Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili
Dans la wilaya de Constantine, les professionnels sont à couteaux tirés dans le secteur de la pharmacie, commercialement parlant. Le premier coup est parti du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo) dont le bureau est vite monté au créneau suite à l'ouverture d'une agence de l'Entreprise nationale de distribution de médicaments (Endimed) dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli, lançant dans la foulée, dix jours auparavant, un préavis de grève de l'ensemble de la corporation. Par la suite, le même organe a décidé de la suspension provisoire de la menace de grève en raison des intempéries et du plan Orsec mis en place, pour la circonstance, par les services de la wilaya. A cause du plan Orsec est-il donc claironné dans le communiqué du Snapo, comme quoi rien ne s'invente. Cette grogne homérique qui n'a pas encore eu lieu et ne s'est donc toujours pas traduite sur le terrain, a le mérite d'avoir engagé un débat que la radio régionale s'est fait le devoir de livrer à ses auditeurs. Tous les acteurs, par voie de conséquence, ont été mis face à leur responsabilité, quoique le réalisateur de l'émission a semblé avoir oublié d'inviter un protagoniste essentiel, en l'occurrence un représentant de l'entreprise publique mise en cause. A. Kabouche, le réalisateur justement nous précisera néanmoins au téléphone avoir invité «le secrétaire général de la section syndicale qui avait pris attache avec moi pour une mise au point répondant aux allégations des intervenants… bien entendu, je lui ai proposé de rejoindre le studio. Ce qu'il n'a pas fait». Effectivement, sur le plateau étaient présents le président de Conseil régional de l'Ordre des médecins, les représentants des pharmaciens ainsi que de la direction de wilaya de la Santé et de la population (DSP). Ces deux derniers ne se feront pas tendres à l'endroit de l'Endimed, confirmant, pour le premier, «l'illégalité de l'ouverture d'une agence Endimed dans la nouvelle ville sans qu'il ne soit tenu compte de la réglementation». Plus précisément, la distance entre deux officines (numerus clausus, Ndlr). Or, le représentant des pharmaciens semble superbement oublier, ou le fait sciemment, que cette règle est loin d'être appliquée dans la mesure où ils se trouvent des officines éloignées l'une de l'autre d'à peine 50 mètres à vol d'oiseau, sauf que la parade en pareil cas de figure est que l'une et l'autre ne sont pas dans le même axe. Il existe même une pharmacie qui ne remplit pas les conditions, et celle-ci a pignon sur rue sur l'une des artères les plus fréquentées de la ville et ne dispose pas de porte d'accès normalisée, puisque l'entrée est surélevée de près d'un mètre. L'astuce consiste à placer une des marches en colimaçon escamotable qui est déposée le matin et retirée le soir pour la simple raison que le fonds de commerce fait partie intégrante d'un logement. Ceci étant, le même représentant des pharmaciens n'est pas d'accord avec le nombre d'officines recensées par la direction de la santé et il n'hésite pas non plus à contredire le représentant de cette dernière en lui rappelant que les chiffres dont il dispose sont faux sachant qu'il «y a dix officines de plus par rapport à vos chiffres», précisera-t-il d'ailleurs. Encore une fois, pour quelle raison le Snapo n'a-t-il pas dénoncé cette situation ? Ferait-il dans le corporatisme de mauvais aloi ? Quant au délégué de la DSP, il s'évertuera à rappeler que l'administration a tenu compte des griefs qui lui ont été faits par le syndicat des pharmaciens et mis en demeure l'Endimed de renoncer à l'ouverture d'une officine à la nouvelle ville. Toutefois, il précisera que «celle-ci n'obtempérant pas, et comme nous n'avons pas vocation coercitive, nous avons saisi le wali pour les procédures d'usage». Le wali garderait-il alors sous le coude cette requête ? L'absence de réponse ou de décision officielle constitueraient-elles un désaveu sur toutes les démarches engagées de part et d'autre ? Ce n'est pas à exclure selon l'argumentaire du secrétaire général de la section syndicale Endimed, joint dans la matinée d'hier par téléphone. «Nous ne comprenons pas d'une part pour quelle raison le DSP ou son représentant se dérobent à leurs obligations. Nous avons bien sollicité un accord de transfert de l'administration et nous l'avons obtenu. Cela étant, l'Endimed ne demande pas d'agrément local sachant que ses statuts l'en dispensent, dans la mesure où l'entreprise dispose d'un agrément national qui lui permet d'ouvrir ou transférer des officines sur l'ensemble du territoire. C'est ce qui se fait jusque-là et moi-même personnellement j'ai sillonné l'est du pays pour informer les différents directeurs de la santé de l'intention de l'Endimed d'ouvrir une officine et la réponse de nos interlocuteurs a toujours été la même : favorable, parce que cela coule de source pour les raisons précédemment évoquées. Nous garderons donc cette agence ouverte quoiqu'il arrive et ce ne sont pas les gesticulations des uns et des autres qui changeront quelque chose à un droit pour lequel nous avons longuement bataillé… celui de maintenir en état d'exploitation des officines qui ont toujours été d'un grand apport aux citoyens, même dans les lieux les plus reculées et au moment où le terrorisme faisait rage. Notre seul objectif est d'être aux services des malades et de créer des emplois», dira-t-il.