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Dommage collatéral ou suite logique de la politique américaine
Le projet de brûler un exemplaire du Coran
Publié dans La Tribune le 09 - 09 - 2010

L'islam fera encore l'actualité. Pour une longue période à venir après une longue période passée. Pour ceux qui ne manquent pas de mémoire, cela a commencé au siècle dernier avec la naissance bénie par la Grande-Bretagne du mouvement des Frères musulmans et
l'ambassade de ce pays au Caire en savait quelque chose (http://www.recherches-sur-le terrorisme.com/Documentsterrorisme/freres-musulmans.html). Mais ne jetons pas le doute sur la seule Angleterre. Les Etats-Unis ont eu de longues et surtout florissantes relations avec les régimes d'essence religieuse dans le monde musulman. Ils ne partageaient pas que le pétrole mais aussi, comme de juste, une haine sans fond du «communisme athée». Les Etats-Unis ne sont pas un pays laïque et la religion tient une grande place dans leurs textes fondateurs. Cela surprendra certainement nos «modernistes» qui croient «naïvement» que le monde est divisé entre un Occident laïque et un monde musulman «théocratique». Et qui croient sérieusement que le rationalisme est strictement laïque, voire anticlérical. Seraient-ils étonnés de la fréquentation assidue des différentes églises y compris évangéliques par les personnels de la science et de la recherche à travers tout l'Occident ?Le «communisme athée» commençait avec Lénine mais s'étendait généreusement à Lumumba, Soekarno, etc. Bref, il s'étend généreusement à tous ceux qui se posent des questions sociales. Et les Américains qui occupent les places américaines en de gigantesques manifestations ne doutent pas qu'Obama est un fieffé «communiste» parce qu'il a pensé à étendre l'assurance maladie à quelques millions d'Américains pauvres. Voilà la clé de cette alliance entre les Etats-Unis et les courants religieux fondamentalistes : les pauvres. Ou plutôt la lutte contre les pauvres. Car lutter contre les pauvres, c'est maintenir parmi les hommes une différence voulue par Dieu. Et n'allez surtout pas remarquer que, dans la plupart des cas, cette différence s'est faite par la violence y compris contre des populations croyant au même Dieu que les esclavagistes, les colonialistes, les impérialistes, etc. Il est difficile de ne pas voir qu'en Palestine, par exemple, ou en Irak elle s'exerce sur la terre même des prophètes et quasiment sur leurs descendants. Si vous formulez quand même la remarque, vous serez classés parmi les communistes dangereux, très dangereux. Aussi dangereux que les prêtres et les églises des pauvres. Apprenez à vos dépens que le «communisme athée» reste d'abord une question sociale plutôt que religieuse. Une telle communion entre l'Amérique de Wall Street et le salafisme culminera –l'avez-vous oublié ?– dans la tragédie afghane. L'islam –l'islam salafiste, bien sûr– était alors synonyme de liberté. Qui peut encore imaginer que Ben Laden était un produit américain, qu'il était l'allié en affaires des Bush, un pilier des opérations de la CIA ? Et que pour beaucoup il le reste. Ou qu'en tout cas il reste l'homme providentiel qui fournit à l'Amérique les prétextes, les raisons, les occasions de maintenir le cap de la «lutte contre le terrorisme» ? Ou encore qui a fait plus que l'administration américaine pour créer la haine par le crime irrémissible contre les chiites entre les différentes confessions d'Irak ? Qui aurait pu imaginer cette idylle politico-religieuse assombrie par les germes de la division et de la suspicion post-11 septembre? La créature se retournait contre ses maîtres au World Trade Center. Comme dans les mauvais films de Frankenstein – quelle idée de croire à des monstres nés des mains des hommes comme si les monstruosités coloniales et esclavagistes ne suffisaient pas et Frankenstein n'a rien à voir avec le Mister Hyde de Stevenson. La recette mijotait depuis un moment, mais avec cet attentat, la marmite des diablotins néo-conservateurs se mit à bouillir. Le «Monde libre» avait, en 1988, terrassé et enseveli sous les décombres du mur de Berlin le «communisme athée» après l'avoir sérieusement malmené en Afghanistan. Il était en déficit d'ennemis. Le «terrorisme islamiste» fut l'invité surprise mais désiré pour combler le manque. Existe–t-il de meilleur ennemi que celui que vous avez fabriqué ? Ben Laden se montra d'un zèle enthousiaste pour «frapper» ses amis et maîtres d'hier. Ben Laden l'introuvable, le nouvel Hassan Sabbah caché dans un nouvel Alamout, devient le démiurge d'une violence invasive menaçant chaque coin du monde. Mais menaçant surtout les Etats-Unis. Cela n'empêchait pas les affaires de continuer avec les musulmans. Cela n'empêchait aucunement les mamours et les cabotinages avec des Etats officiellement musulmans et théocratiques, généreux donateurs pour toutes les causes bénies par l'Amérique, généreux financiers des guerres américaines en Afghanistan, en Irak, généreux secours pendant la crise financière de 2008, généreux clients d'inutiles armes américaines et anglaises dans leur contexte humain et géographique et qui se préparent à généreusement financer une guerre contre l'Iran.L'ennui est que l'administration américaine est la seule à connaître les subtilités de la chirurgie idéologique. Elle a bien enclenché cette guerre contre l'islam comme matrice du terrorisme mais en maintenant dans son esprit que le pétrole est le plus souvent musulman et que ses meilleurs alliés jusqu'à aujourd'hui sont des régimes musulmans. Huntington voyait bien un inévitable clash entre les civilisations mais cela, c'était pour la galerie. Après la mort du «communisme athée» qui a rationalisé ses peurs, Il fallait bien offrir à l'Amérique un objet de substitution à ses angoisses. Extraordinaire islam qui avait aussi l'intérêt d'être «un ennemi intérieur». Les analystes oublient trop souvent cela. Ils oublient trop souvent que le «communisme athée» était aussi un ennemi intérieur. Et que la très démocratique Amérique fut maccarthyste et qu'elle a organisé une des plus grandes chasses aux sorcières des temps modernes jusqu'à réduire à l'état de résidus la réalité sociale et organique des courants socialistes aux Etats-Unis. C'est même une vocation d'origine de ceux-ci de combattre toute idée sociale et Sacco et Vanzetti en surent quelque chose dès 1920. Si on ne comprend pas qu'un vrai et authentique ennemi doit aussi être intérieur, on ne comprend rien à la manipulation des foules. Quel ennemi peut être crédible s'il n'est pas proche et s'il n'est pas immédiat ? Et comment manipuler les peurs, les craintes, les angoisses si l'objet offert en pâture n'apparaît pas comme le péril en la demeure ? Pour le reste, faites confiance à la longue et immémoriale culture amassée et accumulée de la domination de classe : la conquête des cerveaux. Le matraquage idéologique. L'aliénation. Le travail incessant et permanent pour faire croire que l'ordre existant est un ordre «naturel» et que votre condition misérable relève de cet ordre. C'est mieux quand elle relève de l'ordre religieux, vous devenez un militant de votre propre oppression. Vous rendez grâce au
Seigneur des cieux en servant les seigneurs terrestres ; c'est pourquoi les religieux qui ont refusé d'avoir deux maîtres «Dieu et César» et choisi Dieu contre César sont les plus insupportables des «communistes athées». Or l'objet de l'angoisse n'est pas un objet pratique et il se prête fort mal à la subtilité chirurgicale. Peu de personnes peuvent planifier avec les Etats musulmans du Golfe des frappes contre l'Irak ou le Liban ou Ghaza ou encore, demain, l'Iran et délibérer, sans état d'âme, la stigmatisation de la religion de leurs alliés. Le «nous n'avons rien contre l'islam» devient la clause de style pour désigner l'ennemi : le terrorisme islamiste. Ce qui revient à dire que le terroriste étant islamiste ne peut être que musulman. C'est bien dans cette direction qu'il faut regarder. Les maîtres de la manipulation et du mensonge -ceux qui ont inventé le charnier de Timisoara, la maternité du Koweït, les armes de destruction massive de Saddam, le programme militaire nucléaire de l'Iran– insinuent, grande ouverte, la mauvaise question par excellence : «Mais pourquoi les terroristes sont-ils musulmans ?» Vous pouvez répondre quoi ? C'est soit à cause de l'islam, soit à cause des musulmans. Entre-temps, vous travaillez sans filet de protection car vous ne savez toujours pas ce qu'est le terrorisme. Un million d'Irakiens morts, deux millions d'Irakiens déplacés, dont une bonne partie en Syrie, c'est du terrorisme ou pas ? Un million de morts, ce n'est pas un crime contre l'humanité et un Tony Blair qui pleure les morts anglais en Irak sans un égard pour les morts irakiens, notamment les bébés morts à cause de l'embargo, c'est un criminel endurci ou pas ? Tuer 1 400 Palestiniens à Ghaza, dont plus de 300 enfants, c'est du terrorisme ou pas ? Délibérer la destruction de toute avancée technique et scientifique qui «menacerait» l'existence d'Israël
ou lui induirait un sentiment de menace existentielle, c'est criminel comme démarche ou pas ? Nous en sommes arrivés à ce stade où le criminel dit la loi et la norme. Ça donne Tony Blair. Mais ça donne aussi un pasteur d'église, Terry Jones, qui veut brûler le Coran. Aussi sec. Car lui, à la mauvaise question, il a donné la mauvaise réponse et la seule possible : les musulmans sont terroristes à cause de l'islam et c'est donc tout l'islam qu'il faut brûler et tout l'islam est dans le Coran. Cette démarche n'arrange pas les militaires qui ont des musulmans sous leurs ordres, qui ont de l'argent musulman pour faire leur métier et qui ont des alliés musulmans. Elle risque d'accroître les menaces et de mettre en colère des musulmans qui s'en prendraient aux militaires. Pourquoi cette réponse est-elle la seule possible ? La clé est chez le pasteur. Lisez cette trouvaille logique : «Les musulmans sont plus que bienvenus ici, a-t-il assuré. Plus que bienvenus pour exercer leur religion, construire des mosquées. Mais ce que nous allons faire le 11 septembre est destiné à envoyer un message clair aux éléments radicaux de l'islam pour leur dire qu'ils ne seront pas tolérés ici aux Etats-Unis.» Pour envoyer un message clair aux radicaux, il brûle le Livre saint de tous les musulmans, il brûle l'essence de leur foi. Quand les Américains tuent des civils, et ils en tuent pas centaines, ils parlent de dommage collatéral. Nous, nous disons qu'il s'agit de dommage inscrit dans la logique de leur politique d'agression. Tout comme ce pasteur est inscrit dans la logique de leurs constructions idéologiques pour s'inventer l'ennemi justificateur de leur complexe militaro-industriel. En attendant les prochains épisodes au-delà de cette fête de fin de Ramadhan grosse de mauvaises promesses.
M. B.


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