Le redoux, avec ses vertus émollientes, finira bien par briser la chape de neige qui semble avoir donné quartier libre à la production agricole. Encore qu'il serait plus juste de parler plutôt d'approvisionnement et commercialisation des produits genre fruits et légumes. Avec toutes ces routes coupées à la circulation et le verglas qui gèle les champs, le mieux est d'attendre que le redoux s'arme de courage et pointe le nez. Mais attention, compréhension n'est pas absolution. Le résultat, c'est visible à l'œil nu, est une flambée hivernale bien trop chaude pour la saison. Comme quoi, les prix peuvent flamber par zéro degré et même en dessous. Qu'est-ce qu'on fait, en attendant ? Pour une fois que les services de l'Etat ne peuvent pas être directement incriminés (ce n'est que partie remise), les consommateurs peuvent faire comme les agriculteurs et prendre leur mal en patience. On reprendra le débat sur les prix, démesurés, échappant à tout contrôle et dégarnissant chaque jour un peu plus l'assiette du pauvre, dès que la météo aura cessé sa production stakhanoviste de BMS (bulletin météo spécial). Car, à ce moment-là, et vu que «si c'est flou, y a un loup», les loups sortiront de nouveau du bois. Et ce sera pour reprendre leur travail de carnassiers : saigner aux quatre veines le pauvre consommateur sans que personne ne puisse les effrayer. Les prix sont libres, qu'ils disent du côté des pouvoirs publics. Les loups sont partout. Quand ils ne vident pas les bergeries, ils font un autre job qu'ils affectionnent pas mal. Ils hurlent avec…les loups et ça fait toujours une sinistre et lugubre sonnerie aux morts. D'après le ministre de l'Intérieur, les affrontements entre bandes rivales dans les cités ne peuvent pas être considérés comme une guerre pour l'appropriation des espaces publics par des meutes de loups. Non, ceux qui font du tapage et du grabuge dans des cités abimées dès qu'elles sont occupées sont des petits jeunes qui se sont affranchis de toute autorité parentale. Et qui n'accordent pas plus d'importance à celle de l'Etat. C'est du moins le sens de sa réponse, jeudi dernier, à une question de sénateur. Bien d'accord avec M. Bedoui. Mais alors ne pas oublier que ce sont les louveteaux qui, en grandissant, deviennent des loups avec des crocs acérés dans des museaux salivant sur tout ce qui peut rapporter. De toute façon, les forces de l'ordre s'en occupent et on peut leur faire confiance. Seulement, il y a une autre question, toujours en rapport avec les canidés carnassiers, qui continue de rendre perplexe et d'obscurcir les schèmes de notre processus de pensée. L'année dernière, deux ministres de l'actuel gouvernement et sur le dos desquels les gens avaient trop pris l'habitude d'«essuyer le couteau» ont fait une circulaire à toutes autorités concernées. Le but du texte réglementaire : interdire la pose anarchique des ralentisseurs, autrement appelés aussi «dos d'âne». Hélas, le massacre, loin de s'arrêter, continue de plus belle. Et partout, au vu et au su des représentants de l'Etat pourtant invités à y mettre un terme. Cette affaire commence à devenir floue. Et quand ça devient flou, c'est qu'il y a un loup. Ou peut-être des meutes entières de loups. Seule solution, une battue à l'échelle nationale. A. S.