Le Front de l'Algérie nouvelle (FAN), en voie de formation, a organisé hier à l'hôtel Riad (Alger) son congrès constitutif. A l'ouverture des travaux, en présence de plus de 600 délégués, en majorité des jeunes, son porte-parole, Djamel Benabdeslam, ancien député militant des partis Ennahda et El Islah, a donné l'impression de chasser sur le terrain des partis nationalistes et conservateurs. Dans son discours d'ouverture, prononcé devant des représentants des partis, notamment le porte-parole du PLJ, Mohamed Saïd, et du FLN, M. Benabdesslam a d'emblée voulu frapper les esprits. En rappelant qu'«à Sidi-Fredj, le colonisateur a posé le premier pied à terre», le porte-parole du nouveau parti a lancé : «Le FAN se dressera désormais en rempart contre tout convoiteur de cette terre, pour protéger le moindre grain de sable de l'Algérie.» Benabdeslam, qui a rendu un hommage à Abdelhamid Mehri, dira, à qui voulait l'entendre, que son parti «s'emploiera à réaliser les principes énoncés par la Révolution du 1er Novembre». Il ajoutera : «Vous êtes venus dire, qu'hier il y avait un Front pour libérer l'Algérie, et aujourd'hui, un autre Front est né pour la construire.» Un Front qu'il voudrait ouvert à «toutes les catégories de la société et à toutes les catégories professionnelles», et qui «milite pour la fin du monopole politique». Le FAN, ayant pour slogan le triptyque «volonté, efficacité et prospérité», se réfère à l'Islam, non sans appeler à préserver cette constance de l'identité nationale, de la «monopolisation, instrumentalisation et de… l'exclusion». L'orateur, en se disant respectueux de toutes les écoles religieuses, a, toutefois, annoncé qu'il voue sa «fidélité à l'école de Ben Badis». Faisant référence à l'amazighité, il affirmera : «Il ne peut y avoir d'Algérie sans amazighité et pas d'amazighité sans l'arabe». Outre sa vision des constantes nationales, Benabdeslam a réitéré également, son attachement aux symboles du pays, dont il dénonce la moindre atteinte sous quelque prétexte que ce soit. «Le FAN ambitionne de dépoussiérer le patrimoine historique et de le revivifier, de Chichenak à Mehri, en passant par Boumediène et Soltani et les martyrs de la Révolution», a-t-il dit. Le porte-parole du FAN a affirmé, également, son attachement à la mise en place d'un «Etat républicain civil à la dimension sociale», tel que stipulé dans la déclaration du 1er Novembre, et par conséquent, «le refus du clonage des schémas importés de l'étranger». Il poursuivra en dénonçant ceux parmi les chefs de parti «qui se pavanent dans les capitales occidentales ou orientales à la recherche de fonds ou d'appuis extérieurs», en leur disant : «Vous vous trompez de chemin, (…) vous ne gouvernerez l'Algérie qu'avec le consentement du peuple.» Il a plaidé pour des reformes pacifiques dans le pays, arguant que les réformes engagées s'avèrent insuffisantes. Il est nécessaire, selon ses dires, d'engager la réforme d'un autre pack de lois, notamment celle relative à la réconciliation nationale. L'étape de l'après-législatives sera celle de la reconstruction du pays, dira-t-il en appelant les partis, plus qu'à une alliance conjoncturelle, «à un front uni pour le parachèvement des réformes et l'édification du pays». D'autre part, il a souligné la nécessité d'édifier l'UMA, non sans réaffirmer son soutien à la cause du peuple sahraoui, ainsi qu'à la Palestine. Il juge «la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux, la repentance et l'indemnisation des victimes», comme autant de conditions sine qua non pour l'établissement des relations futures avec la France. Enfin, il a lancé un appel aux élites nationales, les jeunes et les femmes pour s'engager dans le combat politique. A. R.