Des progrès «tangibles», défend Lotfi Boudjemaâ    Vers un repositionnement géo-économique majeur dans l'ère multipolaire    Une délégation de l'APN en visite dans plusieurs unités industrielles et de production    Une production de 670.000 quintaux d'agrumes attendue durant la saison agricole 2025/2026    Au moins quatre morts et dix blessés dans des tirs en Californie    Le pays replonge dans l'incertitude    Nécessité d'une démarche    Coupe arabe des nations : Les joueurs blessés devront sortir deux minutes pour se faire soigner    L'Algérie A' de Bougherra prête pour un premier choc décisif face au Soudan    ASM Oran : le manager général Hicham Belkaroui annonce sa démission    Pluies lundi et mardi sur trois wilayas    Vaste campagne d'assainissement et d'entretien des immeubles    Vaste opération de nettoyage et de désinfection de la salle de déchocage    Il y est encouragé de manger et boire    3 000 ans exposés à Milan    Dix pays prennent part à la 8ème édition    Des partis politiques font de la démagogie leur nouvelle concepti on    Abdelmadjid Tebboune présente ses condoléances à la famille du cheikh Tahir Usman Bauchi, calife de l'ordre Tijaniyya au Nigeria    Programme TV du 4 novembre 2025 : Coupes et Championnats – Heures et chaînes    Programme TV du samedi 25 octobre 2025 : Ligue 1, Bundesliga, CAF et championnats étrangers – Heures et chaînes    Programme TV du 24 octobre 2025 : Ligue 2, Ligue 1, Serie A, Pro League – Heures et chaînes    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'impossible : deux souches, être français et étranger ?
Questionnement sur l'identité de l'état, de la nation et de l'individu
Publié dans La Tribune le 14 - 09 - 2010

C'est bien parce qu'un Etat et une nation ne sont pas des données conceptuelles, réelles, imaginaires, politiques, sociales, culturelles, semblables que de multiples questions surgissent à propos de l'identité d'un Etat et de l'identité nationale et la contradiction entre ces deux données devient insupportable, voire dangereuse civilement et intellectuellement lorsque l'on passe confusément, politiquement, non seulement de l'une à l'autre, mais surtout lorsqu'on mêle, sans débrouillage, l'identité d'une personne à celle de l'identité d'un Etat ou d'une nation. Le placage, le rabaissement de l'une à l'autre ne peut que déchaîner des violences civiles meurtrières. Restons alors - affaire urgente pour le développement démocratique des sociétés, des Etats et des nations - sensibles à une question si actuelle et précieuse pour l'avenir des Etats et ouverts à un questionnement sur l'identité nationale pour autant que cette question touche à la violence interne, civile, que cette formule, politiquement séduisante et analysable, exerce : «Comment dénationaliser les histoires nationales.» C'est en ces termes que l'anthropologue comparatiste Marcel Detienne et non-baptiste, selon ses termes aussi concluait, en 2002, un de ses livres publié à la librairie du 21e siècle : comment être autochtone ; ce livre fut suivi de la publication d'un autre dans la même collection, très actuel, au printemps 2010 intitulé, cette fois, à la manière œdipienne L'identité nationale, une énigme. Entre-temps, années 2002-2010, que s'est-il passé en France pour que de l'un à l'autre de ces deux livres, la même critique traverse et analyse d'une façon préventive et bénéfique les constructions hâtives et si meurtrières de ce que l'on pourrait appeler une «autochtonie
nationale» qui nous apprendrait que, historiquement, généalogiquement, biologiquement, et non pas imaginaire ment, mythiquement, nous serions «sortis d'une terre» dite «nationale» et cela dès la naissance et même, poussons l'illusion plus lointainement, bien avant elle dans «un avant-l'avant», cette autochtonie pure venant à la place d'une naissance, de naissances ici et là, de parents d'ici et de là, eux-mêmes s'étant rencontrés sur une terre, des lieux, d'ici et de là, éloignés des lieux ravageurs, fantasmatiquement, idéologiquement, hélas politiquement morbides, intolérables, meurtriers, naissances imaginairement, toujours catastrophiquement en trop, incestuelles, insupportables, handicapantes, cruelles, inchangées ?«Sortis de la terre», nous serions comme plante vulgaire ou admirable, animal, pierre, aussi, pour nous aider à construire un monde où nous serions devenus solidaires de nous-mêmes et entre nous-mêmes, humains singuliers et pourtant, réécrivons le mot «solidaires» de cette terre autochtone aujourd'hui mondialisée qui a donné naissance à un ciel, des espaces, magnifiquement, solidairement, observés, interrogés, scientifiquement et stratégiquement pas toujours heureusement traversés. Ces découvertes et avancées du monde sont au-delà d'un monde perclus, atteint d'un mal, possiblement curable, de l'autochtonie première, celle qui cloître et arrime trait d'esprit ouverture, nécessité de penser à la motte de terre, pourrait-on dire, d'une identité close, en écharde, revancharde et fermée. Malheureusement, existe partout comme un traumatisme au fur à mesure envahissant, insidieux et persistant, cette autochtonie première, fermée, sans perspective, sans voyage, anti-Rom, anti-Tzigane, anti-étranger, anti-immigrés-émigrés, anti-tout, portant au cœur même de l'identité désirée, souhaitée, juridiquement, européennement, reconnue, l'expulsion, l'exil, aussi bien que l'emprisonnement, le châtiment de celles et ceux dont l'autochtonie voyageuse se déplace au gré et possibilités des terres émancipées, libérées des identités closes et, civilisation oblige, devenir oblige, condamnées.Aujourd'hui, nous sommes, humains que nous sommes, à ces lieux carrefours des identités partagées, face aux risques de nous trouver en régression, renvoyés aux chemins meurtriers d'œdipes contemporains, très politiquement officialisés. Choisirons-nous une autochtonie autre que celle-ci, permettant à l'ouverture, pour parler comme Rilke, de s'installer à l'intérieur de cette clôture-fermeture pour l'amener, lui faire passer le bac de l'universalité, celle qui ouvrit le monde pour toute une chacune, tout un chacun, de l'ici et de là, les deux souches de la motte de terre, à la nécessité d'une naissance autre que celle
qui fut, vis-à-vis de l'altérité première, si humiliante, négatrice, exterminatrice, mortelle.Le paradoxe, certainement insupportable pour la pensée et fiction d'une «hypertrophie du moi» - ces mots sont de Marcel Détienne et non de cet archaïque et détestable Docteur Mabuse, selon Michel Onffray, Docteur Freud- est que l'affirmation d'une autochtonie du national, de l'identité nationale, est entièrement liée, adossée, à la présence effective, en soi, dans le soi-même, de l'autre. Aussi, est-il préférable de laisser chuter cette «hypertrophie», ce trop-de-moi qui se réjouit de la maltraitance et hégémonie qu'il peut exercer, selon une impunité, juridiquement, internationalement condamnable, à l'encontre de celles et ceux qui ne seraient pas de cette terre-ci mais de celle-là, à quelques pas de la frontière des naissances de ci et des naissances de là.Si tel était le cas, nous serions, et peut-être les personnes qui souffrent de cette «hypertrophie» ravageante nous l'indiquent déjà, au seuil de dangereux retours et recours d'histoires fantasmatiquement dites, à cause des mots et maux qu'elles supportent et font supporter aux générations naissantes, présentes et futures, «nationales».
Il serait opportun de nous «dénationaliser» des histoires dites «nationales» non pour vivre dans un internationalisme tout aussi idéologiquement hypertrophié, dogmatique et daté, mais pour nous déprendre de ce que le recours au «national» peut engendrer
d'illusions, de destructions, humainement, culturellement, historiquement, violemment dommageables pour les générations présentes et futures qui en resteront, selon des modalités, certes, différentes et incommensurables, les unes aux autres, comme nous le fûmes nous-mêmes et le sommes aujourd'hui, si meurtries.
N. F.
* Ecrivain, psychanalyste, Paris.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.