Hier, sous les gouvernements Belkhadem ou Ouyahia et aujourd'hui sous le gouvernement Sellal, les attentes des Oranais restent sensiblement les mêmes : au-delà de la concrétisation des différents programmes de développement ou de l'amélioration de la qualité de vie, les habitants de la capitale de l'ouest souhaitent surtout une moralisation du service public et une profonde réforme de l'administration algérienne. Ce que, à peine installé, le nouveau Premier ministre a lui-même insinué en installant son successeur à la tête du ministère des Ressources en eau : «La première opération inscrite pour réhabiliter le service public est de nettoyer un peu le pays (…)», a-t-il lancé avec un demi-sourire. De fait, les projets de développement économique ayant été achevés avec plus ou moins de bonheur, en cours de réalisation ou sur le point d'être lancés, les Oranais appellent de tous leurs vœux ce «salutaire coup de balai» qui viendrait les débarrasser de cette mentalité mercantile et corrompue qui s'est emparée de l'administration algérienne et de l'ensemble du service public : «Il est inadmissible que pour des jeunes qui ont galéré dans les méandres de la bureaucratie pernicieuse et humiliante pendant plus de deux années pour obtenir leur décision d'éligibilité et l'aide du Fonds national de soutien à l'emploi, restent à la merci d'un employé pendant plusieurs semaines pour faire acheminer les ordres d'enlèvement signés depuis plus de trois semaines de l'Ansej aux banques (…)» s'était ainsi indigné, en avril dernier, le Comité d'initiative et de vigilance citoyenne en accompagnant de jeunes porteurs de projets dans leurs éreintantes démarches administratives. Et ce qui est valable pour les services qui s'occupent des projets de jeunes l'est également - et parfois davantage - pour le reste de l'administration, désormais envasée dans la mauvaise gestion, la bureaucratie et la corruption. Ce qui empoisonnent fortement la vie des Oranais et découragent tous les investisseurs qui ont manifesté leur volonté de prendre part à l'effort de développement d'une région aux potentialités considérables : peinant à répondre aux besoins de ses administrés et à leur offrir des prestations correctes, l'administration est également incapable de présenter les garanties nécessaires à la concrétisation et la protection des potentiels. Par la faute de la corruption et de la bureaucratie (thèmes privilégiés dans toutes les campagnes électorales) qui se sont insinuées dans les rouages de l'administration, toutes les mesures prises (ou annoncées comme telles) pour venir à bout de ces fléaux sont restées vaines ou n'ont pas encore eu les résultats escomptés : les files et délais d'attente restent ainsi proportionnellement toujours importants aussi bien pour le simple administré qui veut obtenir un acte administratif, le jeune investisseur qui veut lancer un projet d'avenir que pour l'homme (ou le groupe d'affaires) qui prétend installer une activité économique. Mettre un terme à la corruption et la bureaucratie qui gangrènent leur vie, voilà ce que les Oranais attendent du gouvernement de Sellal. Pour autant que ce soit possible...