Prévisible confusion dans les états-majors à la suite de l'attaque du complexe gazier de la compagnie British Petroleum à In Amenas. Mais ce qui était le moins prévisible reste évidemment le dilettantisme des autorités nationales d'un évènement et le retour de flammes sur lequel tout le monde tablait. A savoir que les nébuleuses terroristes n'allaient pas vite capituler après toutes les fanfaronnades auxquelles elles s'étaient habituées et avaient habitué le continent et le reste du monde. A partir du moment où les hommes d'Ansar Eddine avaient renié l'accord préalablement signé afin de privilégier le dialogue pour désamorcer les menaces de guerre qui se profilaient au Mali et, par voie de conséquence le risque évident d'embraser l'ensemble du continent compte-tenu de l'extrémisme des groupes terroristes tous bords confondus, il devenait très clair que le cours des évènements pouvait se précipiter sous un tout autre prisme. Selon les évaluations morbides sur lesquelles rivalisaient les différentes chaînes de télévision étrangères, notamment celles françaises, il y aurait eu en fin d'après-midi d'hier deux morts mais également une quarantaine d'otages de plusieurs nationalités. L'attaque terroriste étant visiblement le moyen de rétorsion que l'opinion publique nationale n'a jamais exclue, loin s'en faut, sans pour autant estimer qu'elle soit aussi spectaculaire que l'attaque de ce qui, en temps normal, a de tout temps été considéré comme une forteresse imprenable et pour cause toute l'importance stratégique que revêtent les stations pétrolières, d'une part, et l'obligation de protection des personnels qui y travaillent, notamment ceux étrangers et plus particulièrement encore les ressortissants américains. Et c'est à ce niveau de réflexion que tout esprit cartésien calerait, car il devient pour le moins inexplicable qu'avec toute l'agitation qui prévaut aux frontières algériennes avec des pays riverains plutôt instables politiquement, mais aussi depuis le temps que la menace d'embrasement planait, une incursion terroriste puisse se faire avec autant d'aisance. Donc, pour un pays dont l'expérience en matière de lutte contre le terrorisme et la réputation qui lui est unanimement reconnu, il parait pour le moins que celle-ci (réputation) est largement galvaudée sauf si, forcément, il existe des éléments extérieurs qui auraient échappé à la vigilance aussi bien des services de sécurité sur place que ceux d'informations des forces militaires, de police et autres. Jusqu'ici, et pour cause l'existence d'un ennemi commun qu'il faudrait prioritairement neutraliser au-delà de toute autre considération, il est clair que tous les acteurs impliqués dans la guerre au Mali vont très vite s'interroger et sur l'étrange porosité des frontières algériennes compte tenu surtout de la conjoncture actuelle et, par extension, et sur l'amateurisme des moyens de protection et de défense sur place. Des morts, des blessés et surtout plus d'une quarantaine d'otages susceptibles de devenir des boucliers humains avec, en plus, la menace de destruction du complexe dans un dernier geste de «bravoure» des terroristes, l'addition est bien trop lourde, une addition qu'aucun argument, exception faite de l'insoutenable légèreté des responsables dont il faudrait déterminer, à bien des niveaux, le manque de professionnalisme. A partir du moment où l'Algérie a été citée bien avant que ne soit officialisée l'autorisation de survol de son territoire par les avions français, comme ayant adhéré au principe d'envoi des troupes françaises au Mali, il devenait impératif de faire preuve de la plus grande vigilance. Cela n'a pas été le cas dans la mesure où, apparemment, les nôtres ont pensé que seuls les autres, la France surtout, étaient concernés. Instantanément, s'il doit être tenu compte des informations données, la situation est on ne peut plus simple et malheureusement tout autant complexe : d'un côté il y a une quarantaine d'otages face à un nombre indéterminé de terroristes qui n'ont plus rien à perdre, et pour cause leur illumination, de l'autre côté, il va y avoir des Etats qui vont peser outrancièrement sur l'Algérie pour que leurs ressortissants soient libérés. En somme, une situation dont le pays se serait bien passé si en réalité le conflit avait été géré autrement que par des déclarations médiatiques qui se voulaient rassurantes en ce sens que tous les communicants affirmaient maîtriser la situation. A. L.