Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
A Annaba, en ce premier jour du mois sacré, c'est déjà la flambée des prix qui fait l'actualité et qui donne bien du fil à retordre aux pères de familles qui pensent aux dépenses de ces quatre semaines de jeûne. En effet, si l'abondance est apparente sur tous les marchés du chef-lieu de wilaya et des communes, les prix ont connu en ce début du mois sacré un saut jamais égalé jusque-là. A 1 200 et 1 300 DA le kg de viande rouge, on est réduit à jouer sur la quantité pour revoir à la baisse ce qu'on comptait acheter. «C'est malheureux», nous confie un vieux, rencontré hier, au marché El Hattab, «au lieu de s'entraider, les uns les autres, en ce mois sacré de piété, on est à nous ruiner en dépenses pour que certains se remplissent les poches parce que, pour eux, c'est le moment où jamais de faire fortune. Ce sont de véritables sangsues ces commerçants véreux ; ils ne respectent rien, ni personne et font leur loi et, côté consommateurs, il n'y a pas d'association qui agit sur le terrain pour mener des actions à même de dissuader ces marchands. Donc, ces derniers nous imposent leur diktat» Le poulet, «refuge» des petites bourses, s'est lui aussi «envolé» pour se faire désirer à 370 DA le kg. «C'est prohibitif, ce sont des prix insolents», nous a déclaré une ménagère visiblement courroucée par ces pratiques. «Il y a à peine une semaine, le poulet était à 250 Da. Comment expliquer, qu'aujourd'hui, il ait atteint ce prix ? Ces commerçants profitent du fait que, pendant ce mois de jeûne, on est obligé d'acheter de la viande. Et, chaque année, c'est la même chose et nous nous plaignons de cette situation sans que cela ne change.» Pour les fruits et légumes, c'est encore pire puisque les prix se sont multipliés par deux pour certains produits comme la pomme de terre, le poivron, le piment, la tomate, les haricots et autres qui affichent des prix décourageants. Et, là aussi, c'est comme à l'accoutumée puisque la situation ne change pas même s'il y a abondance. Cette abondance qui, normalement, devrait amener une baisse des prix pratiqués n'a pas donné lieu à ce résultat ; les marchands de gros s'étant entendus entre eux pour imposer les prix qu'ils veulent. Les services de l'Etat intervenant rarement pour réguler, cela donne lieu à un marché sauvage qui arrange certains et qui fait leur fortune en l'espace de quelques mois.Côté population défavorisée, des âmes charitables, des institutions de la République, des associations caritatives, des œuvres de bienfaisance et «nidhara» des Affaires religieuses se sont donné la main pour aider et soutenir les familles nécessiteuses. Ainsi et en dehors des restaurants gratuits ouverts à l'occasion de ce mois et des dons faits anonymement, 33 017 couffins pleins de vivres ont été distribués pour une valeur totale de 9, 9 milliards de cts. Cela ne suffit pas mais cela permettra au moins de passer la première semaine à l'abri du besoin.En dehors de tout cela, de cette agitation inhabituelle, de ces problèmes de prix pratiqués et de ces reproches qu'on fait à tout va, l'ambiance du Ramadhan reste spéciale, elle bouleverse tout, change tout et rythme le quotidien des Algériens qui respectent ce mois qui arrive une fois l'an et qui ramène avec lui ses traditions, traditions qui font toute la différence.