Photo : M. Hacène Par Mekioussa Chekir Comme programmé dans sa feuille de route, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, la CNCD-Barakat (version Me Bouchachi), a tenu hier son meeting à la salle Atlas de Bab El Oued, au cours duquel ses animateurs sont revenus à la charge quant aux revendications brandies depuis plusieurs semaines et dont la principale consiste dans le changement du système en place. Et c'est ce qui fera le consensus de différentes interventions ayant ponctué la rencontre d'hier à laquelle ont répondu des dizaines de personnes, dont des militants et autres sympathisants des organisations et associations composant ladite coordination.Profitant du retard de près d'une heure accusé pour le début de la manifestation, des jeunes, banderoles en mains, ont scandé des slogans hostiles au système et aux gouvernants : «155 milliards» (les réserves de changes, ndlr), «Barakat l'injustice !», «les jeunes veulent le changement du système», «oulach smah oulach !». Les familles de disparus organisées au sein du collectif (CFDA) qui porte leur nom ont joint leurs voix pour dénoncer : «Notre justice est traître, nous irons au TPI !»…D'emblée, l'un des animateurs de la CNCD insistera sur la volonté de changement «radical» du système exprimée par la société algérienne. «Ce système a fait de vous des jeunes de l'état d'urgence, car, même si le pouvoir a annoncé la levée de celui-ci, les faits démontrent que les Algériens n'ont pas le droit de marcher, ils n'ont pas toutes leurs libertés !». Et de noter que, le 12 février, date de la première tentative de marche à laquelle avait appelé la CNCD «unifiée», a permis de briser le mur de la peur et de promettre que la mobilisation n'était pas près de s'essouffler. «Cela fait trois mois que le pays est en ébullition mais il n'y a ni président de la République ni chef du gouvernement, aucun d'entre eux n'a daigné s'adresser au peuple !» fera-t-il remarquer, par ailleurs. Idir Achour du CLA tient à noter que la coordination représente les attentes de tout le peuple algérien, lequel, selon lui, est constitué de deux catégories : une minorité qui est dans les sphères du pouvoir et qui jouit d'énormes richesses et celle qui peine à joindre les deux bouts, qui trime, qui chôme, qui s'immole, qui tente la «harga»… «Tout cela ne changera qu'avec le départ du système actuel car il ne suffit pas de mettre une personne à la place d'une autre !» Le représentant du Satef tient à rendre un hommage aux jeunes de Bab El Oued, dont le sacrifice, un certain 5 octobre 1988, a permis aux Algériens d'arracher quelques acquis. Et un autre hommage pour un enfant du quartier qui a milité à sa manière dans le cadre du CLA, le défunt Redouane Osmane, en l'occurrence. Pour cet intervenant, le pouvoir est en train de terroriser la population en brandissant le spectre du retour aux années de terrorisme afin de l'empêcher de revendiquer ses droits. Et M. Azouaou, président de l'Association des victimes d'Octobre (AVO), de noter que le combat des Algériens ne date pas de 2011 mais de 1963, en rappelant les principales dates de ce militantisme pour les libertés individuelles et collectives, dont celle de 1980 qui avait marqué la lutte pour la cause berbère.Pour le meeting d'hier, la CNCD Barakat a jugé utile de coller aussi à l'actualité environnante et de convier un ressortissant syrien résidant en Algérie à parler de la situation qui prévaut dans son pays. Djalal, l'intervenant, la soixantaine environ, dira que le régime de Bachar El-Assad est classé au top des pouvoirs dictatoriaux dans le monde arabe. Notant que ses concitoyens ont payé un lourd tribut pour leurs revendications démocratiques (200 morts en 4 jours), l'orateur estime que le régime d'El-Assad et ceux d'autres du monde arabe n'aiment pas faire des concessions de peur de s'effondrer et en raison de la corruption qui les gangrène. Et les jeunes présents dans la salle de scander : «El-Assad assassin», «nous sommes tous des Syriens».