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Les habitants parlent d'un «plan d'embourgeoisement de la capitale» Alors que la wilaya inclut le parking du Bois-des-Pins dans un plan d'embellissement d'Alger
L'affaire du Bois-des-Pins d'Hydra n'est pas prête de connaître son épilogue. De par l'originalité de la revendication, la violence de la répression, l'inanité des responsables locaux, la localisation géographique et sociologique du conflit et sa durée dans le temps, le désaccord qui oppose les 5 000 habitants de la cité hyponyme à la wilaya d'Alger prend l'allure d'une lutte entre David et Goliath. David obstiné et procédurier contre Goliath régalien et imbus de son autorité. Il est étonnant de voir comment une opération d'aménagement urbain, censée faciliter la vie des citoyens, se transformer dans un environnement d'opacité et de suspicion partagée, en conflit ouvert et sanglant. Alors que les politiques appellent à l'esprit citoyen, que les assises nationales de l'urbanisme tenues en juin dernier ont appelé à intégrer le facteur habitant dans la gestion des espaces, voilà qu'un acte éminemment citoyen se voit opposer la matraque. Les révoltés du Bois-des- Pins n'ont pas affronté les forces de l'ordre pour revendiquer un toit, un emploi ou un bidon d'huile. Ces autres habitants d'Hydra, ont décidé de s'élever contre la décision de la wilaya de transformer les 11 000 m2 de l'espace boisés, tant apprécié et protégé par tous les voisins, en parking pour véhicules. Les services de la wilaya d'Alger, au bout du deuxième round de contestation, le 4 août dernier, qui a encore fait des blessés et s'est soldé par des arrestations de jeunes, creusant davantage le fossé entre gouvernés et gouvernants, expliquent, dans un communiqué, que le projet fait partie d'un plan d'ensemble pour le «développement et l'embellissent de la capitale». Le parking à étage du Bois-des-Pins est l'un des 7 en cours de réalisation dans ce cadre. Mais le choix de cet espace distant de 4 mètres de la façade d'un immeuble d'habitation interpelle les esprits les moins avertis. «Le problème n'est pas l'espace en lui-même. C'est ce qui se cache derrière» dénonce un habitant qui explique que le projet structurant dont parle la wilaya «n'est pas l'embellissement de la capitale, mais son embourgeoisement. Nos immeubles sont classés Orange 4, soit presque à détruire, alors qu'ils ne sont même pas fissurés. Le véritable projet du Bois-des-Pins, c'est de liquider la cité et réussir ainsi d'une pierre deux coups. Récupérer l'espace de terrain pour construire plus tard des promotions immobilières de grand standing et nous chasser, nous petites bourses de la commune des riches» poursuit-il. Ainsi donc, la lutte s'opère à plusieurs niveaux. Un de salubrité publique : l'exiguïté des appartements et la pollution ont atteint un tel seuil qu'un espace vert est une exigence presque vitale. Un niveau de lutte des classes, où les niveaux de vie s'opposent et se repoussent au détriment des moins cossus. Un autre de revendication de droit car, très procéduriers, les habitants du Bois-des-Pins ont introduit une action en justice dont le verdict est attendu pour aujourd'hui. Une initiative qui a reçu le soutien de plusieurs personnalités historiques et politiques. Et un dernier niveau, plus brutal, plus chaotique, qui oppose épisodiquement les jeunes de la cité aux forces de l'ordre. Ces dernières usant et abusant de la force de répression qui s'abat, au détriment même de la loi (des appartements ont été fouillés sans mandat de perquisition, selon les dire des habitants), aussi bien sur les jeunes que sur les femmes et les vieilles désarmées. S. A.