L'opération nettoyage des rues d'Annaba a finalement fait long feu et les vendeurs de l'informel sont encore revenus à la charge, réinvestissant les trottoirs et les chaussées. Le dispositif déployé avant, pendant et après l'opération n'a pas été maintenu et l'on assiste à un retour de ces trabendistes, au grand dam des citoyens qui croyaient voir l'autorité de l'Etat rétablie. Déjà, juste après le grand nettoyage, les commerçants établis et inscrits au registre du commerce avaient presque réoccupé les lieux «libérés» en y exposant leurs marchandises débordant ainsi de leurs échoppes. Une grande partie des trottoirs s'en est trouvée encombrée et les piétons, comme d'habitude, sont obligés de se faufiler pour passer, empruntant parfois la chaussée. Les policiers en faction, qui étaient nombreux, ont presque disparu, à part quelques-uns affectés aux points stratégiques. Cela a encouragé les vendeurs à la sauvette à revenir sur les lieux pour les réinvestir et y exposer leurs produits. La rue Ibn Khaldoun, grande artère commerçante de la ville, voit chaque jour arriver de nouveaux vendeurs, qui se réapproprient leur bout de trottoir occupé par le commerçant du coin. Un retour en douceur pour la reprise du terrain confisqué, qui s'effectue sous les yeux des agents de l'ordre censés réprimer ce type d'activité. Derrière le Théâtre, c'est le grand bazar à ciel ouvert ; on y monte son armature, on s'installe et on expose sa marchandise à la vente et l'on agit comme si de rien n'était. Une situation qui n'a pas, à ce jour, provoqué de réaction de la part des autorités qui laissent faire. «C'est toujours comme ça, nous dit un commerçant, c'est juste une campagne comme les autres, une campagne sans lendemain, juste pour faire semblant et on revient à la case départ.» En effet hier presque tous les espaces « nettoyés» ont été de nouveau réoccupés avec encore plus de détermination, empreinte parfois d'insolence à l'égard des commerçants légaux et des agents de l'Etat. A quand donc un grand coup de pied dans la fourmilière de l'informel ?