De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'élève et la Leçon, Le Quai aux fleurs ne répond plus et Je t'offrirai une gazelle sont les trois romans du défunt Malek Haddad qui viennent d'être réédités contre «l'oubli» dès lors que les auteurs contemporains ne cessent de lui vouer admiration et respect. De plus, c'est une reconnaissance à titre posthume qui lui vient de sa ville natale. Haddad dont la plume «ne peut s'exprimer» sans coucher les lettres de Constantine dans ses romans ne mériterait-il pas plus d'étoiles notamment de la part des gens lettrés de sa cité ? D'autant qu'en plus de son amour pour sa ville natale, Malek Haddad fut «épris de l'Algérie». Il écrivait avec de l'encre verte, remarquait son camarade Rolland Doukhan avec lequel il composa un poème, dans lequel il insultait le malheur, le racisme, le printemps sanglant de mai 1945, (source : Itinéraire de Malek Haddad, de D. Ali Khoudja). Ainsi, ennoblir ses œuvres à travers ces trois rééditions serait déjà une gratitude à cet immense pionnier de la littérature francophone algérienne. Par ces publications qui sortiront demain, la maison d'édition Media Plus rend hommage au romancier à titre posthume pour marquer le trentième anniversaire de la disparition de l'écrivain qui nous a quittés le 2 juin 1978. Ces trois ouvrages sont préfacés par les écrivains Yasmina Khadra, Mouloud Achour et Nedjma Benachour, des auteurs contemporains. «Au moment de rédiger ces quelques lignes, je m'aperçois que j'ai présumé de mon aptitude à restituer avec la fidélité voulue, telle qu'elle habite les tréfonds de ma mémoire, l'image d'un des hommes de lettres que l'Algérie n'a jamais honoré comme elle le devait», lit-on dans la préface de Mouloud Achour écrivain–journaliste dans le recueil l'Elève et la Leçon. Mouloud Achour qui a fait «partie du proche entourage de Malek Haddad durant les cinq dernières années de sa vie» se dit être honoré d'avoir frôlé le monde de Haddad. Cette période «vécue comme un privilège, ne me paraît relever ni du truisme ni de la clause de style». Dans sa préface, Mouloud Achour use de tout son talent d'écrivain pour décrire fidèlement le portrait de cet écrivain avec une touche de «réparation», voire un appel à la sphère culturelle par-dessus tout : «Est-ce le lieu de répéter que l'Algérie a été injuste à l'égard de Malek Haddad ?» interroge-t-il. «Que cet espace de mémoire puisse au moins, en ce 30ème anniversaire de la mort de celui qui a écrit que ‘‘Dieu est passé à Constantine'', réduire un peu l'écart entre ce que nous lui devions et ce qu'il n'avait jamais réclamé», poursuit M. Achour. Pour sa part, Nedjma Benachour qui lui a consacré toute une série d'études, dont Constantine et ses romanciers, n'utilise pas de sourdine. Bien au contraire, elle rend dans sa préface la stature imposante de l'homme. «Quels mots peuvent être à la hauteur d'un écrivain de la stature de Malek Haddad ?» écrit l'écrivaine dans sa préface de l'ouvrage le Quai aux fleurs ne répond plus. Toutefois, l'auteur des Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra en l'occurrence, «se dit» être le disciple de Malek Haddad dans son prologue consacré à Je t'offrirai une gazelle. Autant de reconnaissance dépasse ainsi la simple formalité pour rendre l'hommage mérité à l'homme de lettres, revenu ces dernières années dans la mémoire des responsables locaux qui ont baptisé le centre culturel de son nom. Malek Haddad est né le 5 juillet 1927 à Constantine et mourut le 2 juin 1978 des suites d'une maladie. Parallèlement à sa carrière journalistique, puisqu'il dirigea la page culturelle du journal An Nasr qui paraissait en langue française (1965-1968), Malek Haddad a publié quatre romans, un essai et deux recueils poétiques. Il a été nommé secrétaire de l'Union nationale des écrivains algériens en 1974 après avoir été chargé de la direction de la culture au ministère de l'Information de 1968 à 1972. Incontestablement, ce fut le novateur de la date du 16 Avril, (Youm El Ilm), Journée du savoir.