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Marx à Hydra
Publié dans La Tribune le 09 - 08 - 2011

Il y a bien dans l'injection de béton armé en lieu et place d'un des éco-poumons d'Alger plus qu'une question d'aménagement autoritaire de la ville. Oui, mille fois oui, on peut voir dans le combat épique et intelligent des 5 000 locataires de la Cité du Bois-des-Pins contre la construction au forceps d'un parking de voitures, l'expression algéroise d'une certaine lutte de classes. Une lutte des classes qui ne veut pas dire encore son nom. Mais qu'on ne s'y trompe guère, elle oppose déjà des échantillons représentatifs d'une classe de salariés prolétarisés à une nouvelle bourgeoisie qui avance à visage masqué, à coups de bulldozer et de matraque, et sous couvert de projet d'«embellissement» de la capitale. Du haut de la butte surplombant le Bois-des-Pins décimé, c'est Karl Marx qui contemple les tensions et les enjeux générés par un projet d'embourgeoisement d'un quartier d'Alger qui entend rester chic. Un hypercentre de la richesse et du pouvoir, dont les résidents nantis ont de plus en plus du mal à tolérer la présence d'une cité populaire perçue comme un chancre urbanistique. Le Comité des sages de ladite cité, composé de dignes représentants de la classe moyenne paupérisée, en est même convaincu. Car en droit, il y a un principe de base qui dit que «pas d'intérêt, pas d'action». Simple comme un coup d'engin de terrassement ou de gourdin au Bois-des-Pins. Or, les locataires, qui rêvent leur cité en écoquartier, estiment que la construction du parking est l'arbre qui cache la forêt. Pour eux l'implantation du parking serait un cheval de Troie en bêton permettant de récupérer l'assiette foncière qui pourrait accueillir plus tard des projets immobiliers dits de grand standing. Vu que l'argent appelle toujours l'argent, on finirait bien un jour par chasser «les petites bourses de la commune des riches», selon la cruelle formule d'un des habitants de la cité. Comme dans les grandes villes européennes, à l'exception de Barcelone, cité de la mixité sociale, le Veau d'or finit toujours par renvoyer les couches pauvres et moyennes vers la périphérie de la ville. On achève bien les chevaux pauvres pour rendre le centre riche socialement plus homogène et urbanistiquement plus cohérent. A l'image du nouveau quartier de Saïd Hamdine, épicentre de la bourgeoisie beggariste où l'étalage des fortunes, acquises à la vitesse d'un pizzaïolo combinant une pizza, a aujourd'hui la couleur de ses tristes bâtisses néostaliniennes. Quid alors des 5 000 locataires de la Cité du Bois-des-Pins ? Un jour ou l'autre, on invoquera fatalement une certaine utilité publique qui fait fi de l'écologie urbaine et de l'exigence de mixité sociale, pour les chasser de leurs immeubles. D'ailleurs, par un extraordinaire effet du hasard, les bâtiments de la cité, en bien meilleur état que les nouveaux immeubles de la périphérie d'Alger, ont été classés «Orange 4», marqueur indélébile de la vétusté avancée et du haut risque sécuritaire. Un rang qui les destine automatiquement à la démolition. Comme certains locataires de la cité, du haut d'une de ses robustes barres HLM, Karl Marx contemple l'eczéma provoqué par l'arrachage des arbres centenaires, avec la douleur que provoque un ulcère au ventre. Comment alors s'étonner devant ces expressions d'un aménagement brutal de la ville alors même que l'européanisation d'Alger la musulmane est passée par la préservation ou l'aménagement des constructions mauresques ? Notamment les splendides djenanes tels le Bordj d'Hydra (siège actuel de l'ambassade de France) ou Dar Tchekiken, joyaux architecturaux du Fahs algérois à Hydra même. Lors de son voyage à Alger, en 1939, Napoléon III fait une enquête personnelle qui a pour résultat d'arrêter les démolitions de la vieille ville. A cette date, la partie basse de la citadelle algéroise tendait à disparaitre en raison des démolitions et des expropriations. Le rapport de l'empereur conbclura que la haute ville devait rester telle qu'héritée de la Régence turque, ce qui a permis de conserver en l'état l'extraordinaire Casbah. A la suite de l'Empereur, les Français s'étaient aperçus de la difficulté de greffer une ville européenne sur une ville musulmane. On conserva donc le cachet architectural musulman et c'est ainsi qu'est né le style néo-mauresque. Et, bien avant, l'Alger européen imaginé par l'architecte Charles Fréderic Chassériau qui est à Alger ce que le baron Haussmann est à Paris. Ces deux éminences grises avaient donné à Paris et à Alger la noblesse de la pierre taillée et bien agencée. Les excellences médiocratiques et bureaucratiques algériennes, en charge de l'embellissement de la capitale, elles, injectent du béton et ensuite font parler la trique.
N. K.

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