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Didouche et Michelet à la librairie des Beaux-arts
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Publié dans La Tribune le 20 - 06 - 2012


S'il n'y avait pas encore la Faculté centrale, le Lycée Pasteur, la Brasserie des facultés, les Galeries souterraines de même nom, et, plus loin, le cinéma l'Algeria, la rue Didouche Mourad aurait été réduite à ce qu'elle a aujourd'hui de plus brillant, sa Librairie des Beaux-arts ! Ce petit coin de belles lettres où Albert Camus avait noirci des pages de L'Etranger, a conjuré la menace de la chawarma. Depuis quelques jours, au numéro 28, les livres ont en effet séché leurs larmes. Et les mânes de Mouloud Feraoun, Tahar Djaout, Kateb Yacine et Jean Sénac dansent la farandole des farfadets du verbe allègre ! Nous aussi, amoureux d'une rue naguère artère de l'amour du livre, des filles en fleur, du chic et du bon goût, de la fine gastronomie, de l'orge et du houblon captifs de bouteilles ensoleillées. Rue Didouche, c'est d'abord un nom de gloire révolutionnaire. C'est aussi un rappel de Michelet, nom de l'homme politique français et de son fils, Claude, auteur des Promesse du ciel et de la terre. Cette rue, c'est la flore, les jours de paix, les bonnes adresses, les noms, l'Histoire et les souvenirs. La fraîcheur persistante de l'eau de mer, jadis arrosant les trottoirs. Le frémissement de l'air, la dentelle d'ombre et de soleil sur les pavés, l'ombre de ses ficus taillés. Les fragrances entremêlées du henné, de l'ambre, du café, de la bière. Des fleurs des étalages, de l'anisette, du pain, de l'encens des boutiques d'artisanat. De la vinasse, du goudron chauffé par les étés et, au loin, l'odeur iodée de la mer. Là, juste au début de Charles Péguy, aujourd'hui rue Abdelkrim El Khattabi, qui ouvre sur la rue Didouche Mourad. Comme le chahid a remplacé Michelet, ici même, le légendaire résistant marocain prend la place de l'auteur des Prières pour nous autres mortels. Entre El Khattabi et Péguy, il y a, bien sûr, l'Histoire. Avant tout, celle du Coq Hardi. Troquet de bon tonneau, dont le nom fut un hymne en mousse à cette «bière qui ragaillardit», blonde des Flandres françaises. Ce bistrot, c'est la date fatidique du 26 janvier 1957. Une bombe dans un sac de femmes. Un drame incommensurable. Quatre jeunes et belles porteuses de sacs piégés, les moudjahidates Danielle Minne, Zahia Kharfallah, Zoubida Fadila et Djamila Bouazza. Les bombinettes, ce fut aussi, le même jour, l'Otomatic et la Cafeteria, au tout début de la rue Michelet, à un jet de pierre de La Brasserie des Facultés. Coq Hardi, Cafeteria, Otomatic et le Bristol épargné par les bombes : rectangle de la convivialité ensoleillée. Henry de Montherlant, quand il séjourna à Alger, en fut le spectateur enivré. Il en déduisit qu'il restait encore des paradis sur terre, et que les belles algéroises avaient «des cheveux de tempête et des genoux comme de petits soleil.» Vous poursuivrez après le voyage des sens, après avoir laissé derrière vous le monumental Lycée Delacroix (Pasteur), comme un hommage au peintre du romantisme et des Femmes d'Alger dans leur appartement. Non loin de là, Place Audin, anciennement Lyautey, qui s'ouvre large sur le boulevard Saint-Saëns, compositeur de Samson et Dalila qui s'est intéressé aussi à La Crampe des écrivains. D'Audin vous continuez vers la Librairie des Beaux-arts, prélude livresque au cinoche, à l'Algeria, qui fut le Versailles du film. Unique cinéma de la rue Didouche, avant l'ABC, dans une venelle adjacente. Rue Didouche, c'est des noms de librairies et d'haltes gastronomiques, dont certaines, aujourd'hui disparues. Pour le livre : A Notre dame, Ferraris, Gévaudan, Mon Triangle d'or, Aux Etoiles d'or et Rivages. Pour le couteau et la fourchette, le rectangle du plaisir déjà cité, mais aussi Le Cyrnos qui flirtait avec le cinéma ABC, et, dans la perpendicularité, La Renaissance, l'Université, L'Etalon, Le Caracoya, La Pagode et Le Béarnais. Mon Dieu, c'est comme si Didouche, Michelet, Camus, Audin et Péguy se rencontraient à la Librairie des Beaux-arts avant de prendre une Coq Hardi ou même un pastaga à la Brasserie des Facultés, servi par le mythique Maurice, pickpocket de génie, devenu serviteur algérois de Bacchus. N. K.

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