Des néphrologues qui participaient, hier à Alger, au XIXe Congrès national de néphrologie organisé à l'initiative de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (Sandt), ont appelé à une meilleure coordination dans le traitement des pathologies graves entre les différentes spécialités médicales. Ils réclament plus de «collaboration» de la part de leurs collègues spécialistes, refusant de porter seuls la responsabilité des décès. Intervenant à cette occasion, le professeur Benadjazi du CHU Beni Messous a déclaré à un auditoire composé de néphrologues et de médecins, issus de diverses spécialités, que les néphrologues «sont continuellement agressés par les autres spécialités», exhortant ses confrères «à plus de collaboration». Et de préciser que la néphrologie «se nourrit beaucoup des autres spécialités». Abondant dans le même sens, le directeur général du CHU d'Annaba a fait un constat, selon lequel, «les médecins (issus de différentes spécialités) ne se parlent pas, ne sont pas disponibles et sont pressés», d'où les fréquentes erreurs de diagnostic chez les patients, qui entraînent souvent la mort du malade. Le Pr Benadjazi a, dans ce sens, présenté une communication dans laquelle il a énuméré les décès tragiques de malades arrivés à son service, en raison d'une erreur de diagnostic en amont. Il s'est même emporté contre la propension de certains spécialistes à envoyer systématiquement leurs patients au service de néphrologie dans une ultime tentative de les sauver. Or le malade arrive souvent à un stade avancé de la maladie, et le néphrologue, impuissant, ne fait que constater le décès. Une situation dont ils «pâtissent» et qu'ils ne veulent plus assumer. Le spécialiste cite le cas d'un patient, décédé trois jours auparavant, au sein de son service. Ce malade trentenaire était atteint d'un cancer de l'estomac. Transféré en catastrophe au service de néphrologie, il succombera peu de temps après son admission. Le Pr Benadjazi, qui met en cause une erreur de diagnostic en amont, dit «avoir encore sur la conscience ce malade». Le XIXe Congrès national de néphrologie organisé, hier et aujourd'hui, en présence de plus de 400 néphrologues algériens, a été l'occasion pour le Pr Tahar Rayane, président de la Sandt, de réitérer son appel pour la création d'un registre national de l'insuffisance rénale chronique (IRC), à même de mesurer la prévalence de cette maladie dans notre pays, mais aussi en apprécier les besoins futurs. Il a aussi appelé à «l'élargissement du cercle des donneurs» en termes de transplantation rénale, qui se limite jusqu'alors à un cercle restreint de proches du malade. A noter que les participants au Congrès de néphrologie ont pu s'enquérir des expériences belge et saoudienne dans le domaine de la néphrologie et la transplantation rénale à travers la présence de deux spécialistes invités à cette occasion. A signaler que l'Algérie, de l'avis même des spécialistes, accuse un «déficit flagrant» en matière de transplantation rénale. Ainsi depuis 1986, moins de 1 000 greffes ont été réalisées, et la liste d'attente qui était de 3 000 patients en 2000, a plus que doublé en 10 ans (7 000 cas actuellement). Les spécialistes tirent la sonnette d‘alarme : il existe une «inadéquation flagrante» entre l'offre et la demande, malgré l'existence de dispositions légales et religieuses «très incitatives». Y. D.