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Les produits de la mer se font désirer
Port de pêche de Ténès
Publié dans La Tribune le 07 - 07 - 2008


Photo : S. Zoheir
De note envoyé spécial à Ténès
Ziad Abdelhadi
Ce n'est qu'aux environs de minuit que nous assistons donc au départ de la flottille sans pour autant prendre pied dans un sardinier ou autre chaloupe faute d'autorisation des autorités portuaires.
En moins d'une heure, les quais se vident et ne restent amarrées que les embarcations en panne et celles qui attendent une autorisation de naviguer ou bien des équipements en rapport avec leur tirant d'eau. Certaines sont restées à quai par décision de leur propriétaire arguant que les volumes de pêche sont de plus en plus maigres en cette période de l'année pour envisager une sortie. Selon des patrons de pêche ayant reporté le départ en raison du retard des marins pêcheurs, c'est la faiblesse des quantités pêchées qui a entraîné l'arrêt momentané de leur activité. «Un manque à gagner que nous ne saurons continuer à supporter», ont-ils souligné. Un jugement que ne partagent pas d'autres gens de la mer. Car, pour eux, la pêche telle qu'elle est pratiquée actuellement et continuera de l'être est derrière les faibles rendements.
La pêche côtière se pratique sans égards
Un phénomène qui n'est pas propre à la région de Ténès mais concerne aussi toute l'activité de pêche sur le littoral national.
A en croire des connaisseurs du domaine, «il fallait s'attendre à ce que nous pêchions de moins en moins de poisson en continuant à fréquenter les mêmes et uniques périmètres de pêche que nous ont indiqués nos prédécesseurs. La plupart des patrons de pêche ne prennent aucune initiative dans le sens d'aller dénicher d'autres endroits où le poisson est plus abondant. En clair, on se suffit à sillonner les mêmes latitudes géographique».
Mais pour combien de temps encore vont-ils procéder de la même manière ? Pour les connaisseurs, le risque de raréfier littéralement la faune aquatique sur ces aires maritimes est de plus en plus évident. On nous signalera que si le phénomène de la rareté du poisson se fait déjà ressentir au niveau du littoral de Ténès, il en sera certainement de même dans d'autres régions du rivage national. Cela est d'autant plus évident à partir du moment que la pêche côtière en Algérie a été de tout temps pratiquée le long du littoral national par une multitude d'unités de pêche allant de la petite barque aux embarcations de conception moderne, de différents tonnages, avec une grande diversité dans les types et niveaux d'exploitation mais sans pour autant mettre à profit de telles potentialités.
Le plus souvent, ils s'en tiendront à faire comme si leur rayon d'action et leur puissance de pêche sont des plus limités. Selon un chef mécanicien rencontré sur les lieux et interpellé sur le pourquoi de la faiblesse des quantités de poisson pêchées au niveau du port de Ténès, «l'activité de la pêche continue à se pratiquer, d'une manière générale, en deçà des 5 miles nautiques. En plus, dans le milieu on persiste à faire appel aux pratiques empiriques».
Sur ce dernier point, il arguera : «Nos marins pêcheurs n'ont pour la plupart pas reçu de formation. Toutes leurs connaissances et leur savoir-faire sont acquis sur le tas.» Une formation aussi congrue, qui ne permet pas d'aller de l'avant, se traduit sur le terrain de l'activité de pêche en Algérie par de piètres résultats. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des volumes de pêche faibles alors qu'il a été démontré que les ressources halieutiques sont importantes dans toutes les eaux territoriales sans parler de la haute mer où transhument les poissons migrateurs. Une riche opportunité qui, malheureusement, ne profite qu'aux étrangers. En résumé, dira notre interlocuteur sur un ton désabusé, «on continue de pêcher dans les mêmes endroits alors que la pêche peut être meilleure dans d'autres, car non encore exploités. Dès lors, il ne faut plus s'étonner devant les faibles quantités de pêche que ramène la flottille partie la nuit et de retour aux premières lueurs du jour». Nous le constaterons de visu dès les premiers accostages de sardiniers et autres chaloupes. Pour les habitués du port de pêche de Ténès et les acheteurs venant d'horizons divers, c'est le même topo. Les quelques caisses descendues des embarcations ne tarderont pas à trouver acquéreur.
Tirer de la pêche un maximum de profit
En ce matin, on s'aperçoit vite, une fois que la vente à la criée prend son départ autour d'une vingtaine de caisses de crevettes ou de poisson bleu, que le schéma conventionnel de commercialisation n'est pas respecté. Ce que confirmeront des responsables du port de pêche de Ténès, présents sur les lieux au moment du début des ventes. Un patron de pêche, dont l'équipage a réussi à glaner, après une nuit de dure labeur où il a fallu vaincre le sommeil et l'humidité de l'air marin, tout au plus 150 kg de crevettes, selon ses estimations, nous avouera : «Bien avant notre accostage, nous, patrons de pêche, nous faisons usage de nos appareils de téléphone afin de nous enquérir des prix pratiqués au même moment sur d'autres ports de pêche du territoire national. Cela nous permet aussi de savoir quelles sont les quantités pêchées de poisson blanc, très prisé par les restaurateurs en ce début d'été. Et de là nous accordons nos violons pour faire en sorte de nous aligner sur les autres endroits de négoce de poisson.» Nous avons aussi été témoins de pratiques commerciales tout à fait étonnantes et qui relèvent plus de la surenchère bien orchestrée que de la sacro-sainte loi de l'offre et de la demande. Deux cargaisons de mélange de poisson blanc, de qualité, de poids et de calibres identiques, distantes l'une de l'autre de quelques mètres, produit de pêche de chaloupes différentes, sont écoulées sans trop attendre avec une différence nette de 3 000 DA. D'un côté le cageot s'est vendu à 11 000 DA, de l'autre à 14 000 DA. Comment peut-on expliquer une telle différence de prix sur un produit de pêche similaire et sur le même quai ? La réponse nous viendra d'un détaillant, tout penaud de réaliser qu'il ne pourra se ravitailler en poisson, qui nous confiera : «Nous avons affaire à des acheteurs tout à fait sûrs qu'ils vont réaliser un bénéfice appréciable et cela quel que soit le prix du poisson acheté car ce sont généralement des ravitailleurs de grands restaurants et aussi de grands hôtels de la capitale. Ils restent indifférents aux prix demandés par les mandataires, leur objectif et non moins règle de conduite : acheter de la bonne qualité en y mettant le prix qu'il faut. Leurs clients sont intransigeants sur la qualité.» C'est ainsi qu'au bout d'une heure ils auront tout raflé. Sur les quais plus de poisson blanc ; seules quelques traces de cageots remplis de poisson bleu au calibre qui n'encourage guère la poignée de détaillants ambulants à prendre une décision. S'approvisionner au risque de perdre de l'argent ou tout bonnement espérer que l'offre sera meilleure demain.
Des volumes insignifiants et des prix inabordables
Ce n'est plus une hypothèse. C'est là une évidence qui se vérifie à longueur d'année et sur tous nos ports de pêche : le poisson est cher. «Ils le restera encore si l'on continue à faire dans la pêche empirique. Pour le rendre abordable aux petites bourses, notamment pour ce qui est du poisson blanc, il faudra que les gens de mer, particulièrement les professionnels, se décident d'élargir leur champ d'action pour parvenir réellement et continuellement à remplir leur soute et non faire grise mine au retour de leur sortie en mer.» C'est là l'avis de spécialistes dans le domaine. Reste à savoir si les gens de mer s'inscrivent dans cette perspective où chercheront-ils à rester avec les mêmes niveaux de pêche dans le but «inavoué» de faire perdurer la tension sur les produits de la pêche ? En d'autres termes, contenir l'envolée des prix. Quant à dire que la faiblesse des quantités de poisson pêchées est due au manque de matériel de pêche, à la vétusté de la flotte dont la moyenne d'âge est de 20 ans, et au nombre insuffisant de marins pêcheurs et professionnels, ce n'est là qu'un faux-fuyant. Il reste que la priorité de l'heure est de revoir radicalement nos techniques de pêche sinon à quoi servira de rajeunir la flottille de pêche avec des équipages en manque de formation. Sur le port de pêche de Ténès, on va continuer à se lamenter de ne pas pouvoir profiter de la richesse halieutique. Autant dire, enfin, que les marins pêcheurs et les consommateurs au faible revenu vont encore subir le diktat des propriétaires d'embarcation cherchant plus à maintenir la pression sur les produits de la mer que de se suffire de gains raisonnables.
Le mauvais temps ou la houle ne sont plus le seul handicap qui oblige les embarcations de pêche à rester amarrées dans le port de Ténès mais aussi l'effet d'esprit mercantile de professionnels qui n'ont d'autres objectifs que d'entretenir la tension sur les produits de la mer. Du côté de Ténès existent des pêcheurs prêts à changer la donne à condition qu'on leur en donne les moyens.


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