De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Dinanderie, pâtisserie traditionnelle (djaouzia), broderie et, prochainement, une section de poterie. Tous ces métiers non-industriels sont consignés dans le canevas de la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de la wilaya de Constantine. Au moins vingt associations sont répertoriées au niveau de cet organisme. Mais, «pas plus de cinq activent à plein temps, dont El Borhane, El Baha, El Mounir. Les autres n'ont pas renouvelé leur composante ou ont carrément quitté la sphère de l'artisanat faute de moyens appropriés. C'est le cas pour les ciseleurs de cuivre», indique Mme B. Nafissa, chef de service à la CAM. D'ailleurs, dans son rapport annuel en phase de finalisation, qui sera adressé au département de la tutelle et sa représentation locale, l'Office de tourisme, la CAM énumère les points noirs de l'activité artisanale que les pouvoirs publics disent pourtant vouloir ressusciter et développer afin de booster le tourisme à l'échelle locale et nationale. Parmi les entraves signalées figure la sempiternelle problématique de la disponibilité de la matière première, le cuivre dans le cas de Constantine. Les quelque 100 dinandiers répartis à travers la ville ne parviennent toujours pas à s'approvisionner. «Les dinandiers se plaignent du marché parallèle où la matière première est vendue plus cher, mais ils ne peuvent s'en passer au risque de fermer boutique. Les promesses faites par les responsables n'ont pas porté leur fruit», dira un artisan. En plus de l'absence du cuivre, il reste à régler, voire régulariser, le contentieux sur les locaux de Bardo, où activent près de 85 artisans. C'est toujours le statu quo. «Faute de soutien financier, parmi les vieux dinandiers, seuls quelques-uns ont gardé leur profession», déplore la CAM. A ce titre, nos sources révèlent que «depuis 2005, date à laquelle 36 artisans avaient bénéficié de 150 000 dinars comme signe d'encouragement, aucune autre aide n'a été accordée. On demeure dans l'expectative et espérons que la caisse nationale s'activera d'ici peu de temps». Une autre crainte pèse sur le travail du cuivre. Il a trait à la relève. La CAM reste sceptique et affirmative en évoquant le devenir de la dinanderie à Constantine : «Si les services compétents ne se penchent pas sérieusement pour aplanir les problèmes dont souffrent les associations et artisans et soulevés par notre organisme, cet ancien art populaire constantinois perdra de son lustre.» Jusqu'à l'extinction ? «Pas à ce point. La relève constitue la pierre angulaire de ce genre de travail délicat, transmis de père en fils et soutenu par les formations dispensées à la Chambre de l'artisanat et des métiers traditionnels», répliquera la même source. En attendant la réalisation du musée de l'artisanat approuvé par les responsables et qui est pour l'heure toujours au stade de projet, les artisans exposent leurs produits à la CAM, qui occupe un emplacement stratégique sur l'avenue Abane Ramdane. «Chaque adhérent peut y exposer ses objets, en respectant une clause préétablie», nous expliquent deux travailleurs. Les espaces étaient cependant presque «vides» lors de notre passage. Seules quelques poteries sahariennes et des figures de cuivres étaient exposées. Pourtant, la ville grouille de produits artisanaux. «Effectivement, ces jours-ci la direction est en train de revoir sa stratégie de commercialisation en vue d'une meilleure opération de vente», révèlent-ils. «C'est la période d'inventaire. Du coup, nous allons mettre à profit ce temps pour revoir la liste des artisans exposants. Pour l'heure, on en compte 14. La liste devra être enrichie, si nécessaire, par de nouveaux exposants et produits, avec comme option une révision des prix appliqués», ajoute la CAM. Dans la même optique, les intervenants abondent dans un seul sens en évoquant le volet commercialisation et promotion des produits artisanaux. «Il faut que les artisans apprennent à tisser des liens avec les autres wilayas pour y vendre leur objets. Il est nécessaire de sortir de la coquille locale pour montrer notre savoir-faire aux autres régions du pays», ont-ils suggéré. Connue pour sa dinanderie, Constantine est en passe d'enrichir sa production artisanale en investissant d'autres types d'artisanats, telles la broderie et la pâtisserie traditionnelle, qui s'inscrivent dans le panorama des métiers traditionnels de la ville, et qui pourraient côtoyer les objets de cuivre, si le cuivre cessait d'être une rareté…