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L'impossible : deux souches, être français et étranger ?
Questionnement sur l'identité de l'état, de la nation et de l'individu
Publié dans La Tribune le 14 - 09 - 2010

C'est bien parce qu'un Etat et une nation ne sont pas des données conceptuelles, réelles, imaginaires, politiques, sociales, culturelles, semblables que de multiples questions surgissent à propos de l'identité d'un Etat et de l'identité nationale et la contradiction entre ces deux données devient insupportable, voire dangereuse civilement et intellectuellement lorsque l'on passe confusément, politiquement, non seulement de l'une à l'autre, mais surtout lorsqu'on mêle, sans débrouillage, l'identité d'une personne à celle de l'identité d'un Etat ou d'une nation. Le placage, le rabaissement de l'une à l'autre ne peut que déchaîner des violences civiles meurtrières. Restons alors - affaire urgente pour le développement démocratique des sociétés, des Etats et des nations - sensibles à une question si actuelle et précieuse pour l'avenir des Etats et ouverts à un questionnement sur l'identité nationale pour autant que cette question touche à la violence interne, civile, que cette formule, politiquement séduisante et analysable, exerce : «Comment dénationaliser les histoires nationales.» C'est en ces termes que l'anthropologue comparatiste Marcel Detienne et non-baptiste, selon ses termes aussi concluait, en 2002, un de ses livres publié à la librairie du 21e siècle : comment être autochtone ; ce livre fut suivi de la publication d'un autre dans la même collection, très actuel, au printemps 2010 intitulé, cette fois, à la manière œdipienne L'identité nationale, une énigme. Entre-temps, années 2002-2010, que s'est-il passé en France pour que de l'un à l'autre de ces deux livres, la même critique traverse et analyse d'une façon préventive et bénéfique les constructions hâtives et si meurtrières de ce que l'on pourrait appeler une «autochtonie
nationale» qui nous apprendrait que, historiquement, généalogiquement, biologiquement, et non pas imaginaire ment, mythiquement, nous serions «sortis d'une terre» dite «nationale» et cela dès la naissance et même, poussons l'illusion plus lointainement, bien avant elle dans «un avant-l'avant», cette autochtonie pure venant à la place d'une naissance, de naissances ici et là, de parents d'ici et de là, eux-mêmes s'étant rencontrés sur une terre, des lieux, d'ici et de là, éloignés des lieux ravageurs, fantasmatiquement, idéologiquement, hélas politiquement morbides, intolérables, meurtriers, naissances imaginairement, toujours catastrophiquement en trop, incestuelles, insupportables, handicapantes, cruelles, inchangées ?«Sortis de la terre», nous serions comme plante vulgaire ou admirable, animal, pierre, aussi, pour nous aider à construire un monde où nous serions devenus solidaires de nous-mêmes et entre nous-mêmes, humains singuliers et pourtant, réécrivons le mot «solidaires» de cette terre autochtone aujourd'hui mondialisée qui a donné naissance à un ciel, des espaces, magnifiquement, solidairement, observés, interrogés, scientifiquement et stratégiquement pas toujours heureusement traversés. Ces découvertes et avancées du monde sont au-delà d'un monde perclus, atteint d'un mal, possiblement curable, de l'autochtonie première, celle qui cloître et arrime trait d'esprit ouverture, nécessité de penser à la motte de terre, pourrait-on dire, d'une identité close, en écharde, revancharde et fermée. Malheureusement, existe partout comme un traumatisme au fur à mesure envahissant, insidieux et persistant, cette autochtonie première, fermée, sans perspective, sans voyage, anti-Rom, anti-Tzigane, anti-étranger, anti-immigrés-émigrés, anti-tout, portant au cœur même de l'identité désirée, souhaitée, juridiquement, européennement, reconnue, l'expulsion, l'exil, aussi bien que l'emprisonnement, le châtiment de celles et ceux dont l'autochtonie voyageuse se déplace au gré et possibilités des terres émancipées, libérées des identités closes et, civilisation oblige, devenir oblige, condamnées.Aujourd'hui, nous sommes, humains que nous sommes, à ces lieux carrefours des identités partagées, face aux risques de nous trouver en régression, renvoyés aux chemins meurtriers d'œdipes contemporains, très politiquement officialisés. Choisirons-nous une autochtonie autre que celle-ci, permettant à l'ouverture, pour parler comme Rilke, de s'installer à l'intérieur de cette clôture-fermeture pour l'amener, lui faire passer le bac de l'universalité, celle qui ouvrit le monde pour toute une chacune, tout un chacun, de l'ici et de là, les deux souches de la motte de terre, à la nécessité d'une naissance autre que celle
qui fut, vis-à-vis de l'altérité première, si humiliante, négatrice, exterminatrice, mortelle.Le paradoxe, certainement insupportable pour la pensée et fiction d'une «hypertrophie du moi» - ces mots sont de Marcel Détienne et non de cet archaïque et détestable Docteur Mabuse, selon Michel Onffray, Docteur Freud- est que l'affirmation d'une autochtonie du national, de l'identité nationale, est entièrement liée, adossée, à la présence effective, en soi, dans le soi-même, de l'autre. Aussi, est-il préférable de laisser chuter cette «hypertrophie», ce trop-de-moi qui se réjouit de la maltraitance et hégémonie qu'il peut exercer, selon une impunité, juridiquement, internationalement condamnable, à l'encontre de celles et ceux qui ne seraient pas de cette terre-ci mais de celle-là, à quelques pas de la frontière des naissances de ci et des naissances de là.Si tel était le cas, nous serions, et peut-être les personnes qui souffrent de cette «hypertrophie» ravageante nous l'indiquent déjà, au seuil de dangereux retours et recours d'histoires fantasmatiquement dites, à cause des mots et maux qu'elles supportent et font supporter aux générations naissantes, présentes et futures, «nationales».
Il serait opportun de nous «dénationaliser» des histoires dites «nationales» non pour vivre dans un internationalisme tout aussi idéologiquement hypertrophié, dogmatique et daté, mais pour nous déprendre de ce que le recours au «national» peut engendrer
d'illusions, de destructions, humainement, culturellement, historiquement, violemment dommageables pour les générations présentes et futures qui en resteront, selon des modalités, certes, différentes et incommensurables, les unes aux autres, comme nous le fûmes nous-mêmes et le sommes aujourd'hui, si meurtries.
N. F.
* Ecrivain, psychanalyste, Paris.


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