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Guerre à l'issue incertaine en Libye
Malgré un rapport de force militaire nettement favorable à la coalition anti-Kadhafi
Publié dans La Tribune le 22 - 03 - 2011

Le départ du Guide libyen n'est pas inscrit dans la résolution 1973 du Conseil de sécurité mais il constitue le but principal et évident des alliés qui ont exclu pour le moment toute opération terrestre. Le départ du colonel devient une condition impérative pour éviter le risque de partition du pays ou pour assurer la mainmise sur les riches réserves pétrolières du pays, c'est selon. Déjà, au quatrième jour des frappes exercées dans un cadre outrepassant finalement les limites du mandat de l'ONU, les alliés sont dans le dépassement de l'objectif initial de créer une stricte zone d'exclusion aérienne. La coalition menée par Paris, Londres et Washington a été renforcée dès le premier jour par l'Espagne, le Danemark, la Norvège, la Belgique et le Canada, qui seront rejoints par le Qatar et l'Etat des Emirats arabes unis. D'ores et déjà, sur le plan purement militaire, le premier résultat des frappes aériennes menées par des avions ou à partir de navires et de sous-marins est l'arrêt de l'avancée des troupes libyennes sur Benghazi, où les combats auraient fait plus de 90 morts entre vendredi et samedi. Le refus d'entrer dans Benghazi pourrait relever tout aussi bien d'une décision tactique du colonel Kadhafi.Dès les premières heures, les Américains et les Anglais ont tiré plus de 110 missiles de croisière Tomahawk de longue portée, à faible signature radar, d'une charge de 450 kg et capables de frappes précises. Celles-ci visent des sites de missiles antiaériens, des radars, des centres de commandement, des nœuds stratégiques de communication, des chars et, en même temps, de détruire ou d'étirer les lignes de soutien logistique des unités de combat déployées aux alentours des villes dont les unités d'élite du colonel Mouammar Kadhafi veulent reprendre le contrôle.
Une balance militaire très déséquilibrée
Du point de vue de la balance militaire entre forces en présence, le rapport est fortement disproportionné entre une surpuissante armada aérienne alliée et une armée libyenne disposant d'un système de défense accusant un retard technologique indéniable. Au total, une centaine d'appareils sont engagés par la coalition qui dispose également sur place de moyens maritimes et d'une force aéronavale importants.Dans le détail, les Etats-Unis ont dépêché une vingtaine de chasseurs-bombardiers, dont des F15 et des F16 déployés sur la base de Sigonella, en Sicile, et utilisé aussi trois bombardiers furtifs B-2. Sur le plan naval, l'armée américaine a envoyé le porte-hélicoptères Bataan et deux navires de soutien, ainsi que deux destroyers lance-missiles en Méditerranée orientale, le Barry et le Stout, tous deux équipés de Tomahawk. Trois sous-marins, le Providence, le Florida et le Scranton, patrouillent par ailleurs aux larges des côtes libyennes. Pour sa part, la France, qui joue un rôle de premier plan en raison notamment de sa présidence du G8-G20, a utilisé jusqu'à présent une vingtaine d'aéronefs, des Rafale et des Mirage 2000, sur une centaine d'appareils mobilisés. Cette flotte est appuyée par des avions de surveillance Awacs, un porte-hélicoptères de type Mistral et, surtout, par le porte-avions Charles-de-Gaulle qui a appareillé de Toulon, dimanche. Ce bâtiment transporte 20 appareils, dont une quinzaine de chasseurs, en majorité des Rafale, ainsi que des Super Etendard, plus anciens, des hélicoptères et des Hawk-Eye qui sont des avions de contrôle aérien. De son côté, la Grande-Bretagne dispose d'un nombre indéfini de chasseurs-bombardiers Eurofighter et Tornado GR4. En même temps, d'avions de reconnaissance et de surveillance Sentinel, Nimrod et Awacs. Ce dispositif est complété par un appui naval représenté pour l'instant par deux frégates, Westminster et Cumberland, actuellement en Méditerranée, pouvant tirer des missiles de croisière Stormshadow.Avec une présence plus modeste, le Canada a mobilisé sept chasseurs-bombardiers F18 à long rayon d'action alors que la Belgique a promis d'engager quatre des six chasseurs F16 opérationnels, ainsi qu'un navire chasseur de mines. Le Danemark a, quant à lui, annoncé l'envoi de quatre avions de chasse F16, deux avions de combat de réserve et un appareil de transport. Son voisin norvégien a prévu la mobilisation de six F16.Face à cet impressionnant dispositif qui risque d'être renforcé en fonction des bilans d'étapes qui seront réalisés, l'armée libyenne oppose 120 000 hommes environ répartis entre les différents corps d'armes, les unités d'élite commandées par les fils du colonel Kadhafi, les brigades de mercenaires africains et musulmans et les milices populaires dont le nombre, 50 000, n'est pas inclus dans l'effectif global de l'armée. Disposant d'équipements en partie obsolète, acquis auprès de l'ex-Union soviétique durant les années soixante-dix et quatre-vingt, l'armée libyenne compte, selon un rapport récent de l'Institut stratégique de Londres (IISS), sept brigades de défense du régime dont la 32ème, force d'élite commandée par Khamis Kadhafi, dix bataillons de chars, dix bataillons d'infanterie mécanisée, dix-huit bataillons d'infanterie, six bataillons de commandos et vingt-deux bataillons d'artillerie. Elle disposerait aussi de sept brigades de défense antiaérienne armées notamment de missiles SA de différentes portées, connus aussi sous le nom de code Otan Sam.Les principales bases terrestres de l'armée libyenne sont situées à El Adem, Ajdabia, Ghat, Misratah, Aouzou, Al Bayda et Benghazi, fief des brigades El Fadil et Essabil dont une partie des effectifs auraient rejoint les insurgés. Les forces aériennes comptent, quant à elles, treize bases dont les plus importantes sont celles d'Okba Ibnou Nafaa, à Tripoli, anciennement base américaine de Weelhus, Bénina, à Benghazi, récupérée par les rebelles, Syrte et Sebha. Les forces aériennes possèdent 40 Mirages F1 achetés dans les années soixante-dix à la France, 22 Mig 17, 40 Mig 19, 68 Mig 25, et un nombre indéterminé de Mig 23 et de Sukhoi 24, supersoniques d'attaque, acquis auprès de l'ancienne URSS et de la Russie qui lui a livré également 90 Sukhoi 22, avions d'attaque au sol.S'agissant de la marine, on dénombre six bases à El Khoms, Tripoli, Misratah, Benghazi, Derna et Tobrouk. Sans préjuger de l'état de vétusté des matériels et des capacités opérationnelles, les forces navales libyennes disposent notamment de six sous-marins de classe SSK-Foxtrot, de fabrication soviétique, six corvettes classe Nanuchka, bien armées, quatre corvettes italiennes classe Assad, tout aussi bien armées, deux frégates Koni russes, sept vedettes rapides d'attaque, douze vedettes lance-missiles OSA, dont six opérationnelles et, enfin, neuf dragueurs de mines classe Natya.La défense antiaérienne a surtout des missiles sol-air SA, de type 2, 3, 5, 7, 8, 9 et 13, et, surtout, les SA200, plus sophistiqués. Selon l'IISS, on enregistrait en 2009 300 SA-2, 250 Sa-3, 380 SA-5 et 70 S200 Angar-Dubna, de longue portée, à moyenne et à haute altitude. On compte aussi 380 9K38 Igla, missiles portatifs à guidage à infrarouge, 278 9K34 Strella-3, et 200 ZSU-23-4 Chilka, blindés chenillés à canons automoteurs, et leur ancienne version, le ZSU-57-2.
Orgues de Staline et Scud
L'armée libyenne bénéficie d'autre part de missiles anti-chars, 400 au total, notamment des Milan et des Crotales français et des AT3, AT4 et AT5 russes. Sans compter des Frog7, missiles guidés et montés sur véhicules à roues et des Scud B dont elle compterait près de 400 unités. S'y ajoute un grand nombre de lance-roquettes multiples de 107, 122 et 152 mm, essentiellement des BM11 et des B21 de type Grad, connus sous le célèbre nom d'orgues de Staline, ainsi que des RM70 Dana, lance-roquettes multiples de moyenne et longue portée (à plus de 100 km), installés sur véhicules de fabrication tchèque. Son artillerie aurait acquis quelque 2 421 pièces tractées et sur roues, dont 444 de 122 mm et 130 canons 2S1 russes, de 18 km de portée et de calibre 122 pouvant tirer aussi des obus explosifs à fragmentations. Elle aurait aussi un peu plus de 500 mortiers de 82, 120 et 160 mm, toujours selon l'IISS de Londres. Quant à l'artillerie antiaérienne, elle dispose, entre autres, de canons S60 de 57 mm et de canons ZSU-23-4 et ZSU23-2 russes. Elle est également équipée de canons tchèques Braga M53/M59 et de canons suédois Bofors de 40 mm. Sans oublier un grand nombre de mitrailleuses lourdes DSHK, dites Douchkas, des KPV, des SG43 Goryounov et un nombre incalculable de lance-roquettes RPG7 et SPG9, ainsi que des 9K32 Strella-2, toutes de conception russe.L'arme des blindés compte 200 T72, 100 T62, 500 T55 et 1040 T54 et T55, sans compter un nombre indéterminé de T80 et de T90, chars d'assaut plus modernes, que l'armée libyenne aurait ou pas encore acquis, conformément à des contrats militaires de 4 milliards de dollars avec la Russie, suspendus après l'embargo décidé par l'ONU, le 27 février dernier. Il y a aussi des véhicules blindés, dont 70 EE-9 Cascavel de reconnaissance, des VAB de fabrication brésilienne, et 100 BMP1 d'origine russe, auxquels s'ajoutent 750 BTR50 et BTR60, blindés de transport russes. Même avec un important arsenal, impressionnant sur le papier, l'armée libyenne apparaît aujourd'hui comme un tigre en papier. Malgré son implication dans le conflit militaire au Tchad durant les années 80, on n'a jamais pu vraiment vérifier ses capacités opérationnelles réelles et sa force de projection sur les théâtres d'opération. Difficile donc de prévoir si elle tiendrait le choc ou si elle s'effondrerait assez rapidement sous le déluge de bombes et de missiles de la coalition occidentale appuyée par les avions de Qatar et des Emirats arabes unis.
Quatre scénarios d'évolution sont possibles
(((Le premier prévoit un effondrement rapide du régime. Après seulement quelques jours de frappes intensives sur des cibles multiples en différents points du territoire, l'armée de Kadhafi est mise en déroute. Les bombardements pourraient alors réduire en ferraille l'arsenal libyen, déjà en grande partie obsolète. Rejoints dans ce cas par d'anciens loyalistes, les opposants prennent une ville après l'autre. En même temps, l'offensive internationale, de plus en plus soutenue, serait également susceptible de provoquer des dissensions parmi les fidèles du colonel. Le Guide de la Jamahiriya, acculé, annonce alors qu'il quitte le pouvoir comme l'a fait avant lui le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali.Ce scénario, qui paraît plausible, est toutefois à modérer : la psychologie des généraux libyens et la motivation des troupes sont deux vraies inconnues. Et il est difficile de prévoir que Kadhafi abandonnerait aussi facilement le pouvoir ou se suiciderait. Au quatrième jour des frappes, la situation a peu évolué, à l'exception de l'arrêt de la contre-offensive de l'armée de Kadhafi contre les villes insurgées. (((Ce scénario, s'il venait à se concrétiser, éviterait aux alliés de prévoir l'étape 2, c'est-à-dire la solution politique. Dans ce cas de figure, l'armée libyenne décimée, le Guide décrète un cessez-le feu réel et se déclare prêt à négocier une transition pacifique. Cette porte de sortie est d'ailleurs encore ouverte par les présidents français et américain qui n'ont pas exclu, tant que cela serait possible, une transition ordonnée. Mais avec quels interlocuteurs ? Hormis la France, aucun Etat occidental ou arabe n'a reconnu formellement comme interlocuteur exclusif le Conseil national de transition libyen. Du moins jusqu'à l'heure actuelle.
(((Le scénario trois, tout aussi crédible, prévoit un enlisement du conflit. Dans cette possibilité, les frappes aériennes et les tirs de missiles à partir de la mer affaiblissent l'armée libyenne sans la mettre à terre. Sur le terrain, les rebelles, inexpérimentés, sous-équipés et désorganisés, malgré l'armement qui leur aurait été acheminé d'Egypte, ne parviennent pas à prendre un avantage décisif. Le conflit menace alors de s'enliser et de s'éterniser. Ce scénario dépendra aussi de l'intensité des frappes. Car si l'on assiste à des opérations visant uniquement à desserrer l'étau autour des villes cernées par les forces loyalistes, sans déstructurer le régime et son armée, on aurait seulement abouti à un rééquilibrage des forces libyennes en présence.La situation serait par exemple très compliquée si les forces de Kadhafi parvenaient à occuper les villes de l'Est ; ce qui rendrait quasiment impossible des frappes dans des agglomérations où le colonel aurait installé des boucliers humains. Faute d'engagement terrestre des alliés, les combats se prolongeraient sans que l'issue en soit certaine.Dans un tel scénario, l'enlisement risque d'aboutir à la partition de facto du pays. On reviendrait alors à l'ancienne frontière entre Tripolitaine et Cyrénaïque. Le colonel Kadhafi pourrait s'accommoder de cette division plutôt que de capituler en rase campagne. (((Le dernier scénario serait celui de la guerre totale qui dure. Après avoir investi les villes rebelles, le colonel Kadhafi et ses unités d'élite menacent d'écraser définitivement les insurgés. Dans ce cas, la communauté internationale, malgré ses divisions, demande à l'ONU d'autoriser une intervention terrestre. Il est à craindre dans cette hypothèse un scénario à l'irakienne où les armées alliées, engagées sur un vaste théâtre d'opérations, terrain boueux par excellence, feraient face à un engrenage entre guérilla urbaine, guerre des sables et terrorisme. Le pire des cauchemars pour une coalition militaire engagée dans une opération où elle aurait joué le rôle d'un apprenti sorcier qui aurait joué allégrement avec le feu.
N. K.


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