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L'Algérie entre valeurs et identité (1er partie)
La mobilisation des jeunes autour de l'équipe nationale interpelle les responsables
Publié dans La Tribune le 26 - 11 - 2009

Dès la première victoire de l'équipe nationale de football, la mobilisation et la ferveur autour d'elle ont pris des proportions hors normes. Elles ont atteint des cercles infiniment plus larges que les cercles habituels des amoureux du foot et provoqué plus que l'intérêt passionné que suscite toute équipe nationale auprès du public. Le match retour contre l'Egypte ne doit pas nous faire oublier que le match aller n'avait pas généré plus de joie que les rencontres contre la Zambie et le Rwanda.
Cette deuxième manche contre les Pharaons et ses retombées émotionnelles, politiques et culturelles risquent d'altérer l'analyse de ce phénomène qui a saisi l'ensemble des Algériens dans le pays et la diaspora et d'obscurcir la lame de fond qui a entraîné toutes les couches sociales, toutes les générations, tout le pays jusqu'en ses points les plus reculés. Le phénomène est considérable. La comparaison avec la liesse de l'indépendance n'est pas seulement justifiée par l'ampleur du phénomène, son caractère inattendu et exceptionnel. La comparaison porte une signification en elle-même. Seule l'indépendance pouvait fournir un ordre de grandeur à quelque chose qui relevait et relève toujours de l'incommensurable. En soi, ce vécu exceptionnel nous interpelle pour le comprendre dans toutes ses significations et dans toutes ses portées.
De toutes les façons, les services de renseignements de tous les pays concernés mobiliseront, par les voies directes ou détournées qui leur sont habituelles, les centres de recherches et groupes de travail pour en dégager les leçons idoines. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre tout de suite que ce qui s'est passé a changé la donne «Algérie» et porte les germes d'une recomposition dans les rapports au monde arabe et islamique, voire avec la nébuleuse de l'islam politique et de ses stars «civiles». Ce lourd impact est clairement ressenti dans notre presse nationale.
Fin de l'arabisme à l'ancienne, fin de l'ascendant moral de certaines autorités religieuses comme El Azhar et El Qaradhaoui dont les gens auront compris que leur propension à s'ingérer dans nos affaires relève du même sentiment de supériorité manifesté par les élites politiques, culturelles ou médiatiques liées au régime de Moubarak et de la caste des oligarques qui tient l'Egypte en otage ? Retour du nationalisme, des sentiments patriotiques, fin de l'attraction de l'idée d'un califat unificateur du monde arabe et musulman dans la négation de l'Etat national et donc fin à terme du terrorisme par tarissement de ses sources idéologiques ? Rien ne peut assurer au-delà du constat que des tabous sont tombés et que des germes de changement sont apparus. Il en faut beaucoup plus et particulièrement un travail sur les pensées et sur les représentations que se sont construites les différentes couches sociales et les différents groupes culturels et politiques qui composent notre société. Les premières explications avancées par et dans la presse montrent déjà à l'envi que l'observateur ne voit d'abord et presque exclusivement que les faits qui entrent dans le champ de vision que prédéterminent son idéologie et son engagement. Pour être simple, notons que les courants habituellement attachés à notre identité arabe ont critiqué les intervenants égyptiens sur leur arabisme factice et «intéressé», leur soumission à Israël, leur complicité avérée dans tous les mauvais coups portés aux peuples et à la résistance arabes. Les courants opposés ont par contre exprimé du soulagement à la perspective de voir les Algériens couper enfin avec l'illusion arabe et revenir à leur identité berbère. L'agression égyptienne tous azimuts contre notre équipe, nos supporters, notre culture, notre histoire, nos symboles, c'est-à-dire contre notre être, peut devenir, dans une grille de lecture qui pose les bonnes questions, un puissant éclairage comme elle peut devenir une impasse épistémologique et nous fourvoyer dans un jeu de miroir dans lequel l'image que nous nous faisons de nous-mêmes ou que nous construisons devient une affirmation par opposition à un Autre, une affirmation par défaut. La lame qui a porté l'Algérie et son peuple dans cette irruption nationale nous resterait quant à son fond et nous en perdrions quelques bénéfices essentiels dans nos aspirations et dans nos efforts de construire une maison Algérie revenue de ses souffrances et de ses
malheurs.
Face à des situations compliquées, la solution est de revenir à ses éléments simples pour retrouver leurs combinaisons. Dans cette démarche, la meilleure attitude est de considérer que les excès égyptiens ont potentialisé une fermentation qui relevait d'un autre ordre que la confrontation Algérie-Egypte et que de toutes les façons cette fermentation aurait agi même si nous n'avions pas eu affaire à l'Egypte au cours de ces éliminatoires.
Une profonde blessure narcissique
Revenons à cette «mayonnaise» qui a pris dès les premiers succès algériens dans ces éliminatoires et revoyons comment elle a pris corps dans les faits et dans les mots des gens. D'abord les circonstances ! Quelques semaines avant le deuxième tour des éliminatoires beaucoup d'entre nous exprimaient une profonde inquiétude. Les événements de Berriane, de Djanet, ceux de Laghouat, de M'sila, de Tiaret indiquaient un effritement social, un recul de l'identité algérienne, une montée de l'identité tribale et ethnique. Le recours des responsables à la médiation des notables renforçait chez tous les patriotes les craintes d'une impuissance de l'Etat à endiguer cette poussée. La déclaration des tribus d'une région des Aurès, revenant au droit coutumier et instituant un «code pénal» et une «juridiction», avait mis à leur comble ces inquiétudes. Ce qui apparaissait comme un recul patent de la conscience nationale et du sentiment national s'accompagnait d'une campagne sans précédent de fermeture des bars. Cette fièvre de bigoterie tactique vouait l'Algérie à un enfermement dans la spirale d'un conservatisme social qui aggraverait les tabous, les interdits, les culpabilisations destinés à la jeunesse pour la mettre sur les chemins d'une vertu formelle. Le pays et les autorités semblaient sourds aux gémissements que constituent les vagues de harraga dégoûtés d'une vie sans perspectives de rêve et sans aération, car partaient aussi des diplômés, des fonctionnaires, des gens âgés. Avant que Yazid Zerhouni ne parle (mardi dernier seulement et il faut aussi réfléchir à ce timing et aux leçons éventuelles qu'aura tirées le pouvoir de la formidable mobilisation de notre peuple autour de son équipe et de son drapeau) de combattre la matrice idéologique -toutes les matrices idéologiques d'ici et de là-bas- il semblait bien que sur le front de la jeunesse, de ses loisirs, de son accomplissement, de ses espaces le pouvoir avait cédé aux pressions de la bigoterie de ses alliés islamistes et de ses propres conservateurs. Tous les échos, forcément parcellaires en l'absence d'études sérieuses, qui nous parvenaient de parents ou d'amis émigrés indiquaient leurs difficultés à assumer leur identité algérienne. Ça ne marchait pas. A l'Algérie s'associait cette image du sang, des massacres, du deuil que le terrorisme nous avait collée alors que la résistance sociale, culturelle, politique et militaire que nous lui avons opposée n'arrivait pas à se frayer les chemins de son expression et de son expression gratifiante à cause de facteurs de brouillage externes (ceux des Gèze, des Rivoire, des forces qui voulaient affaiblir l'état national pour mieux lui imposer leurs orientations et leurs «conseils» amicaux, etc.) mais aussi internes liés à une volonté de réconciliation qui a sacrifié la valorisation de cette résistance dans l'espoir de mieux convaincre les terroristes. Nous étions là à la veille de ces éliminatoires. Les émeutes de Diar Echems finissaient de convaincre d'un divorce définitif entre la jeunesse et le pouvoir et, pis, entre la jeunesse et le pays. Le pire résidait dans cette formule que les enfants de ceux qui étaient prêts à mourir pour le pays étaient prêts à mourir pour le fuir.
Les chaînes satellitaires de tous bords n'en finissaient pas non plus de nous renvoyer cette image négative et disqualifiante. Des auteurs algériens se sont mis de la partie pour formaliser un message diffus que nous n'avions que ce que nous méritions de nous avoir libérés de la domination coloniale.
Le terrorisme était le prix que nous étions prêts à payer pour la folie de nous croire aptes à construire un Etat (rapprochez ce message de ce qu'ont dit les médias égyptiens et une partie de la fureur algérienne s'expliquera d'elle-même). Une bonne partie de l'image que nous avons construite de nous-mêmes à la suite de nos malheurs se résumait à cela : «Nous étions incapables de quoi que ce soit en dehors de la violence et du sang.» Une image très dégradée. Ceux qui ont pu voir le reportage sur les femmes algériennes qui préparaient le visionnage en groupe du match Zambie-Algérie ont pu mesurer leur soulagement inexprimé de présenter à leurs enfants une image de l'Algérie capable d'autre chose, capable de gagner, capable de faire des choses. Il faut pour notre propre salut nationale ajouter que cette image d'incapables et de tarés a été ici même développée et nous a été jetée au visage par des ministres algériens. Il faut se demander si le pouvoir est conscient des ravages provoquées par certaines déclarations, réitérées, qui condamnaient notre secteur public, dépréciaient notre secteur privé, attendaient tout des étrangers et des IDE et rien des Algériens. L'irruption en force des orientations néo et ultra libérales nous renvoyaient en gros et en détail à un état de «colonisabilité» par nature. Quand nous étions en droit d'attendre de ces responsables qu'ils nous galvanisent, qu'ils nous offrent des ambitions nationales à la mesure des défis de la mondialisation, de l'industrialisation et de l'innovation, qu'ils nous poussent à nous surpasser, ils faisaient de nous des incapables. Cela mérite d'être dit pour rappeler combien le libéralisme est porteur de mépris pour les capacités des peuples à se construire des Etats autonomes et des avenirs de liberté et de dignité. La radio algérienne a lancé il y a une année ou un peu plus une grande campagne pour sortir les drapeaux à l'occasion d'une fête nationale : le 1er Novembre ou le 5 Juillet. Les gens n'ont pas suivi et encore moins les jeunes. La messe était dite : les jeunes n'aiment plus l'Algérie et les adultes aussi. Voici le tableau général. Il faut bien convenir que cette marée d'emblèmes nationaux, cette profusion de chansons pour l'Algérie d'une incroyable créativité, cette résolution d'aller à Khartoum, cette réactivité immédiate entre le pouvoir et la jeunesse (qu'on croyait définitivement divorcés) pour le pont aérien, ce bonheur algérien de Tindouf à Montréal en passant par Trafalgar Square et Marseille ont de quoi surprendre et expriment des réalités beaucoup plus profondes qu'un simple retour d'un patriotisme à décrypter dans sa nature et qu'on croyait perdu. Nous y reviendrons jeudi prochain.
M. B.


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