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Les plages algéroises, entre paradis et enfer
La capitale déborde de milliers d'estivants
Publié dans La Tribune le 17 - 07 - 2010


Photo : Riad
Par Fella Bouredji
Elles sont belles et pourtant souvent infréquentables. Elles font rêver et en même temps laissent bien des personnes sur leur faim. Les plages algéroises résument tous les paradoxes du pays, ballotté entre beauté et frustrations, modernité et précarité.
Promesses de détente et de vacances. Pour certains, c'est bel et bien une réalité, alors que pour d'autres, cela relève tout simplement d'une utopie. En plus des problèmes de propreté, de sécurité, de plaisir en bord de mer qui continuent à se poser comme chaque année, la question des concessions revient, elle aussi, sur le tapis avec ses tergiversations et ses ambiguïtés. Les plages continuent à attirer de plus en plus d'estivants et des centaines de jeunes chômeurs profitent de cette période de l'année pour se faire un peu d'argent.
Location de parasols, de transats, vente de produits alimentaires et d'accessoires de plage sont les mêmes prestations de services qui sont proposées chaque année, de façon clandestine ou légale. Et avec elles, le même dilemme qui pousse l'Etat à autoriser ou non l'attribution des concessions sur les plages. Faut-il attribuer des concessions sur les plages pour assurer une certaine forme de sécurité, d'organisation et de plaisir aux estivants tout en créant de l'emploi ou faut-il plutôt en garder l'accès gratuit pour tous ? Un mois après le lancement officiel de la saison estivale, il est difficile de répondre à cette question. Un flou total règne.
Dans certaines communes, les autorités ont opté pour la première voie, mais les jeunes plagistes à qui l'on refuse la concession ne désespèrent pas pour autant. Ils s'installent et défient toutes les tentatives d'intimidation, forts de leur sentiment de révolte contre l'injustice. Dans d'autres communes, les concessions ont été attribuées le plus normalement du monde, ce qui ne fait qu'accentuer le flou qui règne dans la concession des plages algéroises.
Les concessions, cette inextricable gestion
Azur-Plage. A peine le temps de jeter un regard en tour d'horizon qu'un groupe de jeunes entoure déjà le véhicule. «Parking, parking tournez à gauche», s'écrie l'un d'eux avant de préciser le prix : 100 dinars la place. L'ambiance estivale paraît plutôt calme en ce début de matinée et le soleil n'a pas encore atteint le zénith. La saison estivale est bien lancée et les plages algéroises semblent avoir retrouvé leurs habitués : des familles, des couples, des jeunes… Dès les premiers pas sur le sable, on reconnaît forcément les jeunes auxquels il faut s'adresser. Ils sont cinq sous un même parasol, et l'un d'entre eux se démarque autant par son teint basané très prononcé, sa tenue, petit short et banane autour du ventre, mais aussi le regard scrutateur annonçant la posture d'une personne maîtrisant parfaitement les lieux. «Quatre-vingt mille (centimes) le parasol, la table et les chaises», précise-t-il. Les apparences ne sont pas trompeuses, il s'agit bien du jeune qui loue les parasols, autrement dit le concessionnaire de la plage accompagné d'autres jeunes avec lesquels il a cotisé pour ce projet. Il montre du doigt le petit territoire sur lequel une vingtaine de parasols sur table ont été plantés près du rivage.
800 dinars pour une journée en bord de mer sans compter les 100 dinars du parking et les frais de boissons et aliments que la petite famille doit prévoir, c'est la somme à payer par jour. Une somme que les jeunes concessionnaires ont fixée pour pouvoir rentabiliser leur investissement. «Moi, je suis chômeur et j'habite dans le coin, donc j'attends chaque année impatiemment l'été pour pouvoir travailler et gagner un peu d'argent. On s'est installés depuis le mois de juin dernier même s'ils ont décidé de ne pas donner de concessions cette année. Il paraît que c'est le wali délégué qui bloque et non l'APC. Mais allez savoir ce qui se passe exactement autour de ces concessions qui, normalement, devraient être attribuées le plus normalement du monde.»
La gendarmerie a effectué une première descente à la fin du mois de juin et une seconde il y a quelques jours pour saisir tous les parasols appartenant aux prestataires de services clandestins. Ces jeunes désœuvrés mais néanmoins tenaces ont sauvé ce qu'il y avait à sauver et ont vu impuissants le reste leur échapper. Mais rien ne les a pour autant découragés. Dès le lendemain, d'autres parasols ont été installés au bord de la mer ; preuve que le risque d'une autre saisie ne semble pas perturber ces jeunes accrochés désespérément à cette opportunité de se faire de l'argent.
Même constat du côté de Palm Beach et à Sidi Fredj, à quelques différences près. Au niveau de cette dernière, sur le rivage de la Plage ouest, plus précisément, la pression est moins accentuée. Et c'est un jeune étudiant d'Alger qui, chaque, été s'installe sur la plage
pour gagner de l'argent qui l'expliquera : «Cette petite plage est beaucoup moins fréquentée que celle d'Azur et de Palm Beach, donc on a un peu moins peur des visites surprise de la gendarmerie. La dernière fois qu'ils sont venus saisir notre matériel, on a tout jeté derrière le mur, les transats et les parasols, et on a pu leur échapper. Depuis, on s'est réinstallés. On n'en est pas à l'abri, mais on essaye de gagner ce qu'on a à gagner en offrant aux estivants un peu de sécurité, un cadre agréable et des commodités.»
Aïn Taya, l'exception heureuse
Si un flou total règne sur les plages ouest de la capitale, ce n'est le cas sur la côte est, plus précisément à Aïn Taya. À la plage Sercouf et à Décaplage, les jeunes qui combattent chaque année le chômage sur les plages sont pleins d'assurance et de sérénité. Et pour cause, ils sont en règle. Au bord de la mer, ces jeunes qui proposent des parasols et des tables à 600 dinars tirent très rapidement leur autorisation dûment signée : une autorisation délivrée par l'APC de Aïn Taya donnant droit au jeune en question de louer des parasols sur la plage après avoir payé la somme de 2 000 dinars. Direction l'APC pour en savoir un peu plus. Le directeur technique de l'APC nous expliquera, au sein même du siège de l'APC d'Aïn Taya, que les concessions ont été attribuées le plus normalement du monde après dépôt d'un dossier. Il soulignera que, malgré un léger retard causé par la démission du receveur de l'APC, tout s'est bien passé entre les jeunes concessionnaires et l'APC. Même ceux qui n'ont pas encore pu avoir leur autorisation à cause de la démission du receveur ont commencé à activer sur les plages, en attendant leur régularisation qui devrait se faire sous peu. Situation qui soulève le paradoxe et encore plus de questionnements quant à la gestion de ces concessions attribuées par l'APC, chapeautée par la wilaya, et qui entrent aussi dans le cadre des responsabilités de l'APPL, l'Agence urbaine chargée de la protection et de la promotion du littoral algérois. Sur les rivages d'Aïn Taya, les gens profitent et les jeunes concessionnaires sont très sereins. «En dehors de la location de parasols, de tables et de chaises, on n'a pas le droit d'avoir d'autres activités ou de proposer d'autres services, notamment alimentaires, mais on est bien contents d'être à l'abri des mauvaises surprises de l'illégalité», explique l'un d'entre eux, conscient de sa chance par rapport aux jeunes des plages ouest de la capitale.
Du côté du centre, à Kettani, à Bab El Oued, la question ne se pose même pas. Pas de concession sur cette plage anciennement appelée R'milat Laaoued, devenue aujourd'hui «R'milat leklab à cause des nombreux jeunes qui amènent leurs chiens en balade», raconte un vieux du quartier.
L'APPL, loin de contenter ses employés
Pendant que cet homme qui semble connaître si bien Bab El Oued se laisse entraîner par des discours nostalgiques, des jeunes en uniforme bleu nettoient la plage. Ce sont les employés de l'Agence urbaine chargée de la protection et de la promotion du littoral algérois qu'on retrouve pratiquement sur toutes les plages de la capitale. Ils vont et viennent râteaux et pelles à la main, s'évertuant à ramasser tout ce qui traîne sur le sable, contents de s'être trouvé ce job d'été qui leur fait provisoirement oublier leur posture de chômeur. «On travaille toutes les matinées, parfois jusqu'à 14 heures. On a signé un contrat d'un mois et on espère le reconduire pour tout l'été», raconte l'un d'entre eux à Palm Beach.
«8 000 dinars par mois alors qu'on nous avait promis 15 000, mais on a signé des contrats en blanc», précise un autre employé de l'APPL activant, lui, à Bab El Oued. Pour peu qu'on les invite à parler, les employés de l'AAPL ne manquent pas de montrer qu'ils en ont gros sur le cœur. «Les salaires ne nous contentent pas, mais on n'a pas le choix, si on conteste, ils mettront d'autres à notre place», expliquent-ils. Depuis sa création, cette Entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC) sous tutelle de la wilaya d'Alger, créée par arrêté du gouvernorat du Grand-Alger du 25 avril 1998, recrute durant la période estivale des jeunes du quartier et même des pères de famille au chômage. L'APPL est en fait la première référence administrative en matière d'entretien des plages algéroises. Le périmètre d'intervention de l'agence se limite à la seule wilaya d'Alger, mais elle ambitionne de prendre une dimension nationale dans les années à venir.
L'APPL a compétence d'intervention au niveau du territoire des circonscriptions de la wilaya d'Alger, notamment au niveau de la zone côtière des communes littorales ; elle a pour mission principale de promouvoir, de protéger et de valoriser le littoral algérois.
Dans ce cadre, l'agence veille à l'application des dispositions réglementaires en matière de protection du littoral, fournit à la wilaya toutes les informations et documents relatifs aux atteintes à l'environnement, apporte toute l'assistance technique aux communes dans la gestion de la saison estivale, assure le gardiennage et l'entretien du port de pêche et de plaisance d'Alger, participe à toutes les campagnes de sensibilisation pour la protection de l'environnement, contrôle et suit la qualité des eaux de baignade pour un peu plus de détente et d'agréabilité à ces milliers de familles algériennes qui n'ont pas toutes les moyens de s'offrir des vacances à l'étranger, ou encore se louer des bungalows en bord de mer.
Les femmes, ces indésirables en bord de mer
Difficile d'être femme et d'avoir une envie de baignade, de bronzage et de détente dans la capitale.
57 sur les 83 plages que compte le littoral algérois sont autorisées à la baignade. Mais toutes ne sont pas pour autant accessibles facilement. Certaines font le bonheur de centaines d'estivants par jour, et d'autres restent un terrain réservé aux hommes, où très peu de femmes osent s'aventurer, et celles qui peuvent ne le font que voilées pour s'assurer un minimum de discrétion. Les citoyens de la capitale n'ont pas vraiment le choix pour cette saison estivale même si 53 est un chiffre censé être rassurant en termes de quantité. La qualité et la tranquillité qui peuvent en découler sont une toute autre histoire. Ali, père de famille, habitant à Birkhadem, donne son point de vue sur les plages algéroises : «Je ne suis pas enthousiaste à l'idée de passer mon été à Alger parce que le même problème se pose chaque année quand on pense emmener ses enfants à la plage. On ne sait pas où aller, parce qu'il n'est pas évident de se trouver une ambiance sereine et tranquille avec femme et enfants.» Un jeune étudiant explique davantage : «Quand je suis avec des copains, ça peut passer ; quel que soit le bord de mer où l'on se trouve entre hommes, ça se gère même s'il y a beaucoup de monde. Mais ça se complique quand on s'y rend avec des copines ou des membres de la famille car toutes les plages ne s'y prêtent pas.» Amel, jeune cadre, se réfugie, quant à elle, à la plage ouest de Sidi Fredj : «Là-bas, mon maillot deux-pièces ne choque pas vraiment, et puis parfois pour changer, on s'éloigne un peu. A Zemmouri, on est relativement bien aussi.»
Zemmouri, Sidi Fredj, Aïn Taya ou Palm Beach, les estivants bloqués à Alger pour une raison ou une autre n'ont pas vraiment le choix si l'on prend en compte tous les paramètres de sécurité et d'accessibilité. Sauf si l'on est un homme qui a un bon parasol dans le coffre de la voiture… A ceux-là, tous les rivages sont ouverts.


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