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L'Histoire en Algérie, quelle histoire !
Publié dans La Tribune le 29 - 06 - 2012

Mohamed Boudiaf est assassiné le 29 juin 1992. Slimane Amirat est mort deux jours après, alors qu'il se recueillait sur sa tombe au cimetière d'El Âlia. D'autres figures marquantes de la guerre d'Algérie ne sont plus de ce monde, disparues avant Si Tayeb El Watani et Da Slimane, ou encore après eux. Ces légendes n'ont pas le double statut reconnu et célébré de héros de la guerre et de martyrs de la Révolution. Certains ont été tués par l'ennemi d'hier. D'autres durant la guerre par leurs propres frères d'armes quand ce n'est pas par d'autres porteurs d'armes du régime post Indépendance. De tous ces grands noms, on sait peu de chose qui soit précis, éloquent et cohérent pour constituer une biographie édifiante, sous la plume d'Algériens. Cinquante après la fin de la nuit coloniale, l'écriture de l'Histoire, c'est tout une histoire en Algérie! La biologie étant perpétuellement à l'œuvre, nombre d'acteurs et de porteurs de mémoires disparaissent. Un combattant qui disparait sans avoir livré les secrets de sa propre boite noire, et c'est le disque dur de la mémoire du Premier novembre 1954 qui en est d'autant amputée. Le président Abdelaziz Bouteflika, lui-même mémoire vive de la guerre et du demi siècle de l'Indépendance, s'est déjà plaint de ce défaut algérien qui consiste à ne pas faire l'indispensable débriefing des mémoires. «Toutes les fois qu'un moudjahid disparaît, indépendamment de sa position dans la pyramide de la Révolution, nous enterrons avec lui une partie de l'Histoire, et une information précieuse s'en va si elle ne venait pas à être enregistrée et répertoriée.» Tous les acteurs de la guerre, encore vivants, ont la même foi : un moudjahid qui s'en va sans avoir ouvert sa mémoire, c'est une vigie éclairante qui s'éteint. A quelques jours de la commémoration du cinquantenaire de la Libération, que l'Algérie célèbre avec une mémoire fragmentée et séquentielle, la question de l'écriture de l'Histoire par les Algériens eux-mêmes est toujours posée. Plus que jamais, avec une extrême acuité. On fait toujours, cinquante ans après, le même constat de carence, c'est-à-dire du travail historique qui reste à parfaire lorsqu'il n'est pas entièrement à faire ou à refaire. A observer le chef de l'Etat souligner lui-même l'impérieux besoin de recueillir, répertorier et traiter les témoignages des moudjahidines encore en vie, on en déduit que ce travail n'a pas été entrepris. Ou bien qu'il aurait été effectué de manière partielle, parcellaire et superficielle. On en vient aussi à se poser la question du comment faire, avec quoi faire et avec qui le faire ce travail de dépouillement des mémoires ? Indépendamment de l'exploitation des archives d'Etat, des archives de presse et des archives universitaires disponibles en Algérie. Et, obligatoirement, des archives rapatriées en France, notamment les documents de sûreté (armée, police) et autres pièces de souveraineté. Sans oublier celles qui touchent à la vie quotidienne et à l'Administration. Mais comment opérer alors même que l'Algérie ne dispose pas d'un nombre suffisant d'historiens dont la recherche est une vocation et la production de travaux une raison d'être ? Comment justement faire quand perdure une crise de vocations ? Surtout que le Département d'Histoire de l'université, au lieu de réels historiens, forme des rhéteurs dont la formation au rabais est sanctionné par un diplôme semblable à de la monnaie de singe ! Aussi, ne peut-on pas éviter de se demander de combien de Mohamed Harbi, de Mahfoud Kaddache, de Gilbert Meynier ou de Benjamin Stora l'Algérie dispose-t-elle en 2012 ? Sur combien d'historiens dignes de ce nom elle peut compter pour écrire son histoire, autrement que par la célébration ritualisée et magnifiée d'une mémoire officielle ? Ou encore à travers l'interrogation émotionnelle du vécu. Ou par l'évocation d'anecdotes sans valeur scientifique, de bribes d'histoire qui circulent, d'itinéraires personnels ou de tradition familiale. L'Etat des lieux affligeant : Il n'y a pas encore d'école algérienne de l'Histoire. Des Hassan Remaoun, Dahou Djerbal et autre Slimane Hachi sont de beaux exemples. Mais de jolies exceptions qui confirment la règle de pénurie. Cinquante ans après, le pays n'a pas d'historiens qui font autorité et qui ont une grande notoriété. Reconnus, au sens d'études rigoureuses des faits et des événements du passé, d'une construction objective, d'une recherche et d'une exploitation critique des sources. Il n'y a pas, au présent, des Mahfoud Kaddache, des Mohamed Harbi, des Mouloud Gaid ou encore des Mohamed Téguia, même si certains d'entre eux ne sont pas aussi prolifiques que les Français Charles André Julien, Charles-Robert Ageron, Gilbert Meynier ou Benjamin Stora. La carence et le défaut se conjuguent aussi, pour ne pas dire surtout, au féminin. Il n'y a pas non plus de Madeleine Rébérioux ou d'Annie Rey-Goldzeiguer algériennes. Le vide presque parfait du champ de l'écriture historique et la faiblesse de l'historiographie sont d'autant plus attristants que s'était affirmée durant la période coloniale une école de contre-histoire algérienne. D'abord en arabe, sous la plume d'auteurs issus des Ulémas comme Moubarak El Mili, Ahmed Tewfik El Madani et Abderrahmène El Djilali. Ensuite, en français, sous la signature d'intellectuels du PPA-MTLD, tels Mohamed Chérif Sahli et Mustapha Lacheraf. Quant à lui, quand il appelle à consigner les témoignages des moudjahidines, l'ancien commandant Abdelkader El Mali exprime une exhortation qui participe, malheureusement, d'une généreuse profession de foi. Le fond du problème est complexe. Il réside dans le statut officiel de la recherche historique. Notamment, dans les moyens qui lui sont alloués, sans omettre la qualité de l'enseignement de l'Histoire, le nombre d'historiens qualifiés et surtout la philosophie qui sous-tend l'écriture historique. En 2012, l'Histoire reste une affaire d'Etat dans un pays où le débat historique, quand il a lieu, se fait souvent sans les historiens, même quand ceux-ci sont regroupés dans des centres de recherches publiques. Cinquante après, l'Algérie est un pays amnésique dont l'Etat pratique une politique de la mémoire et une politique de l'Histoire. Quand il invite à interroger la mémoire des seuls moudjahidine, le chef de l'Etat confirme implicitement que l'Histoire est toujours l'objet d'enjeux politiques. Les historiens qui œuvrent au pays travaillent toujours sous multiple surveillance. Celle de la Présidence de la République, du gouvernement, des services de sécurité et de l'ONM. Une organisation des moudjahidines, gardienne sourcilleuse du temple mémoriel, qui délivre les bons à tirer pour les publications et les visas de tournage pour les films historiques. L'Histoire en Algérie, c'est tout un film, c'est toute une histoire.
N. K.

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