Après l'élection du président Bouteflika à un troisième mandat, les répliques n'ont pas tardé dans le champ politique, dans la mesure où tous les acteurs, plus ou moins importants, devaient tirer des conclusions et dresser des bilans tournés vers l'avenir. Pour ceux qui en ont. La première grosse réplique secoue le MSP, fidèle à ce qui est devenu la marque génétique de la majorité des formations politiques depuis la Constitution de 1989. La dissidence est affichée à l'intérieur de la construction élaborée par le défunt M. Nahnah qui fédérait des franges de la bourgeoisie commerçante et des courants proches des Frères musulmans essaimés dans un monde arabe radicalement transformé par l'invasion de l'Irak, la résistance du Hezbollah libanais et du Hamas en Palestine. Une scission de plus, un «redressement» à la hussarde, des grognes sans fondements idéologiques ou politiques ne modifieront en rien le quotidien des Algériens, de plus en plus indifférents et éloignés de la militance à la base des partis. La deuxième réplique traverse les oppositions démocratiques dispersées, rivales, avec des parcours fortement contrastés et parfois obstacles à de vrais rapprochements. Le FFS et le RCD, à fleurets mouchetés, esquissent, chacun dans sa logique historique, des approches plutôt en direction de l'opinion publique au moment où M. Benbitour, un ancien compagnon de route de M. Bouteflika, se met au service de la République et de la démocratie, juste pour servir le pays et lui être utile. Au FLN, des remous le plus souvent artificiels agitent le parti de la libération du pays. Ce qui est une habitude depuis l'indépendance et même avant celle-ci. Du presque nouveau ou encore de l'ancien déjà- vu à l'intérieur d'un pluralisme où tout se noue et se dénoue dans les hauteurs des appareils, trop loin des masses et surtout des jeunes et des femmes ? Ces dernières, dans les champs politique, culturel, social et associatif sont toujours dépendantes des hommes qui gouvernent ou dirigent l'opposition. Sur leur dos, il y a un consensus masculin dur comme fer. Wassila Tamzali et Louisa Hanoune, à elles seules, ne feront pas le printemps de l'égalité des sexes en Algérie. Pendant que les microcosmes s'agitent, le président de la République, après la prestation de serment, sera face à son destin, seul, car il a bien tenu à marteler avant sa victoire qu'il était indépendant. La constellation de courtisans, de chasseurs de rentes, de postes et de subventions, ne songe qu'à durer alors que les réels problèmes sont sur la table. Les investisseurs étrangers «s'inquiètent» des nouvelles dispositions algériennes quant à leur marge de manœuvre, le G20 dans lequel l'Arabie saoudite représenterait la «Oumma» virtuelle redessine l'économie mondiale, etc. Ces problématiques, le logement, le plein emploi, le coût de la vie dans lequel la sardine et la patate font bon ménage à la hausse, l'absence d'une diplomatie culturelle hardie et compétitive ne disent rien aux dissidences, aux «redresseurs», aux gardiens d'une morale prise en charge par des charlatans satellitaires conquérants. M. Bouteflika a une vision complète du tableau Algérie aux plans interne et externe. Durant ses deux précédents mandats, il a encore cumulé l'expérience des hommes et des choses en mesurant la force de frappe des prédateurs, des requins, des sans diplôme qui pérorent, des incompétents qui brouillent les cartes et des «rois fainéants» sans sceptre. Et comme personne ne lui fera l'injure de ne pas aimer son pays et ne pas lui vouloir un destin démocratique où chacun pourra vivre libre, s'exprimer sereinement et gagner dignement sa vie, il sait les enjeux et les défis qui l'attendent. Il est à la manœuvre pour écrire de grandes et belles pages pour le pays, en dehors des sectes et des mécanismes rouillés depuis longtemps. A. B.