Photo : M. Hacène Par Wafia Sifouane Mais qui est donc Serge Michel ? Un homme mystérieux qui a su se glisser dans le monde en toute discrétion et surfer sur les vagues des révolutions sans pour autant laisser de traces. Fantôme de la révolution et grande gueule, Serge Michel, ou plutôt Lucien Douchet de son vrai nom, est un homme libertaire ayant un goût prononcé pour l'aventure. Le petit parisien, fils d'ouvrier, a su faire de sa vie un véritable roman et cela en multipliant les tâches, les aventures et les rencontres. Homme aux différentes facettes, il a fait récemment l'objet d'un livre, Serge Michel, un libertaire dans la décolonisation, qui dresse son portrait sous la plume de sa propre fille, Marie Joëlle Rupp. L'ouvrage vient d'être publié chez les éditions Apic (Algérie) et a été présenté lors du 17e Salon international du livre d'Alger. Ce livre inédit présente un personnage atypique, celui d'un petit parisien dadaïste, qui décide de tout lâcher pour venir en Algérie. En 1960, Serge Michel débarque dans une Algérie qui était encore sous l'emprise de la colonisation française. Dans ses pérégrinations, son chemin croise celui de Kateb Yacine et de son comparse M'Hamed Issiakhem. C'est alors que Serge décide de devenir journaliste et adhère au FLN. Dès lors, le jeune français devient un fidèle collaborateur du mouvement indépendantiste. Discret, à l'identité trouble, Serge se faufile un peu partout tel un agent double. Il effectue de nombreuses opérations pour l'Algérie encore colonisée et fait valoir son talent de journaliste et caricaturiste. Connu pour se lasser rapidement, Serge Michel devient par la suite le bras droit de l'ex-président congolais Patrice Lumumba, qu'il accompagnera jusqu'à la fin de son mandat. A Alger, Serge Michel est aussi l'interlocuteur de Che Guevara et Amilcar Cabral. Tout en assurant la promotion du FLN, Serge Michel prendra également part à la création de l'agence de presse nationale, Algérie presse service (APS). Il en deviendra même le premier journaliste à rédiger des dépêches. Homme au parcours tumultueux, Serge Michel a toujours vécu en entretenant une part de rêve dans tout ce qu'il a entrepris, brisant les obstacles et tutoyant les dangers, il a réussi à faire de sa vie un roman. Quant au côté libertaire de Serge Michel, il a toujours su le préserver et il est resté fidèle à cet esprit anarchiste d'une époque antérieure où le mot libertaire avait du sens, du bien réel. «Je crois que son souci a été de mettre son état d'esprit libertaire en accord avec la libération de l'Algérie et celle des colonies françaises», écrit Jean Claude Carrière dans la préface du livre.