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Ces amis de l'Algérie qui partent en silence
Hommage à André Prenant
Publié dans La Tribune le 19 - 12 - 2010

André Prenant, géographe de renom, auteur de nombreuses études sur l'Algérie, est décédé le 26 novembre 2010. Agé de 84 ans, il laisse une œuvre considérable.Difficile d'évoquer la mémoire d'un homme à la vie si riche, si intense et dont la disparition laisse un grand vide pour ses proches et tous ses amis, nombreux en Algérie, pays qui lui est particulièrement cher. Difficile d'évoquer André Prenant, tant les souvenirs se bousculent rendant les mots insuffisants et impuissants pour exprimer ce qu'il a été, ce qu'il a accompli. Il est des personnages qui obligent au respect et à l'humilité. Ainsi en est-il d'André Prenant, le chercheur exigeant, l'intellectuel engagé, l'ami toujours dévoué.Parmi les nombreuses portes d'entrée pour parler d'André, Sétif est sans doute une des plus pertinentes. Je l'avais invité en avril 1986 pour qu'il nous aide à mettre en place un programme de recherche en collaboration avec le Cread. Une semaine de séminaires, de sorties sur terrain, de discussions intenses qui se poursuivra en une collaboration permanente, une complicité constante, une amitié véritable. André Prenant aimait cette ville qu'il découvre pour la première fois en 1948 en compagnie de Jean Dresch dont il est alors l'élève ; une ville encore meurtrie par la terrible répression de 1945. Sétif et les nombreux Sétifiens (trois générations) qu'il aura connus lui rendront bien cette amitié. Il sera à plusieurs reprises invité dans des colloques organisés par la ville autour du 8 Mai 45. Lui, le résistant à l'occupation nazie (proche du colonel Fabien, il avait organisé un maquis, participé activement à la libération de Paris et fait partie des premières troupes qui sont entrées en Allemagne), venait à Sétif, non pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais les manifestations anticoloniales, nouvelle étape de son engagement.
Ce sont ces souvenirs sétifiens qui se bousculent, nos déambulations dans les rues de la ville, nos sorties dans les montagnes du Nord sétifois ou dans la vallée du Hodna. Ce sont ces multiples localités des hautes plaines de l'Est que nous avons sillonnées. Et qu'André, qui les avait connues dix, vingt ou trente ans auparavant, nous expliquait, nous montrant leur logique spatiale et nous incitait à découvrir ce qui fondait leurs dynamiques.Le charisme d'André Prenant ne laissait pas indifférent et nul n'était insensible à cette forte personnalité. Jusqu'au bout, il continuera à séduire, par la précision et l'ampleur de ses connaissances, ses auditoires renouvelés comme ce fut le cas lors de sa dernière venue à Sétif en 2005. Comment, à ce titre, ne pas citer ce témoignage reçu d'une jeune collègue qui, en apprenant le décès d'André, m'écrit : «J'ai eu l'occasion de rencontrer l'éminent géographe, ce passionné de l'Algérie en novembre 2005 lors d'un séminaire à Sétif, et je me considère comme chanceuse.» André, c'était un chercheur rigoureux, méticuleux et passionné. Son apport dans la production des savoirs est multiple, mais c'est d'abord la démarche innovante et féconde, qu'il met en œuvre, et le sens qu'il donne à la recherche géographique qu'il faut retenir.Les résultats qu'il publie régulièrement nous apporteront maints éclairages sur les rapports villes/campagnes, les mobilités et les migrations inter et intra-urbaines, l'armature urbaine et les phénomènes de périurbanisation, les dynamiques endogènes et exogènes des villes moyennes et petites, l'hypertrophie algéroise et le desserrement de l'habitat, ou encore les évolutions démographiques. Ces travaux ont ouvert de nouvelles perspectives et s'imposent comme des références incontournables. En fait, André Prenant a toujours eu un temps d'avance. Ce temps d'avance, il l'avait déjà quand il publiait en 1959, avec Yves Lacoste et André Nouschi, L'Algérie : Passé et présent, le cadre et les étapes de la constitution de l'Algérie actuelle, ouvrage qui fera date en inaugurant un autre regard sur l'Algérie coloniale. Il continuera à l'avoir, quand il abordera la question de la transformation des moteurs de l'urbanisation, du rôle de l'industrialisation ou de la macrocéphalie algéroise. Au moment où la recherche urbaine en Algérie connaît, enfin, un nouveau regain, connaître ou reprendre l'œuvre d'André Prenant est une nécessité. Chercheur lucide qui savait lire et anticiper les évolutions des structures urbaines et sociales, André Prenant était aussi un chercheur engagé. La géographie, écrivait-il, «doit être une ouverture sur le réel». Incontestablement, ces écrits sur la période coloniale, comme son remarquable article publié en 1953 sur «les facteurs de peuplement d'une ville de l'intérieur – Sétif», préfigure ce que l'on appelle aujourd'hui dans le monde de la recherche les postcolonial studies. Particulièrement connu dans les milieux universitaires algériens (où il enseigna avant et après l'indépendance), il maintiendra avec l'Algérie des rapports permanents tant par les nombreux séjours de terrain qu'il y effectua que par les relations scientifiques et amicales nombreuses qu'il maintiendra même, et surtout, dans les difficiles moments qu'a connus ce pays. André Prenant était aussi un intellectuel engagé, un militant communiste et anticolonialiste. Engagement qui allait de pair avec sa conception de la justice sociale et de la solidarité. André écoutait et recherchait en permanence l'avis des uns et des autres. André, qui, dans le privé, avait beaucoup de pudeur, tout en étant discret, savait être présent et communiquer sa chaleur et son optimisme. C'est un scientifique passionné d'Algérie, un ami qui s'est éteint.
S. B.
*Sociologue. Université de la Méditerranée, Iremam, Aix en Provence


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