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Les restos de la rahma investis par de nouvelles catégories sociales
Foyer de la SNTF UGTA de la rue Hassiba Ben Bouali
Publié dans La Tribune le 29 - 08 - 2009

Derrière les restaurants de la rahma se cachent de nombreuses histoires de vie. Chaque personne qui y vient a une histoire à raconter, parfois même poignante. Des histoires sur les conditions de vie qui sont pour beaucoup dans la fréquentation de ces endroits. De plus en plus de catégories sociales qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins, vu la cherté de la vie, frappent aux portes de ces restaurants qui initialement étaient destinés aux couches les plus pauvres de la société. Mais aujourd'hui, des retraités, des chômeurs, des travailleurs venant de l'intérieur du pays, des anciens émigrés, et même des femmes franchissent le seuil de ces restaurants de la solidarité.
Au niveau de celui de la SNTF-UGTA, nous avons pu vérifier de visu cette situation peu reluisante qui raconte la dégringolade du pouvoir d'achat des citoyens, lesquels sans gêne aucune se ruent vers «ces restos du cœur», prenant ainsi la place de plusieurs centaines si ce n'est de milliers de véritables démunis qui, eux, n'osent pas fréquenter ces endroits, préférant rester dans l'anonymat pour préserver leur dignité.
Mercredi dernier, 17 heures. La rue Hassiba Ben Bouali où se trouve ce restaurant grouille encore de monde. Certains pressent le pas afin d'arriver chez eux à temps pour la rupture du jeûne, d'autres font des achats, tandis que beaucoup ne font que circuler pour tuer le temps. Devant le restaurant se forme déjà un petit groupe de citoyens qui attendent son ouverture. Ils se sont déplacés deux heures et demie avant pour s'assurer une place. Car seuls 300 tickets sont distribués, l'équivalent donc de 300 repas.
De plus en plus de femmes dans ces restaurants
Au fur et à mesure, le nombre de personnes augmente. Les premiers se sont carrément assis sur le seuil de la porte encore fermée. Ce n'est que peu avant 18 heures que le foyer s'ouvre. A l'entrée, les responsables distribuent les tickets aux citoyens qui prennent, un à un, place dans la grande salle ou sur la terrasse. Les femmes, une quinzaine, sont carrément installées dans une salle à part. Elles portent toutes des hidjebs et des niqabs, à l'exception d'une seule qui, la tête découverte, porte une djellaba. Parmi elles, des enfants très jeunes. Une table ronde est entièrement occupée par elles qui viennent d'un endroit d'Alger ou des régions reculées du pays. L'un des récits déchirants est celui de cette jeune fille de 29 ans, ayant le niveau de terminale, venue de Guelma, fuyant «des frères tyrans», selon son propre témoignage. Elle dit élire domicile dans la rue, après de nombreux déboires dans les centres d'accueil à Alger et Constantine. «Ce n'est pas facile d'errer dans les rues. Je ne souhaite à personne de se retrouver dans cette situation, surtout séparée de mes deux enfants qui sont dans une pouponnière.» Elle dit qu'elle n'est pas mariée, et nous comprenons donc qu'il s'agit d'une mère célibataire. Nous lui posons la question pour savoir si ce n'est pas la cause qui a poussé ses frères à la chasser du domicile familial, elle répond par la négative. Elle explique que son calvaire a commencé depuis que son père ne travaille plus, et que ses frères en avaient assez de la nourrir. «Ils vont même jusqu'à me tabasser», dit-elle encore. Mais depuis qu'elle a porté plainte et que la justice a prononcé la prison à leur encontre, son père s'est mis à les défendre et à la chasser bien qu'elle les ait sauvés d'un emprisonnement certain en leur pardonnant. Depuis, elle erre d'une rue à une autre à la recherche d'un gîte. Elle confie avec une note de regret dans la voix qu'elle veut reprendre ses études mais ce n'est pas évident dans la rue. Les autres femmes y vont chacune de son récit. Malika, ancienne émigrée de 58 ans, d'un père algérien et d'une mère palestinienne, explique qu'alors qu'elle était en visite en Algérie, on lui a volé ses papiers et, depuis, elle reste coincée. Son plus grand souhait, c'est de retourner en France car «je ne me plais pas ici». Une autre femme venue de Chlef, chassée par le terrorisme, dénonce le fait que le directeur d'un centre d'accueil à Blida l'a chassée après qu'elle eut été mise en pensionnat par le ministre de la Solidarité. Cela dénote, dit-elle, «l'écart existant entre les décisions de hauts responsables de l'Etat piétinées par de simples directeurs». Elle dit que ce n'est pas son choix d'être dans un restaurant de la rahma et que son désir le plus fou est d'avoir un logement et de préparer elle-même ses repas. Pendant que nous nous entretenons avec ces femmes sur les raisons profondes qui les ont poussées à venir manger dans cet endroit, un homme de passage, en retard, s'est mis à appeler les responsables pour qu'ils lui ouvrent. Trop tard, les portes sont fermées et il n'y a plus de place. M. Lezzam Hocine, économe adjoint du gérant de ce foyer, nous fait savoir que c'est pour permettre à tous de manger à l'aise et assis que nous distribuons un nombre limité de tickets. «S'il reste assez de nourriture, nous la distribuons aux retardataires qui viendront nous solliciter.»
Chômeurs, salariés et anciens émigrés…
Après les femmes, nous donnons la parole aux hommes dont chacun évoque la raison qui l'a poussé à venir au foyer de la SNTF-UGTA.
Un ancien émigré expulsé de France après 25 ans de vie là-bas, nous dit qu'il est seul en Algérie et qu'il vient de Maghnia. «Je ne peux pas faire autrement que de me rendre ici pour la rupture du jeûne.» Deux autres chômeurs nous racontent qu'ils n'ont pas «le choix non plus» et que, s'ils «trouvent un moyen de partir en harga, ils n'hésiteront pas un moment.» «Nous en avons marre de vivre des problèmes au quotidien.» L'un d'eux précise : «Si j'ai quitté la maison, c'est que j'en avais marre de dormir dans l'exiguïté. Nous vivons à 25 dans un logement de six chambres seulement, avec les oncles et tantes.»
Plus loin, un homme de 61 ans, habitant la Casbah, raconte qu'il vient ici parce qu'il est chômeur et qu'il ne peut pas se permettre de payer un restaurant. Si tel est le cas de ce dernier, il en va tout autrement pour un jeune qui dit ouvertement : «Dieu merci, je travaille mais je viens fréquemment dans ces restaurants en période de jeûne.» Sans nous laisser le temps de lui poser la question pourquoi il préfère le faire au risque de prendre la place des autres, il tourne les talons. Son salaire ne lui suffit-il pas ou s'agit-il simplement du souci de garder au chaud son argent ? Seul lui, en tout cas, connaît la réponse. Un autre vieillard nous confie, en esquissant un large sourire, qu'il vient pour le plaisir de rencontrer des amis et discuter.
La majorité des personnes qui se rapprochent de ce restaurant arrivent avec des sachets contenant une baguette de pain pour l'un, une bouteille d'eau minérale pour l'autre, un paquet de dattes …Tous ont pris leur place. Beaucoup lisent des journaux, histoire de passer le temps. D'autres regardent les programmes de la télévision nationale. A notre arrivée déjà, vers 18 heures, une visite dans la cuisine nous laisse entrevoir que l'endroit est propre. Le foyer dispose d'une chambre froide et de frigos où les aliments sont gardés soigneusement au frais. Une dizaine de personnes, hommes et femmes, s'affairent. Tout est déjà prêt. On commence à servir. Le muezzin appelle à la rupture du jeûne. A peine une datte consommée, les pratiquants se sont précipités dans un coin de la salle pour faire la prière en groupe, avant de reprendre leur place et manger. Au menu, une chorba-fric, de la purée accompagnée de viande de veau, une poire, et une bouteille d'eau dont beaucoup «ont dénoncé la péremption».
Si beaucoup se sont gardés de tout commentaire, d'autres ont donné des avis différents entre ceux qui ont dit que la nourriture «est bonne» et d'autres «pas bonne». Qu'à cela ne tienne puisque tous ces SDF, ces chômeurs, ces mendiants, ces salariés, retournent chacun à son gîte. Beaucoup d'entre eux, surtout les femmes, après un accueil chaleureux l'espace d'un moment, retournent à la rue dormir à la belle étoile, avec tous les dangers qui les guettent.
Une chose à retenir au niveau de ce restaurant, c'est que la solidarité se fait moyennant un salaire au personnel employé, au nombre de dix, qui fait des efforts pour une bonne prestation de services mais pas seulement aux démunis.
B. A.


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