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Grand Moyen-Orient GUERRES OU PAIX ?de Hocine Belalloufi
Un regard algérien attendu sur un brasier régional
Publié dans La Tribune le 10 - 07 - 2008

Hocine Belalloufi n'a pas fait qu'écrire un livre. Il inaugure –si ma mémoire ne me fait défaut– une écriture sur des sujets brûlants dans notre pays qui ne connaissait que la tradition de l'écriture historique, que la tradition des enjeux déjà tranchés du passé, même si, vous le savez, le présent n'est qu'une forme développée du passé dans laquelle se prolongent les processus engagés hier. Risque bien grand mais risque assumé brillamment dans cette ouverture sur l'histoire se faisant encore hésitante aux abords des carrefours que dessinent les conditions réelles, les rapports de force, les tâches inachevées et les appels du présent. Le regard de Hocine Belalloufi se porte sur cette question qui agite notre région, le projet de Grand Moyen-Orient sorti des cartons états-uniens après la «réussite» de l'invasion de l'Irak, brièvement discuté avec les régimes arabes concernés, despotiques mais irremplaçables, qui surent trouver les arguments convaincants pour leur pérennité aux premiers résultas des élections démocratiques et en qui les Américains crurent trouver une seconde vie et la voie royale qui leur manquait avec l'agression israélienne contre le Liban qui se transforma en «6ème guerre». Les pronostics américains, israéliens et arabes, qui tablaient sur une victoire éclair d'un Israël réputé invincible et d'un désarmement du Hezbollah qui achèverait la déroute du nationalisme arabe, la fin du patriotisme dans la région et administrerait en une magistrale leçon de stratégie et de tactique militaires les preuves finales et définitives d'une supériorité d'un Etat d'Israël qui donneraient les preuves à postériorité de la sagesse de la reddition passée des Etats arabes devant la supériorité militaire et les preuves de la sagesse de toute reddition future. Condoleezza Rice, radieuse, annonçait l'accouchement du Nouveau Moyen-Orient et n'attendait plus qu'impatiemment que la violence, «cette accoucheuse de l'histoire», selon K. Marx, donne naissance au redécoupage politique tant rêvé de la région. Elle a appelé ce processus le «chaos créateur». La résistance libanaise ruinera projets et pronostics mais vous trouverez dans le livre de Hocine Belalloufi la lecture attentive et «armée» de cet épisode inaugural de ce qui devait être la marche tranquille et triomphante du GMO du Pakistan aux rives de la Mauritanie sous les applaudissements des peuples ravis d'avoir trouvé des maîtres indiscutables par leur stature. Lecture «armée», comme on dit, des expériences de laboratoires qu'elles ont armées c'est-à-dire soumises constamment à la validation de leur objet, la vérification de l'hypothèse, la mise en place d'un protocole de conduite et de vérification. Il existe bien des différences entre la conduite expérimentale en sciences de la nature et pour les sciences sociales mais les deux ne peuvent «parler» sans des validations épistémologiques.
La rupture libanaise
Hocine Belalloufi ouvre son livre sur cet épisode libanais d'une lutte et de conflits régionaux qui remontent loin dans les confrontations aux dix-neuvième siècle –déjà– de la Sublime Porte et des puissances coloniales montantes, France et Grande-Bretagne, en Méditerranée –encore !– pour la domination d'une région clé pour le commerce et les échanges vers l'Asie avant que le pétrole ne vienne mettre son odeur et ses inséparables parfums de sang. Il l'ouvre sur ce moment car –lisez le livre, il est passionnant de tous les points de vue– la victoire de la résistance libanaise ou l'échec de l'armée israélienne va provoquer une rupture. Une grande. Une immense rupture dans des processus de domination et de résistance confus, sans grande ligne générale hormis celle des défaites des régimes arabes nationalistes –pour quelles raisons de fond ?– suivies de l'émergence de nouveaux régimes inféodés aux USA ou le renforcement puis la domination des régimes arabes les plus anciennement soumis plus qu'alliés de l'impérialisme et dont l'Etat-phare reste incontestablement l'Arabie saoudite. La rupture libanaise met fin à la série des défaites visibles mais conforte aussi les petites séries de victoires politiques et militaires dont la libération du Sud-Liban de l'occupation israélienne ; petite série de victoires politiques, sociales, militaires qui n'accédaient pas à la visibilité par leur caractère parcellaire, leur discontinuité territoriale et temporelle, leurs fragilités et leur dispersion hors d'un champ arabe constitué de la résistance. C'est dire si cette victoire de la résistance libanaise était à la fois visible et porteuse, au moins aux niveaux émotionnel et symbolique et peut-être même de la conscience, d'une promesse fédérative, unificatrice, structurante sous la bannière d'une possibilité avérée d'infliger défaite et dégâts à l'ennemi. Vous suivrez dans le livre de Belalloufi la combinaison des facteurs historiques, politiques, militaires, stratégiques qui expliquent cette rupture dans ce qui apparaissait comme un processus inexorable de soumission d'une immense région vouée à être partagée sous le principe d'un peuple, d'une ethnie, d'une confession = un Etat et vouée à devenir ensemble de confettis sous l'hégémonie proche d'un Israël élevée en statue de la victoire et l'hégémonie lointaine d'une Amérique concentrant sa tendresse sur les champ pétrolifères.
L'écho lointain de l'histoire
Hocine portera pourtant un regard bien algérien sur cette ouverture de l'histoire. Un regard qui lui vaudra quelques haines solides dans l'establishment politique, quelques quolibets de roquets alertés d'un vague danger sur les certitudes de leurs sectes mais certainement beaucoup de reconnaissance des lecteurs en attente d'un éclairage sérieux sur cette phase historique marquée par la profusion des fausses identités politiques, des appellations de contrebande et du bonneteau idéologique. Alors qui est qui sur la scène ? Hocine reprend les appellations en cours, les classements lapidaires ou non, les forces en présence et examine dans le détail qui est qui ? Car, vous l'avez deviné, le principal obstacle pour comprendre la réalité de ce qui se passe, c'est d'abord les mots que nous mettons sur les choses pour les classer. C'est que, au plan national, dans la presse en particulier, le classement du Hezbollah comme parti islamiste a tendu à brouiller complètement le sens de ce qui s'est passé et de ce qui se passe toujours au Liban. Hocine est aussi un homme politique. Il y va avec d'infinies précautions pour agglomérer autour de cette idée d'une résistance possible des peuples aux plans et aux agressions impérialistes. Il ne veut choquer personne, alors il prend le temps et avec quelque tact pour expliquer que notre propre tragédie, notre propre expérience de l'islam politique et les discours qui en ont résulté ne peuvent rendre compte de la variété des courants islamiques et islamistes en œuvre dans le monde arabe. De longs développements sont consacrés à ce mystère politique qui s'appelle Hezbollah dont le discours, contrairement à son identité réclamée de Parti de Dieu, ne produit aucune des rhétoriques religieuses, développe un discours politique séculier et rationnel, appelle à des alliances non confessionnelles, s'allie avec les chrétiens de M. Aoun et avec les communistes, etc. etc.
Malheureusement, notre presse s'est faite aussi l'écho d'un danger chiite imminent sur l'Algérie au moment même où les pays arabes, Israël et les USA annonçaient que le nouvel ennemi dans la région, l'«ennemi mortel» c'est l'Iran. Le renversement d'alliance était spectaculaire. Trois pays, l'Egypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite, assumaient ouvertement ce renversement et lançaient une campagne pour faire passer leur message dans les masses arabes. D'ennemi, Israël devient l'ami. Mieux, il devient le bouclier contre les prétentions nucléaires de l'Iran, l'argument militaire dissuasif, voire le protecteur indispensable. Les USA veulent, avec l'aide de leurs amis arabes, généraliser la division sunnite-chiite expérimentée en Irak. La mayonnaise prend dans quelques journaux.
Les mêmes qui considéraient la conversion au chiisme comme un danger défendront la conversion de Habiba au christianisme comme un droit et un exercice de la liberté de conscience comme il avait auparavant mené campagne contre la venue de Majda Roumi comme le FIS avait mené campagne contre Linda de Suza. Vous ne trouverez pas cette vindicte chez Hocine, elle est juste dans mon article ; lui préfère expliquer, mettre dans les racines et dans les perspectives historiques mais je n'ai pas encore avalé le déchaînement de haine contre Majda Roumi venue dans notre pays en plein terrorisme et quand il était infréquentable.
Le critère de la pratique
La question du GMO nous concerne directement. Nous sommes dans cet arc «pétrolier» et la bande sahélienne qui va du Darfour au golfe de Guinée passe par nos frontières sud. Dans notre pays comme dans d'autres des fractions de la société algériennes peuvent souhaiter l'inclusion rapide de l'Algérie dans cet arc sous tutelle américaine. Elles en escompte une intégration aux centres du capitalisme et des moyens et des possibilités d'enrichissement rapide et sécurisé par le parapluie américain. Ce même phénomène de différenciation sociale a maturé dans le monde arabe depuis longtemps. Derrière la notion de monde arabe et d'arabes se profilent des réalités sociales extrêmement complexes, des conflits internes à ces sociétés qui durent depuis des décennies, des luttes sociales qui ont mis en prise des groupes et des classes qui ont construit comme ils ont pu et sur la base de leurs héritages culturels des représentations idéologiques et politiques.
Parfois même objectivement contraires à leurs propres intérêts mais les peuples n'apprennent pas les luttes politiques dans les académies. Ils font avec l'héritage des ancêtres et la dure expérience des échecs. Hocine va débrouiller pour nous l'écheveau des réalités sociales qui s'expriment dans les empoignades de cette région. Il va ramener cette embrouille des mots et des appellations à leur logique sociale. Celle qui éclaire réellement les choses qui se cachent derrière les mots car les mots justement ne les désignent pas mais les voilent pour jouer leur rôle d'idéologie. Mais les «hommes ne sont pas ce qu'ils disent mais ce qu'ils font» (K. Marx) et les hommes ne peuvent faire ce qu'ils font sans donner à leurs actes des justifications et des finalités qui rendent possible leur réalisation et les rendent désirables pour les autres hommes. Hocine y parvient admirablement, redonnant toute sa force à cet autre écrit de Marx et toute sa fraîcheur : «Si l'essence et l'apparence coïncidaient, alors on n'aurait pas besoin de science.» Hocine va faire ce travail de chercher l'essence des choses derrière leur apparence. C'est quoi l'Iran, qui sont les mollahs, pourquoi ce pays devient-t-il l'ennemi à abattre pour toutes les puissances impérialistes et cela fait-il de lui un pays réellement anti-impérialiste, avec ou sans limite et au profit de qui ?
La longue trame de l'histoire
L'âpreté des luttes actuelles autour de ce projet pas du tout abandonné mais re-profilé tactiquement en fonction des résistances a atteint des sommets. L'invasion de l'Irak et de l'Afghanistan, l'agression contre la résistance libanaise, la promesse de renvoyer l'Iran à l'âge de pierre après l'avoir fait en Irak montrent à quel degré de barbarie es arrivé le couple à trois : USA, Union européenne et Israël. Rien ne peut arrêter leurs plans sauf la résistance des peuples. Mais les peuples résistent-ils ? En apparence non, mais en apparence seulement. Hocine reprend à zéro la notion de lutte et de résistance. Il montre que le fait militaire ne peut se comprendre sans la politique et que le fait politique ne peut se comprendre sans les faits sociaux. Quel est le point commun entre une grève des ouvriers égyptiens, une lutte des travailleurs marocains, une manifestation des syndicats libanais, la défense des terres d'un village palestinien, la construction d'une organisation de guérilla libanaise ? Le fait qu'elles s'opposent à des orientations dictées de l'extérieur pour tuer toute capacité nationale de production, réduire nos pays à des marchés béants et pour accéder à nos ressources. Il le montre avec une exceptionnelle clarté. Et ces luttes ne sont pas visibles car elles ne situent pas dans un champ politique arabe unifié. Il reste à construire. Quel rêve, quelle utopie ! Pas si utopique si on apprend à voir le réel derrière les apparences et à prendre la pratique comme critère de vérité. Mais lisez le livre, vous en saurez plus long en plus du plaisir de la lecture.
M. B.
Grand Moyen-Orient GUERRES OU PAIX ? de Hocine Belalloufi – 2008 – Editions Lazhari Labter – 309 pages – 600 DA


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