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Stéréotypes, platitude, absurdité... et une merveille
10e rencontres cinématographiques de Béjaïa
Publié dans La Tribune le 13 - 06 - 2012


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De notre envoyée spéciale
Wafia Sifouane

Il faut croire que le compte à rebours de la 10e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, dont la clôture est prévue pour demain, a donné du tonus à la manifestation. La cinémathèque de la ville, qui accueille le rendez-vous, ne désemplit pas, même si les œuvres à l'affiche ne sont pas du goût de tous les présents. Pour la journée de mardi dernier, les amateurs de cinéma ont eu droit à un documentaire, venu tout droit des îles Comores, L'ivresse d'une oasis, de Hachimiya Hamada. Résidant à l'étranger, la jeune réalisatrice, caméra à l'épaule, fait un retour aux sources, en se rendant chez sa famille. Elle revisite également le passé, en incrustant des extraits de vidéos familiales, qui rendent hommage à son défunt père. La réalisatrice s'intéresse, aussi, aux us et coutumes de sa région natale. Mais, à trop vouloir mettre en avant la beauté de son pays dès l'abord, la cinéaste a transformé son documentaire en spot touristique, imprégné d'exotisme. Les témoignages sont creux et se limitent à des discussions familiales banales. Il faut faire passer l'introduction indigeste, pour découvrir que cette histoire de réconciliation familiale n'est, finalement, qu'un prétexte pour dire les maux socioéconomiques que vit la population de cette ancienne colonie française.Pour la seconde partie de projections, c'est l'algérienne Sonia Ahnou qui ouvre la séance, avec son mini-documentaire Uzzu. Réalisé dans le cadre des ateliers de créations de documentaires de Ciné mémoire, ce documentaire de 22 minutes traite du thème de l'amour au sein de la société. Un sujet complexe, que la réalisatrice a tenté de décortiquer. Mais elle ne l'a, finalement, que survolé. Sous un arbre, une bande de jeunes garçons et deux filles se laissent aller à des confessions entre potes, face à la caméra. On parle de l'amour et de ses tracas, mais aussi de la duplicité de la société et de l'hypocrisie dans les relations humaines, qui font qu'un amour déclaré puisse se transformer en source de déconvenues, de déceptions, voire de drames. Dans la volonté de briser les tabous, le documentaire s'intéresse également aux relations sexuelles chez les jeunes en Algérie. Mais, face à la caméra, les jeunes font preuve de beaucoup de retenue, arrondissent les angles et, finalement, ne disent rien qui puisse conférer au film sa dimension documentaire. Pis, pour les plans de coupe, la cinéaste amatrice optera pour des images des montagnes de Kabylie qui, même si elles sont belles, ne cadrent, cependant, pas avec le sujet, comme ce sera aussi le cas d'autres prises de vues. Uzzu ne sera, au final, qu'une réflexion inachevée, à peine entamée dirions-nous, sur un sujet de première importance, dont le traitement nécessiterait recherche, documentation et, surtout, beaucoup plus que 22 minutes.Autre déception de la
journée : la Mémoire et la mer, de Jean Boiron Ladjous. Le documentaire, d'une durée de 36 minutes, est une ballade imagée dans les artères et ruelles d'Alger, où le jeune français a débarqué, avec la curiosité de découvrir son pays d'origine. De la rue Didouche Mourad, en passant par le quartier de La pointe Pescade, on aura droit à une succession de clichés. On retrouve l'image de l'Algérien qui chique et baragouine le Français, les sacs poubelles comme décor principal et les barbus et femmes en hidjab, qui reviennent en boucle. Le comble est atteint quand le jeune français, qui tente de retrouver ses origines algériennes, part à la rencontre de certains intellectuels et revient de ce voyage déçu, sans qu'on sache pourquoi.Jamais deux sans trois, dit-on. La suite sera avec une surprenante création cinématographique : Aux rêveurs, les atouts sont dans votre jeu de Mehdi Benallal. En 29 minutes, le réalisateur s'adonne à un exercice de style, où l'abstrait se dispute à l'absurde. Face à la caméra, trois personnes racontent leurs rêves, fantaisies et délires. Le cinéaste ajoute sa touche, en braquant sa caméra sur des sujets fixes tels que le ciel, un pont et un arbre, et cela durant de longs et interminables moments. L'œuvre, expérimentale certainement, pèche par un excès de surréalisme et de symbolisme incompréhensibles, qui l'alourdissent et la vident de tout message.La série noire s'arrêtera, enfin, à la quatrième projection qui sera, sans conteste, la grande et agréable découverte de ce mardi, avec le jeune réalisateur tunisien Mahdi Hilmi, qui a présenté, en avant-première, le court métrage la Nuit de Badr. D'une durée de 29 minutes, ce court métrage est une œuvre d'une rare beauté et subtilité, malgré la gravité du sujet. Badr est un vieux poète tunisien, exilé en France. Âme tourmentée, Badr est un homme qui a fui son pays et qui, au déclenchement de la Révolution tunisienne, prend la décision d'y revenir, pour y mourir en paix. Seulement, Badr partage une passion avec le jeune français Philippe. Insoucieux, jeune et amoureux, Philippe refuse de voir Badr partir. Il fait ses valises et rejoint l'appartement du vieux poète. Malgré la différence d'âge qui existe entre les deux hommes, leur union se distingue par une émotion chargée, une relation passionnelle. L'un se reconnait dans l'autre, chacun d'entre eux représente, pour l'autre, ce qu'il a été ou ce qu'il aimerait devenir. Hélas, le jour de départ, Badr, après une longue soirée bien arrosée avec Philippe, quitte la maison. Direction Tunis. Le poète laisse, derrière lui, sa maison, ses mots, son savoir et un Philippe désemparé qui, à son réveil, découvre la nouvelle et sombre dans la déprime la plus totale. En effet, Philippe, en découvrant l'absence de Badr, perd ses repères et son self-control. Il sort, à moitié nu, dans la rue, criant sa douleur.Toutefois, le court métrage ne traite pas de l'homosexualité. Il ne s'agit pas d'un film sur la relation de deux personnes, mais sur le rapport à l'autre et la complexité de l'être, et c'est ce qui fait sa force. Le film décortique également le rapport de l'homme à la liberté. «Badr est un homme qui en a marre de sa vie, s'il décide de revenir en Tunisie c'est pour y finir ses jours», expliquera le réalisateur. «Personnellement, je ne pourrais pas vivre pleinement à Tunis, que je qualifie de capitale de la douleur», ajoutera-t-il, faisant référence au poids des interdits et à la restriction de liberté individuelle. Tourné en noir et blanc, la Nuit de Badr est une œuvre sublime, d'une esthétique parfaite. Interrogé sur son choix de filmer en noir et blanc, Mahdi déclare : «c'est un choix personnel. Je ne peux présenter un thème aussi triste en couleur». Véritable coup de cœur de cette 10ème édition finissante des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, la Nuit de Badr, de Mahdi Hilmi, a réussi à donner à ce drame une dimension poétique hors-pair, qui ne laissera personne de marbre.


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