Tous les regards seront braqués, le 1er juin prochain, vers Zurich, en Suisse, où se déroulera le congrès de la FIFA, la toute-puissante Fédération internationale de football, avec comme ordre du jour l'élection de son président. Un événement de premier ordre qui sera suivi par tous les observateurs de la scène footballistique mondiale. L'actuel numéro un de l'instance internationale, le Suisse Joseph Sepp Blatter, brigue un quatrième mandat. Il a comme adversaire le président de la Confédération asiatique de football (AFC), le Qatari Mohamed Ben Hammam. Un duel intéressant à suivre même si, a priori, le Suisse a les faveurs des pronostics. Bien évidemment, cet événement a été entaché, comme c'est de coutume à la veille de chaque rendez-vous important de la FIFA, d'accusations de corruption lancées par Lord David Triesman, ex-président du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018. Même si certains y voient une volonté de «revanche» de la part des Anglais, qui n'ont pas encore «digéré» leur défaite dans la course à l'organisation du Mondial 2018, attribuée à la Russie, néanmoins la multiplication de ces polémiques ne fait qu'accentuer les doutes quant à un certain «laxisme» dans le contrôle de l'argent du football. En tout cas, ces dernières accusations ne semblent pas altérer le moins du monde la campagne de Blatter qui a, d'ailleurs, demandé au journal britannique de publier ses preuves. «Je suis là pour remettre le football sur les rails. Après les turbulences, plus que des perturbations, du mois d'octobre, je pensais que je pouvais tranquillement aller au congrès électif et annoncer mon plan tolérance zéro, sur lequel j'ai d'ailleurs commencé à travailler, avec le renforcement des outils juridiques et éthiques, et puis mon idée d'un conseil de sages avec des personnalités venues hors du monde du foot. Et maintenant ! Qu'est-ce qui nous arrive dans les mains avec cette enquête parlementaire britannique ? Ou bien il n'y a pas de preuves et on classe l'affaire, mais on ne classe pas les dires de M. Triesman, ou on ouvre tout de suite une enquête avec la commission d'éthique», a-t-il déclaré. Et c'est justement ce terrain que Ben Hammam compte exploiter dans sa campagne. Il y a de cela quelques jours, celui-ci a effectivement déclaré que l'image de la FIFA a été «salie» sous la présidence de Blatter. «Il est usé, il n'a pas de vision pour la FIFA», a-t-il ajouté à propos du Suisse. Ce dernier bien évidemment n'a pas tardé à réagir. Blatter a estimé que l'élection de Ben Hammam à la tête de la FIFA serait «dramatique» pour l'avenir de l'instance internationale. «La survie de la FIFA est en jeu. L'organisation du football mondial tel qu'il est aujourd'hui disparaîtra dans un trou noir», a-t-il encore déclaré. Un langage assez virulent qui renseigne sur l'âpreté de la bataille entre les deux hommes. Mais globalement, comme signalé auparavant, tous les pronostics vont en faveur de Joseph Sepp Blatter. Plusieurs confédérations lui ont déjà exprimé leur soutien, même, précisons-le, celles-là ne font que préconiser à leurs associations membres de voter pour lui. Dans le fond, chaque président de fédération votera «tout seul». Et là, des surprises ont déjà eu lieu par le passé. Ainsi, l'Union européenne de football (UEFA) a exprimé officiellement son soutien à Blatter. De même pour la CAF. «Le soutien de Michel Platini, président de l'UEFA, est un signe très fort. J'ai aussi reçu le soutien de l'Océanie, de l'Amérique du Sud, de la Concacaf indirectement, et j'ai parlé avec le président de la Confédération africaine qui m'a dit : l'Afrique ne peut pas oublier ce que vous avez fait pour elle», a déclaré confiant Blatter. Sur le terrain, chaque candidat est en train d'effectuer un lobbying sans pareil pour arracher des voix. Si le Suisse use de son «poste» pour se donner à une activité intense ces dernières semaines, le Qatari de 61 ans est également très actif sur le terrain. Ben Hammam a effectué plusieurs déplacements ces derniers temps, comme se fut le cas, à la mi-mai, en Tunisie. Il est sans rappeler que le président de la Confédération asiatique a exprimé son désaccord avec Blatter, en ce qui est de la gestion des affaires footballistiques, depuis plusieurs années déjà. Même s'il a été un allié du Suisse durant les premières années de son règne, Ben Hammam a commencé à prendre ses distances à partir du second mandat de Blatter. Ce dernier avait pris la tête de la FIFA en 1998. Par la suite, il a été réélu en 2002 et 2007. Âgé de 75 ans, Blatter a annoncé qu'il ne briguerait pas un autre mandat en 2015 si jamais il est réélu cette fois-ci. En tout cas, Ben Hammam mise sur la volonté de certains pays membres de la FIFA de voir arriver des changements, sur tous les plans, au niveau de l'instance internationale. Cette élection nous donnera des indications sur la question. A. G. Les statuts de la FIFA Article 23 : Droit de vote, délégués, observateurs 1. Chaque membre dispose d'une voix au congrès. Seuls les membres présents peuvent voter. Ils sont représentés par leurs délégués. Ils ne peuvent voter ni par procuration ni par correspondance. 2. Les délégués au congrès doivent faire partie de l'association membre qu'ils représentent et être nommés par l'instance compétente de cette association. 3. Les représentants des confédérations peuvent participer au congrès en qualité d'observateurs. 4. Pendant la durée de leur mandat, les membres du comité exécutif ne peuvent être désignés comme délégués de leur association. 5. Le président dirige le déroulement du congrès conformément au règlement du congrès. Article 24 : Candidats à la présidence de la FIFA 1. Seuls les membres sont habilités à proposer des candidats à la présidence. Ils doivent communiquer par écrit le nom de leur candidat au secrétariat général de la FIFA au moins deux mois avant la date du congrès. 2. Le secrétariat général communique aux membres les noms des candidats proposés au moins un mois avant la date du congrès. Article 27 : Election, autres décisions, majorité requise Pour l'élection du président, sont nécessaires au premier tour deux tiers des suffrages valablement exprimés. Pour le second tour et les éventuels tours suivants, la majorité absolue des suffrages exprimés est suffisante. Dès le second tour, et pour autant qu'il y ait plus de deux candidats, sera en outre éliminé après chaque vote celui ayant obtenu le plus petit nombre de voix et ce, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus en lice que deux candidats. Article 30 : Composition, élection du président, des vice-présidents et des membres Le président est élu par le congrès dans l'année qui suit la Coupe du monde. Le mandat a une durée de quatre ans. Il commence à la fin du congrès au cours duquel le président a été élu, et peut être renouvelé. Article 32 : Président 1. Le président représente légalement la FIFA. 2. Il est notamment responsable : a) de la mise en œuvre des décisions du congrès et du comité exécutif par le secrétariat général; b) du contrôle des travaux du secrétariat général; c) des relations entre la FIFA et les confédérations, les membres, les instances politiques et les organisations internationales. 3. Le président est seul habilité à proposer la nomination ou la révocation du secrétaire général. 4. Le président préside toutes les séances du congrès, du comité exécutif, du comité d'urgence et des commissions dont il a été nommé président. 5. Le président vote au comité exécutif et, en cas d'égalité des voix, la sienne est prépondérante. 6. En cas d'absence ou d'empêchement du président, ses pouvoirs sont exercés d'office par le vice-président disponible et le plus longtemps en fonction. 7. Les autres compétences du président sont fixées dans le règlement intérieur de la FIFA.
