Les directions du commerce, de la santé et même les services de police se sont-ils au moins une fois intéressées à ce qui se vend dans les souks et autres points de ventes improvisés et/ou réguliers implantés à travers la wilaya ? Bien entendu, jamais ; même s'il est très aisé de reconnaitre les agents de recherche sur les lieux, notamment par leur dégaine et surtout leur incapacité à vouloir se faire passer pour des citoyens lambda. Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse du chemin de chinage appelé «Remblais » ou de l'ensemble des souks des douze communes et plus particulièrement celui du Khroub, il parait pour le moins étonnant que la présence de vendeurs de produits dits de médecine traditionnelle ne prête pas à plus d'intérêt ne serait-ce que pour connaître d'abord l'origine des produits et ensuite et surtout leur composition. Quand un bonimenteur propose un produit en mesure de guérir des impuissants, des cardiaques, des diabétiques, des incontinents il parait plus que légitime pour tout un chacun de connaître la nature du produit miraculeux en question à coté duquel les scientifiques sont ridiculement passés. Plus grave encore est l'attitude de ceux qui deviennent rapidement clients parce que le bonimenteur aura remarqué dans la foule de badauds une personne qui aurait naguère recouru à ses bons services et l'interrogera ensuite devant tout le monde sur ce qu'il est devenu depuis. Il s'agit, évidemment, ni plus ni moins que d'un rabatteur attitré qui jurera s'être totalement rétabli de tous les maux qu'il ressentait.Nous avons remarqué, il y a quelques semaines, une grande affluence autour d'un guérisseur occasionnel qui expliquait que les fruits inconnus d'un arbre qui l'était tout autant, contenus dans un panier qu'il tenait entre les jambes avaient des vertus extraordinaires. Le dit fruit était conservable et donc utilisable à tempérament. En somme, un véritable traitement de moyenne, voire le cas échéant de longue durée. Il gommait les verrues, tous types d'inflammation de l'appareil urinaire, les démangeaisons, l'eczéma, le raidissement des muscles, la perte de tonus, éliminait les lithiases, etc. Cette panacée n'était écoulée qu'au prix modique de 500 dinars. Il aura suffi qu'un seul en achète deux (le rabatteur) pour que le reste des gogos l'imite. Le charlatan, toutes proportions gardées, aura sans doute réalisé une recette…miracle de 5000 dinars en l'espace d'une heure. C'est-à-dire plus fort qu'un médecin…spécialiste.Comble d'ironie, le fruit en question est ramassé à peine à trois cent mètres à vol d'oiseau du souk et peut être retrouvé sous toutes les formes possibles, autrement dit encore vert, blet ou en état de décomposition. Il faut souligner que plus il est en mauvais état et plus le bonimenteur a des chances de le vendre pour des raisons difficiles à cerner chez le client mais faciles à comprendre au vu du bagout du vendeur. Quoi qu'il en soit, il est un constat qui gagnerait à être fait : Quelles pourraient être les conséquences de l'utilisation du produit en question pour l'acheteur ? Une réponse qui ne sera connue que si de sérieuses investigations sont faites. Charlatans et autres bonimenteurs ont aujourd'hui le vent en poupe et se sont mis au plus grand modernisme. Ils roulent carrosse, ont du matériel de radiophonie stéréo pour que leurs paroles portent loin, ils ont de l'allure, disposent du Vidal sur leur comptoir, ont de beaux jeunes hommes comme assistants et surtout ils ont la tchatche comme personne ne peut en avoir.
