C'est un véritable cri de colère que lance le mouvement El Islah contre le «black-out» médiatique imposé à ses activités par la télévision nationale. Le secrétaire général du parti, Djamel Benabdesslam, a tenu à dénoncer, hier, ce qu'il a qualifié d'«exclusion» pratiquée par ce média lourd à l'égard des formations nationales politiques, «à l'exception de quatre partis, notamment ceux de l'Alliance présidentielle qui bénéficieraient d'un traitement de faveur et d'une omniprésence dans les journaux télévisés, en sus des émissions spécialisées que diffusent les cinq chaînes de l'entreprise de la télévision nationale». «Au moment où, dit-il, le monde vit une véritable révolution des médias et où se met en place une communication entre les différentes civilisations et les peuples, en Algérie, les médias lourds nous sont fermés chaque jour davantage». Aussi, «depuis l'élection présidentielle de 2009, à laquelle El Islah a pris part, la télévision nationale fait l'impasse sur nos activités», affirme-t-il, et ce, en dépit de ses plaintes, dont celle adressée à l'ancien directeur de la télévision, avec lequel il affirme avoir eu une entrevue. En deux ans, «nous n'avons eu droit qu'à un passage lors d'une émission de la Chaîne II», devait-il indiqué en critiquant l'attitude des responsables de la télévision et du secteur qui useraient de critères «fallacieux» dressés devant les partis, comme la représentativité au Parlement obéissant beaucoup plus aux humeurs qu'aux lois en vigueur dans le pays. Pourtant, affirme Benbadesslam, El Islah a atteint une moyenne de 26 activités par mois, en citant quelques exemples, dont un rassemblement le 10 décembre dernier à Sidi Bel Abbès et un séminaire sur cheikh Sahnoune le jour d'après. De plus, dit-il, «nous avons des positions nationales qui défient les partis dits nationalistes, d'autres activités et positions sur lesquelles la télévision n'avait soufflé mot». Pour El Islah, «cette politique de fermeture est une atteinte aux avancées démocratiques depuis l'ouverture concédée par la Constitution du 23 février 1989», et de surcroît «ne profite ni aux gouvernants ni aux partis politiques et encore moins au peuple». Au contraire, cette politique serait «responsable de la montée des contestations populaires qui ont eu lieu ces derniers temps», considère le responsable du parti El Islah qui fait état d'une liste de 400 mouvements de ce genre. «Et que les responsables ne viennent pas les accuser de n'apparaître que lors des élections», a-t-il suggéré. En réclamant haut et fort l'accès aux médias lourds, particulièrement la télévision, le responsable du parti El Islah invite à la confrontation des programmes et des idées, en affirmant que malgré cette situation, son parti a connu un afflux massif de cadres et de militants durant les trois derniers mois. «Dans une dizaine de wilayas, nous avons reçu des centaines de cadres, y compris des partis de ces partis privilégiés». Même si cela est le résultat de solutions de «rechange», du passage aux télés étrangères, de rassemblements et de travail de proximité, il n'en demeure pas moins que la télévision dispose d'une audience telle qu'elle peut toucher 36 millions d'Algériens, lâche-t-il. Ce faisant, le SG d'El Islah affirme vouloir engager un forcing pour l'ouverture du champ médiatique en joignant ses revendications à celles des vingt-huit partis en activité, et plus spécialement les plus lésés. En réponse à une interrogation au sujet de la médiation avec Djaballah, le premier responsable d'El Islah a affirmé que la question n'est pas à l'ordre du jour, de même qu'il a dénié à l'ancien président du conseil national dudit parti le droit de convoquer un congrès extraordinaire. A. R.