De notre correspondant à Constantine A. Lemili Moins d'un mois après le décès de son directeur, le CHU Constantine renoue avec «l'anarchie», selon A. L., membre de la coordination de l'établissement. Du décès suspect d'un patient à hauteur du service de dermatologie au laisser-aller graduel dans une quasi-majorité des structures que feu Hocine Benkadri s'était attelé à «humaniser» en passant par «la destruction dans des conditions douteuses de 143 poulets dans la journée de mercredi passé», l'important établissement semble revenir aux travers qui ont contribué à sa réputation peu reluisante au sein de la population locale.A hauteur du CHU où nous nous sommes rendus lundi passé, des langues se sont déliées notamment parmi les travailleurs qui ont totalement adhéré aux voies et procédures de travail installées durant ses cinq mois de gestion par le Pr Benkadri, décédé consécutivement à un arrêt cardiaque dans son bureau le 26 avril passé. Le défunt était parvenu à instaurer, non sans grande résistance, discipline, rigueur et surtout respect du malade en faisant preuve de tact mais aussi de fermeté pour éliminer progressivement les mauvaises habitudes de l'ensemble du personnel sans distinction de fonction. La Tribune s'était fait l'écho la fin de l'année écoulée de ce qui a été apparenté aux «écuries d'Augias» suite à la vaste opération de réhabilitation du CHU entamée par le défunt, lequel, en l'espace de cinq mois, avait totalement relooké les lieux, réinstallé la notion du travail bien fait, remis en confiance les personnes hospitalisées et leur entourage et surtout fait aboutir tout cela sans trop heurter la sensibilité de «certains». Bien entendu, d'aucuns parmi les centaines de travailleurs sont unanimes à dire : «Il a chèrement payé le tribut de son acharnement à vouloir rendre les choses à leur normalité.»Quoi qu'il en soit, au CHU qui est actuellement dirigé par intérim par sa secrétaire générale, tout ne va pas pour le mieux. «Mardi, un drame a sans nul doute été évité aux malades auxquels on s'apprêtait à faire manger du poulet avarié dont j'avais pourtant signalé et surtout déconseillé l'usage compte tenu d'une visible décomposition largement justifiée par les odeurs exhalées», nous dira au téléphone Mlle A. L., responsable chargée de veiller sur la qualité des repas servis aux malades et de l'hygiène en général. Bien entendu, la chaîne hiérarchique n'a pas tenu compte de ce conseil,plus particulièrement le dépensier qui n'en fera qu'à son gré, ordonnant au cuisinier de ne pas tenir compte de l'instruction de la responsable. La Tribune dispose du rapport (18 mai) du cuisinier mettant en cause le dépensier dont il n'a fait que respecter l'instruction de passer à cuisson ledit poulet.Finalement ce ne sera que sous la menace de la responsable de la restauration et l'hygiène d'alerter l'opinion publique via la presse que le produit sera précipitamment retiré, transporté à bord d'un camion d'ordures pour être détruit sans respect des procédures habituelles. C'est-à-dire, incinération après constat consigné par P.-V. et forcément les conclusions des services concernés par l'analyse épidémio-bactériologique dont les agents ont constaté de visu environ 250 kg de poulet évaporés dans la nature par la suite. N'en démordant pas, la responsable de la restauration et l'hygiène informera le 17 mai la directrice, laquelle enfin, compte tenu de la dimension que prenait cette affaire, réunit ses collaborateurs les instruisant de l'ouverture d'une enquête.Et c'est bien Mme Meguelati, la directrice par intérim, jointe par téléphone dans la même matinée qui, plutôt très agressive, confiera, d'une part, n'être «au courant de rien», nous invitant dans la foulée à nous rapprocher de la cellule de communication et se contredisant, et qui soulignera qu'elle «a chargé une commission de faire la lumière sur cette histoire». En fait, bien avant de prendre attache avec la première responsable, nous avons tenté, en vain, de nous rapprocher du directeur de la communication, «régulièrement» absent de son bureau et ne répondant pas à nos appels sur son téléphone mobile.Nonobstant ce dédale, une fois joint, celui-ci nous dira également «tout ignorer», s'engageant toutefois à «réunir toutes les données et nous rappeler». Il le fera effectivement en fin d'après-midi du mercredi au motif qu'il aurait été «…retenu pour des raisons plus urgentes», confirmant toutefois la réalité de l'information en précisant : «… Effectivement une certaine quantité de poulets avariés a été détruite après constat. Cet état de fait répond néanmoins à la disponibilité d'une quantité appréciable de poissons dont les services concernés ont privilégié, avant que celui-ci ne soit plus impropre à la consommation, l'usage aux fins de restauration des malades.» En fait de poisson, nous saurons qu'il s'agit de sardines (24 cageots) et de deux grosses pièces saisies et remises au CHU selon les voies et procédures dont dispose la réglementation.Quant au malade résidant au niveau du service dermatologie et décédé en salle de réanimation dans des conditions pour le moins suspectes selon nos sources, son épouse évacue d'un revers de main les arguments avancés par l'administration et évoque plutôt une négligence du personnel. D'où la menace de plainte qu'elle a brandie lorsqu'elle a appris le décès de son époux.