Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Mohammad Barkindo a indiqué que l'Organisation tentait de mettre sur pied un mécanisme de coopération avec les pays producteurs n'appartenant pas au cartel afin de ramener la stabilité sur les marchés. Le plongeon des cours du brut depuis la mi-2014 a entraîné une baisse très forte des investissements, évaluée à «plus de 300 millions de dollars en 2015 et 2016», ce qui n'a plus permis de répondre aux demandes futures du secteur énergétique, a-t-il déclaré lors d'une intervention devant le Centre des études internationales et stratégiques (Csis), un think tank basé à Washington. «Les ministres de l'Opep ont décidé qu'il était temps d'agir», a poursuivi M. Barkindo. Les pays producteurs de pétrole ont conclu samedi dernier à Vienne un nouvel accord de réduction de la production, associant au pacte de limitation conclu, en novembre dernier, entre les membres de l'Opep et des pays producteurs extérieurs à l'Organisation afin de consolider la remontée des prix. Onze pays producteurs non membres de l'Organisation se sont ainsi engagés à diminuer leur production de 558 000 barils par jour (bpj). La Russie sera le plus important de ces contributeurs. Elle abaissera son offre de 300 000 bpj. Les autres pays devant participer à l'effort sont le Mexique, le Kazakhstan, la Malaisie, Oman, l'Azerbaïdjan, Bahreïn, la Guinée équatoriale, le Soudan du Sud, le Soudan et Bruneï. Ces pays devront procéder à un ajustement de leur production à travers une baisse maitrisée, et ce à compter du 1er janvier 2017 pour six mois renouvelables dans le cadre d'un programme accéléré, en tenant compte les conditions actuelles du marché. «C'est la première fois que cela arrive entre nous et des pays non membres de l'Opep», s'est félicité le Nigérian, saluant le niveau d'engagement «exceptionnel» atteint à Vienne. M. Barkindo a dit espérer que cette coopération «puisse poser des bases solides pour une nouvelle plateforme globale des pays Opep et non-Opep». Celle-ci «permettra de créer un cadre structurel et d'avoir une coopération et un dialogue permanents afin de minimiser les effets des cycles sur les prix, en particulier la volatilité». Le secrétaire général de l'Opep a également souhaité renforcer le dialogue entre le cartel et les Etats-Unis, l'un des partenaires importants de l'Organisation et l'un des plus grands producteurs d'hydrocarbures au monde, qui a bénéficié ces dernières années de la révolution du gaz et du pétrole de schiste. D'après l'Agence d'information sur l'énergie (Energy Information Administration ou EIA), la production pétrolière aux Etats-Unis s'élevait en août à un peu plus de 8,5 millions de barils par jour en moyenne. En prenant en compte les autres «hydrocarbures liquides», les Etats-Unis affichaient une production de 12,2 millions de barils par jour, indique le rapport de l'AIE. B. A./Agences Encadré 1 Koweït, Qatar et Emirats confirment la réduction de leur production Le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis, membres de l'Opep, ont confirmé la réduction, à partir du 1er janvier, de leurs offres respectives, conformément à la décision du cartel de réduire sa production pour soutenir les prix. Le conglomérat public Kuwait Petroleum Corp (KPC) a annoncé mardi avoir informé ses clients que le volume de ses exportations allait baisser à partir de janvier en application de la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). La KPC n'a pas précisé la part du Koweït dans la réduction totale de l'Opep. Mais la presse locale a indiqué qu'elle était d'environ 130 000 barils par jour (bj), sur une production nationale de quelque 3 millions de barils par jour (mbj). A Doha, Qatar Petroleum a fait une annonce similaire. «Nous avons commencé à informer nos clients des réductions attendues dans nos livraisons de pétrole pour confirmer l'engagement de l'Etat (du Qatar) à se conformer aux nouveaux quotas de production», a déclaré Saad Cherida Al-Kaabi, président de cette compagnie publique. Aux Emirats, la compagnie publique Adnoc avait annoncé dès samedi qu'elle allait se conformer aux décisions issues de la réunion de l'Opep. La compagnie émiratie produit quelque 3,15 mbj. L'Algérie par le biais de son ministère de l'Energie a, quant à elle, instruit l'Agence de régulation des hydrocarbures (Alnaft) de faire procéder par les contractants de gisements d'hydrocarbures liquides à une réduction totale de leur production d'hydrocarbures liquides de 50 000 barils par jour à répartir équitablement entre tous les contractants, et ce, à compter du 1er janvier 2017 pour une première période de 6 mois. «Cette période pourrait être reconductible», selon le ministère de l'Energie. Encadré 2 La production non-Opep stimulée par la remontée des prix en 2017 La perspective de prix du pétrole plus élevés en 2017 devrait pousser les pays extérieurs à l'Opep à pomper plus de brut qu'anticipé l'an prochain, a estimé, hier, le cartel pétrolier. La production de ces pays devrait croître de 0,30 million de barils par jour (mbj) pour atteindre 56,50 mbj l'an prochain, après un repli de 780 000 barils par jour à 56,20 mbj. Cela s'explique principalement par des attentes plus élevées en matière de prix pour 2017, a expliqué l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son rapport mensuel. En outre, le rapport a mis l'accent sur l'augmentation, en novembre dernier, de la production mondiale qui a atteint 96,84 mbj, soit 0,53 mbj de plus par rapport au mois précédent. A elle seule, l'Opep a pompé à un niveau record de 33,87 mbj. Quant à la demande, elle a été révisée en légère hausse : elle devrait croître de 1,24 mbj à 94,41 mbj en 2016, puis de 1,15 mbj à 95,56 mbj l'an prochain, a indiqué l'Organisation. Encadré 3 Le pétrole recule, après la publication des chiffres de l'API Les prix du pétrole cédaient du terrain, hier en cours d'échanges européens, les premières évaluations hebdomadaires sur les réserves de pétrole aux Etats-Unis faisant état d'une hausse inattendue qui remet en exergue la surproduction mondiale. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 55,08 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 64 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI), pour le contrat de janvier cédait 70 cents à 52,28 dollars. Après avoir atteint lundi des niveaux inédits depuis plus d'un an, les cours de l'or noir reculaient après la publication d'estimations de l'institut professionnel American Petroleum Institute (API), selon lequel les réserves américaines de pétrole auraient augmenté de 4,7 millions de barils la semaine dernière.