifiques au ministère du Commerce, Dounia Kaci Chaouche, le décret 63-291 du 2 août 1963 stipule clairement l'interdiction de la fabrication, de l'importation et de la vente sur le territoire national des pétards et tout article pyrotechnique. «Mais si on retrouve ces produits sur le marché, il faut savoir qu'ils sont issus de la contrebande», a-t-elle souligné lors d'une déclaration à la presse. Pour leur part, certains parents qui se plaignent de la cherté de la vie, n'hésitent pourtant pas à payer à leurs enfants des pétards à des prix très élevés. «C'est vrai que je ne devrais pas, mais je ne peux pas priver mes enfants de la fête. J'ai acheté pour 5 000 dinars de pétards, ambiance oblige», nous confie Mohamed, rencontré devant un étal dans le quartier populaire de Belouizdad où une grande effervescence règne, jeunes et moins jeunes s'y approvisionnent pour la circonstance. Une mère de famille rencontrée à Bab El Oued nous raconte : «L'année dernière mon petit-fils a été blessé au niveau de l'œil, en jouant avec ses amis du quartier avec des pétards. Il a été hospitalisé pendant 20 jours, son cas était très critique, heureusement qu'il n'a pas perdu son œil et que les médecins ont réussi à le sauver.» Et d'ajouter : «Je refuse carrément d'acheter ce genre de produits qui peuvent provoquer à nos enfants des accidents très graves, vaut mieux fêter El Mawlid dans une ambiance conviviale avec la famille, sans dangers comme on le faisait traditionnellement.» Le scénario des accidents dus aux pétards se reproduit chaque année lors de la fête du Mawlid Ennabaoui Echarrif. Des textes de loi interdisent l'importation et la vente des produits pyrotechniques, des saisies sont opérées, mais on en trouve encore et toujours sur le marché, même si les quantités baissent, ce qui ne fait que hisser le prix de vente. Jusqu'à quand devrions-nous tolérer de telles atteintes à la santé et la quiétude des citoyens, en plus du manque à gagner pour le Trésor public ? Pourtant, les effectifs des services de sécurité sont plus que suffisants pour mettre un terme définitif à ce fléau. F. O.