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Un sursaut salvateur est-il possible ?
Face à la montée du fondamentalisme dans le monde musulman
Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2007

Le monde musulman compte aujourd'hui environ 1 milliard 1/4 de personnes, soit le cinquième de l'humanité. Il s'étend en général sur deux continents, l'Asie et l'Afrique.
Mais l'Islam est aussi présent dans les autres continents et constitue même — toutes proportions gardées — la deuxième religion dans certains pays comme la France, par exemple. Le monde musulman n'avance pas (dans tous les domaines de la vie moderne) mais on a l'impression, au contraire, qu'il est en train de régresser. Ce déclin, qui a commencé il y a plusieurs siècles, semble s'être accéléré depuis les trois dernières décennies du siècle dernier. D'autres maux, non moins importants, rongent ce monde spécifique : absence ou insuffisance de droits, absence de démocratie, mauvaise gestion, pauvreté endémique, démographie galopante, sous-développement patent, etc. Mais, je pense (c'est mon point de vue personnel et le débat est ouvert à cet effet) que ces deux maux sont les plus importants en ce sens qu'ils touchent au spirituel et au naturel. Les autres grands maux peuvent en effet trouver des solutions selon les lois modernes de gestion, politiques, économiques, sociales, pour peu qu'il y ait une réelle volonté des gouvernants. Autre chose (et pas des plus simples) , c'est de réformer les esprits, changer les mentalités archaïques, rétrogrades, conservatrices, de sorte à arriver à utiliser la raison dans notre façon de penser, de vivre notre religion en cohabitant pacifiquement avec les autres pour, enfin, participer à l'évolution du monde. Qui peut bien faire cela sans heurts, avec courage, perspicacité, autorité et continuité, sinon l'Etat. L'ère des guerres civiles et autres rébellions est révolue. Nous vivons dans un environnement moderne et civilisé qui ne pardonne pas l'erreur. Or le monde musulman ne fait qu'en accumuler. Il est atteint d'inertie depuis sa décadence, il y a cinq ou six siècles. Composé d'Etats faibles, de non-droits, divisés pour raison de légitimité historico-religieuse et quelquefois pour simple incompatibilité d'humeur entre gouvernants, il est incapable de transcender les événements et les choses. Aujourd'hui, beaucoup de pays musulmans ont des différends entre eux (questions de frontières, de leadership, de stratégies politique, économique, militaire). A tel point que les organisations qu'ils ont créées pour unifier et défendre leurs intérêts à l'échelle régionale (Ligue arabe, CCG, UMA) ou internationale (OCI) sont devenues de simples tribunes où ne sont traitées en général que les querelles entre dirigeants et les tensions continues entre Etats frontaliers ou lointains. Du temps du Prophète (qsssl), les communautés vivaient en bonne intelligence et les minorités étaient protégées. Mais, à sa mort, la succession allait être serrée et... mortelle. C'est vrai que l'Islam, à sa naissance, était un projet de société où la religion est étroitement liée à la vie politico-sociale et économique de l'époque. Autrement dit, religion et Etat ne faisaient qu'un. Mais, sauf erreur, c'est l'esprit et le fond de toutes les religions à leur naissance. Il en est ainsi de l'autre religion monothéiste, le christianisme. C'était l'église (malgré ses divergences et ses divisions) qui régnait par rois interposés sur tous les Etats chrétiens jusqu'à la fin du Moyen-Age et même jusqu'au XIXe siècle ! Les consciences se sont réveillées dans ces pays, en même temps qu'étaient bousculées les mentalités ancestrales avec l'évolution de ces sociétés en classes (bourgeoisie, classe moyenne et classe des travailleurs) grâce à la révolution industrielle qui a pris naissance au XVIIIe siècle en Angleterre et au développement du capitalisme qui s'en est suivi. A l'époque, le monde musulman était, dans sa grande majorité, sous l'emprise de l'empire ottoman (Afrique du Nord, Moyen-Orient), de l'empire tsariste (Extrême-Orient) et de l'Angleterre (péninsule indienne). Il n'y avait pas d'Etats dans le sens moderne du terme mais des régions (émirats, beylicats, régences) vassales de Constantinople, de Saint-Pétersbourg ou de la couronne britannique. Il était en pleine décadence. Et c'est sur ces entrefaites que le conglomérat de peuples le composant se réduisit, petit à petit, comme une peau de chagrin, à la suite de rivalités internes, de jalousie entre les maliks, sultans et autres régents et, bien entendu, des coups de boutoir des pays chrétiens conquis précédemment (Europe, les Balkans, l'Espagne). Mais alors que dans les pays occidentaux se développait une démocratie grâce à l'émergence de classes bourgeoises et que cette partie du monde évoluait et se développait dans tous les domaines (sciences, cultures, arts, inventions diverses), les pays musulmans se repliaient sur eux-mêmes et n'eurent que leur foi à partager en commun. Au lieu d'utiliser la raison comme faculté de connaître, de juger, de déterminer leur conduite et de s'adapter ainsi à l'évolution du monde, ils se résignaient et replongeaient dans la religion qu'ils croyaient être leur planche de salut.
Pas de libertés et de créations
Le reste, on le connaît : tout le monde musulman fut colonisé par l'Occident, seule la Turquie, réduite à sa stricte dimension continentale, en réchappa de justesse, après avoir signé un armistice humiliant avec les vainqueurs de la Première Guerre mondiale (1914/1918) On sait pourtant qu'il avait brillé durant son apogée (VIIIe- XVesiècles) avec des savants de renom tels que EI Idrissi, lbn Haïtham, lbn Batouta, lbn Khaldoun, eux-mêmes ayant été à l'école des savants grecs de l'antiquité (Aristote, Platon, Socrate, etc.) Mais ils ne furent que des relais, de simples courroies de transmission. Certes, leurs écrits et traités ont servi de base, dans plusieurs domaines : médecine, observatoire (astrologie), mathématiques (algèbre), sociologie, géographie. Cependant, la science moderne ne s'est développée qu'avec des savants occidentaux qui ont su tirer profit des travaux de leurs prédécesseurs musulmans à partir du Moyen-Age. Quel pays musulman peut se targuer d'avoir formé un savant sur son propre territoire qui ait inventé, expérimenté et développé quelque chose d'utile ? Bien sûr qu'il y a aujourd'hui des scientifiques musulmans mais ils sont, pour la plupart, hors de leurs pays pour différentes raisons : manque de considération et de dignité, inversement de l'échelle des valeurs, absence de droits et de liberté de pensée, de création, absence de démocratie. En ce sens, le monde musulman est arriéré comme il l'est dans d'autres domaines : politique, social, économique... Dans les anciennes cours et autres harems, la préférence allait plutôt aux lettres, à la poésie et à la musique pour divertir rois, sultans et autres dignitaires. Il n'y avait pas d'encouragements à l'étude de la science pure. Alors que des universités prestigieuses commençaient à essaimer le monde chrétien (occidental) : Oxford (Angleterre, au XIIe siècle), La Sorbonne (France, au XIIIe siècle), Harvard, Princeton (USA, aux XVIIe et XVIIIe siècles), combien en ont été créées dans le monde musulman. Aucune, digne des précédentes. Bien qu'il existe de grands et somptueux collèges-mosquées ayant rang d'université : La Zitouna (Tunisie) depuis le IXe siècle, EI Kortoba (Cordoue, en Espagne), EI Qarawiyin de Fès (Maroc), AI Azhar (Egypte) au Xe siècle. Alors qu'elles étaient au départ pluri-disciplinaires (enseignements scientifique, médical, philosophique, théologique), celles-ci ne sont célèbres de nos jours que par leur côté religieux (théologie, enseignement et interprétation du Coran, fik'h...) Libérés de la tutelle ottomane (dynastie musulmane née en Turquie), les pays du Moyen-Orient retombaient sous celle de l'Angleterre, et de l'Afrique du Nord sous celle de la France à cause de leurs faiblesses diverses accumulées durant la décadence.
Une condition, la démocratie
L'ouverture au monde moderne, avec la décolonisation (indépendances octroyées ou arrachées de haute lutte pour certains) n'a pas trop changé leur situation d'aliénation et de dépendance vis-à-vis du monde occidental. Quelles que soient les causes des indépendances (au début et au milieu du XXe siècle), ils n'ont pas pu relever les défis de l'évolution, de la modernité et du développement en général. Malgré les tentatives des réformes du « clergé », notamment la Nahdha, inspirées par des écrivains et théologiens de renom (Mohammed Abdou, Djamel Eddine EI Afghani, Ben Badis vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, aucune véritable révolution n'a eu lieu dans le sens de l'adaptation de l'Islam et son arrimage au monde moderne en plein développement. Les tenants du pouvoir s'étant auto-proclamés commandeurs des croyants, rien ne se fait sans leur aval ou leurs ordres. Les régimes politiques de ces pays, autocratiques ou théocratiques, malgré quelques tentatives démocratiques de façade pour certains, sont évidemment pour quelque chose dans cette stagnation. Ainsi ni totalement laïc ni totalement religieux (exception faite en principe de l'Afghanistan, de l'Iran, de l'Arabie Saoudite et du Pakistan), ce monde est pris en otage entre ses gouvernants d'un côté et son « clergé » de l'autre. Trouvant même que les régimes en place et/ou les théologiens ne font pas assez pour l'application de la loi coranique, des disciples d'Al Azhar se sont rebellés et ont créé une association radicale. C'est ainsi qu'est née la confrérie des « frères musulmans » en 1924 au Caire, sous la conduite d'un certain Hassan EI Bana. Ce fut la première association religieuse fondamentaliste qu'a connue le monde musulman. Bien entendu, à l'époque, on ne voulait pas entendre parler de partis politiques ou de démocratie. Seules les associations — caritatives ou religieuses — étaient tolérées. Cette confrérie prônait dès le début un Islam radical, rigoriste et la prééminence du religieux sur l'Etat. Soupçonnée de comploter contre l'ordre établi, elle allait devenir la bête noire du régime, notamment après la révolution de 1952 où elle fut interdite quelques années après, ses dirigeants bannis, arrêtés ou exilés vers des pays occidentaux (l'Occident mécréant, terre d'asile déjà depuis bien longtemps !). Ailleurs, en Arabie Saoudite, c'est la doctrine politico-religieuse wahabite qui prévalait depuis le début du XXe siècle, avec l'application de la char'ia. Mais celle-ci ne s'applique en réalité qu'à la populace, la grande famille royale, les dignitaires et autres supports du régime pouvant faire ce qu'ils veulent à l'intérieur des palais et harems ou à l'étranger (faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais). Le mouvement des frères musulmans ayant fait tache d'huile, d'autres mouvements radicaux ont vu le jour plus tard au Pakistan, en Afghanistan, deux pays presque entièrement gouvernés encore de façon tribale au XXIe siècle ! Et la gangrène de l'absolutisme, du fondamentalisme et de l'intégrisme s'empara de tout le monde musulman à partir des années 1970 avec le djihad (guerre sainte ?) menée en Afghanistan contre l'ex-Union soviétique venue aider le nouveau régime instauré après l'abolition de la monarchie en 1973 et l'anarchie qui s'en est suivie, suite à des coups d'Etat successifs. Nous constatons, aujourd'hui, les résultats de ce complot religieux opéré par les fondamentalistes de tous bords avec la complicité bienveillante de nos gouvernants qui agissent dans le seul but de pouvoir conserver et se servir du pouvoir jusqu'à créer des dynasties lorsqu'elles n'existent pas déjà ! Combien de physiciens, chimistes, médecins ou mathématiciens musulmans ont obtenu à ce jour le prix Nobel, décerné chaque année depuis 1901. Pour rappel, ce prix a été institué par la célèbre institution de même nom créée vers la fin du XXe siècle par Alfred Nobel, industriel et chimiste suédois (1833/1896) afin de récompenser chaque année toute personne (ou institution) auteur d'une œuvre littéraire, scientifique ou philanthropique. La réponse est ahurissante tant elle est insignifiante. Jugez-en : 5 nobélisés, alors que le monde musulman représente environ 20% de la population mondiale : A. Salem, pakistanais (1979, physique), N. Mahfoud, Egyptien (1988, littérature) M. A. Essadat, Egyptien, Y. Arafat, Palestinien, S. Ebadi, iranienne (paix, respectivement en 1978, 1994 et 2003). Sur un total de 270 personnalités (hors institutions), primées depuis 1901 jusqu'à 2002, soit un pourcentage d'environ 1,5% ! Sans commentaire. Pour comparaison, les juifs, qui comptent près de 15 millions d'âmes seulement dans le monde, dont près de 7 millions aux USA, soit 2,5% de la population mondiale, ont donné au monde 124 lauréats, soit 45% de tous les nobélisés. (1) Est-ce à dire que le monde musulman est peu enclin au sujet scientifique, à l'analyse, à la recherche, à la compétitivité, à la créativité, au savoir d'une façon générale. Qu'il est peu — ou pas — intelligent ou que son quotient intellectuel est seulement en dessous de la moyenne ? Est-ce qu'il n'est pas porté plutôt vers la paresse, la vie facile, sans trop d'effort. Ce serait plausible s'il n'était composé que d'une seule race ou d'ethnies proches les unes des autres. Or il est cosmopolite et a embrassé toutes les races. La réponse est donc forcément ailleurs, mais où. Est-ce que ce ne serait pas plutôt une question de fatalisme, un état d'esprit, d'essence religieuse, que les fondamentalistes et intégristes de tous bords ont réussi à ériger en véritable doctrine depuis des siècles ! A cette dernière question, je serais tenté de répondre par un oui. En effet, que n'entendons-nous pas dans la vie de tous les jours des expressions populaires telles que : ahyin el youm oua k'telni ghadoua (fais-moi vivre aujourd'hui, tue-moi demain), h'chicha talba maïcha (une herbe qui cherche seulement à vivre), Koul a'tla fiha kheïr (tout retard ne peut être que bien). Et une autre, la plus fataliste peut-être : el-hamdou lillah (louange à Dieu) qui est prononcée paradoxalement dans les toutes situations, heureuses ou dramatiques ! Ces expressions conduisent, à peu près, à la même explication : vivre au jour le jour et ne pas trop s'embarraser des lendemains... Puisque de toutes les manières, il y a la mort —ou la fin du monde — qui peut survenir à tout instant. Et, dans ce cas, gare à ceux qui auraient péché, aux mécréants, aux apostats, etc. Ainsi, les croyants, pratiquants ou pas, vivent, au jour le jour, dans la hantise du lendemain et de ce fait font peu d'efforts de réflexion. Par ailleurs, des lectures excessives de la char'ia sont déjà là, certains du fait même des régimes qui nous gouvernent, d'autres acceptés tacitement par eux :
Résurrection des zaouïas, encouragée par les pouvoirs publics. En Algérie toujours, selon la presse, il y aurait près de 1600 !
Week-end particulier dans beaucoup de pays musulmans (généralement jeudi et vendredi) au lieu des samedi et dimanche (universel). Ce qui fait dire aux économistes et aux opérateurs économiques que le monde musulman perd 3 à 4 jours par semaine dans ses rapports avec le reste du monde, soit 5 à 6 mois dans l'année. Autrement dit, nous ne participons efficacement à l'activité mondiale que le reste de l'année. Et si nous ajoutons à cela le mois du Ramadhan (actuellement détourné de sa véritable vocation) où toute la vie politico-administrative — mais surtout économique — des pays musulmans est quasi-paralysée (ceux-ci vivant pratiquement en vase clos), le fossé devient encore plus profond.
Retransmission par haut-parleurs, à coups de décibels, dans toutes les mosquées des prêches et des prières du vendredi ainsi que de celles, pourtant facultatives, du ramadhan (taraouîh). Qui se soucie en effet de l'avis (j'ose dire de la vie) des autres musulmans, non pratiquants ainsi que des malades, des non-croyants (autres communautés religieuses notamment). Où est la tolérance, le respect des autres cultes garantis pourtant par les constitutions (quand elles existent) de ces pays.
Retour aux traditions vestimentaires ancestrales (kamis et chéchia pour les hommes, hidjab et/ou djelbab pour les femmes) alors que certaines ne sont pas de nos traditions et coutumes. En Algérie, cette tendance avait été suggérée (sous forme de menace à peine voilée) par certains obscurantistes au lendemain du raz-de-marée qui a vu un parti islamiste remporter (par une fraude généralisée) les élections législatives de décembre 1991. « Il va falloir que les Algériens commencent à revoir leurs habitudes alimentaires et vestimentaires », claironnait l'un d'eux, mort depuis.
Relégation de la femme au statut de mineure à vie dans la majorité du monde musulman. C'est à coups de fetwas qu'elle est autorisée, éventuellement, à exercer telle ou telle activité. Ainsi, dans certains pays, elle n'a pas droit au vote par exemple ou de conduire un véhicule. Il s'est même trouvé un « génie » en Algérie qui avait préconisé (au plus fort de la propagande intégriste, début des années 1990) de rémunérer les femmes actives sans contrepartie, c'est-à-dire sans travailler. Une bonne musulmane ne devrait que procréer, élever sa progéniture et s'occuper, avec soumission complète, de son mari. Ainsi, il aurait, pérorait-il, réglé définitivement la question du chômage des hommes. C'est du deux en un, en quelque sorte. Révolutionner les sciences économiques dans le sens de la régression et de la faillite, quel exploit ! Son nom devrait figurer dans le livre Guiness des records dans une rubrique qui pourrait s'intituler : « Plus grande bêtise humaine ».
Les prêches des imams officiels — et surtout de prédicateurs obscurantistes généralement inconnus (cassettes audio-vidéo ou télé-sat) avec toujours les mêmes thèmes vantant ou louant les vertus, faits et gestes du prophète Mohammed (qsssl), de ses proches, de ses compagnons et d'autres grands noms de l'Islam du temps de son expansion et de son apogée. Soit. Mais qui, de nos jours, quelle que soit sa foi, peut se targuer de ressembler à un de ces hommes illustres, pionniers d'une grande religion ? Le dire de temps en temps, c'est bien ; mais le rabâcher tout le temps, je pense que c'est inconstructif et contre-productif. Et quand ils n'officient pas sur ces aspects, ils se rabattent souvent sur les mécréants (koffars) et sur les tares et maux de la civilisation occidentale ; jamais sur ses bienfaits qui sont pourtant beaucoup plus nombreux. Aussi, n'est-il pas plus avisé de prêcher sur l'actualité, sur d'autres grands hommes qui ont marqué l'histoire de l'humanité, notamment les savants, sociologues, philosophes qui ont révolutionné le monde par leurs idées et leurs inventions. Parler de la société actuelle, faire le parallèle entre notre niveau et celui des autres pays développés et ébaucher à cet effet des remèdes. Parler des questions de propreté et d'hygiène de nos cités, de civisme, de solidarité, d'égalité, de justice sociale, des droits de l'homme, de démocratie, de l'alternance au pouvoir, de la nécessité pour les jeunes de chercher le savoir, le vrai savoir qui mène à la science, pas seulement le savoir religieux, etc. Cela dit, devrions-nous attendre passivement le jour où tous les pays musulmans basculeront — l'un après l'autre — dans ce nouvel ordre de la terreur que veulent nous imposer tous ses apprentis sorciers prédicateurs auto-proclamés, eux-mêmes endoctrinés et manipulés par de non moins pseudo-oulémas. Ces peuples continueront-ils à être amorphes, apathiques au changement qu'ils ne le sont aujourd'hui. Il est encore temps (il n'est jamais trop tard) pour un sursaut salvateur qui nous réconciliera avec notre religion, débarrassée de tous ses extrémismes et archaïsmes et nous fera entrer, enfin, de plain-pied dans le monde moderne. Pour peu que nos intellectuels, où qu'ils se trouvent, nos universitaires, nos penseurs, philosophes, écrivains, scientifiques, chercheurs s'y mettent en participant tout simplement au débat. Celui-ci doit être franc, objectif, pacifique et débarrassé de tout unanimisme ou monopole. Il doit se faire d'abord à l'intérieur de chaque pays avant de s'étendre et de s'interactiver au sein de toutes les sociétés musulmanes. Dans le cas contraire, nous resterons toujours prisonniers de notre fatalisme et continuerons à vivre comme des gueux, aux dépens du monde développé. Certains rétorqueront que nos pays sont riches, car ils regorgent de pétrole, de gaz et d'autres richesses non encore découvertes ou non exploitées. Balivernes ! La seule richesse, c'est l'homme, avec sa matière grise. Le pétrole et le gaz (pour ceux qui les ont) sont des richesses virtuelles, car épuisables. Il faut donc repenser et réformer l'école républicaine et l'université, devenue de nos jours de simples lieux de rencontre entre jeunes et/ou simples collèges-mosquées. Il faut stimuler et libérer les initiatives, promouvoir et renforcer les laboratoires de recherche existants avec des moyens nécessaires et suffisants. Il faut aider nos élites et les accompagner avec reconnaissance et dignité afin qu'elles puissent travailler dans des conditions exemplaires d'aisance, de liberté, de sérénité. C'est l'unique condition pour arrêter l'hémorragie de la fuite des cerveaux vers les pays développés (chrétiens). Enfin, en absence d'une véritable bourgeoisie, il faut que les Etats aident les personnes (entrepreneurs, hommes d'affaires, industriels) qui ont des idées novatrices et créatrices d'emplois et surtout de richesses. Il faut encourager, stimuler même un véritable transfert de technologie Nord-Sud. Mais tout cela a un prix, une condition sine qua non : la démocratie, de véritables Etats de droit, laïcs, tolérants, pacifiques, car sans paix durable et sans réformes radicales politico-socio-économiques, point de salut pour le monde musulman.
L'auteur est : Retraité dans une banque- Bouira-


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