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Babaammi conteste les prévisions du FMI et de la BM sur la croissance en Algérie Affirmant que les analyses des deux institutions «ne sont pas très réalistes»
Le ministre des Finances, Hadji Babaammi, a contesté, hier à Washington, les récentes analyses du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) qui prévoient dans leurs derniers rapports annuels un ralentissement de la croissance économique en Algérie en 2017. Le FMI a abaissé ses prévisions de croissance pour l'Algérie à 1,4% en 2017 et à 0,6% en 2018 après un rebond de 4,2% en 2016, alors que la BM a tablé sur des projections de 1,5% en 2017 et 0,6% en 2018. «Les prévisions du FMI et de la BM ne sont pas très réalistes parce qu'elles ne tiennent pas compte de l'ensemble de la réalité économique du pays», a argué le premier argentier du pays dans une déclaration à l'APS à l'issue de sa participation aux réunions de printemps de ces deux institutions de Bretton Woods. Le ministre expliquera que ces prévisions étaient basées sur une réduction des dépenses d'équipements, un des moteurs de la croissance économique en Algérie, alors que le niveau de ses dépenses va se maintenir à un niveau élevé en 2017 et pour les trois années qui vont s'en suivre. Chiffres à l'appui, le ministre a précisé que les dépenses d'équipements ont augmenté de 2 500 milliards de dinars (mds DA) en 2014 à 3 100 mds DA en 2015 et ont légèrement reculé à 2 800 mds DA en 2016. Il est aussi important de souligner, a poursuivi le ministre, que les effets des dépenses de 2016 en termes de croissance devraient se poursuivre en 2017, ajoutant que ce niveau élevé de dépenses donnait aux entreprises un plan de charge suffisant qui leur permettra de continuer à travailler et à créer de la richesse. En conséquence, la commande publique va rester à un niveau élevé de 2 300 mds DA pour les trois prochaines années, a-t-il relevé. M. Babaammi a indiqué avoir discuté à Washington de ces prévisions avec les spécialistes de la BM qui ont confirmé qu'effectivement, «l'effet des dépenses d'équipements consentis en 2016 va se poursuivre cette année». Le ministre a tenu à préciser, à ce titre, que «la dépense publique n'est pas le seul» moteur de croissance en Algérie à laquelle le financement bancaire contribue également, notant que les crédits à l'économie, dont 70% sont destinés à l'investissement, ont augmenté de 16% en 2016. Toutefois, le ministre n'écarte pas une baisse de la croissance du fait de l'ajustement budgétaire opéré à moyen terme, mais «pas autant» que les prévisions du FMI et de la BM. Le ministre expliquera que les réductions du déficit public attendues à moyen terme sont aussi le résultat d'une réorientation des ressources financières sur le marché, qui va permettre aux entreprises de capter plus de financements bancaires pour leur développement. Il s'agit de réduire l'intervention du Trésor public sur le marché en laissant plus de ressources financières aux entreprises. «C'est en droite ligne avec le nouveau modèle de croissance qui va permettre aux entreprises de prendre le relais, en leur donnant les moyens de leur développement. Il ne faut pas que l'Etat prenne une grande partie du financement bancaire», indiquera-t-il. La réduction de l'intervention du Trésor public sur le marché devrait se traduire, par ailleurs, par une diminution de la dette interne, un autre point positif à mettre sur le compte des nouvelles mesures prises par le gouvernement pour l'ajustement des dépenses et recettes après la chute des cours de pétrole. M. Babaammi ne partage également pas l'avis de la BM et du FMI qui estiment que l'Algérie était en mesure de réaliser des taux de croissance élevés si elle ne réduit pas beaucoup ses dépenses budgétaires et qu'elle opte pour l'endettement extérieur en cas de manque de ressources. Le ministre dira que la politique du gouvernement consistait à simplement adapter le budget de l'Etat en fonction des ressources disponibles sur le marché sans recourir à l'endettement. Et étant donné que le marché est limité, l'Etat réduira l'intervention du Trésor public pour laisser plus de ressources aux entreprises. Le ministre précisera cependant que l'autorisation accordée à Sonatrach et à Sonelgaz de lever des fonds à l'international pour le financement de leurs projets d'investissements était «toujours valable», mais les autorisations de financement à l'international seront étudiées au cas par cas par le gouvernement. Actuellement, les deux Groupes parviennent à financer à fonds propres leurs vastes programmes d'investissements. R. E.