Mise en une par la crise grecque et chypriote, l'évasion fiscale est maintenant en ligne de mire d'une opération mondiale de transparence, Offshore Leaks. Pour l'ONG Tax Justice Network, un tiers des ressources financières mondiales échappe aux Etats. Après Wikileaks, Offshore Leaks. L'ICIJ, consortium international de journalistes d'investigation, a communiqué à différents journaux, 200 gigabits de données sur des comptes ou des intérêts offshore détenus par des entreprises et des particuliers. Des documents et des informations issues principalement des Iles Vierges britanniques, un paradis fiscal placé par l'Ocde dans sa liste grise des pays non-coopératifs. Que représente l'évasion fiscale dans le monde? Selon le FMI, les fonds concernés se monteraient à 5 500 milliards d'euros, soit près de 55 fois le PIB de l'Algérie. La moitié des transactions mondiales transiteraient par des paradis fiscaux, qui compteraient 4 000 banques et 2 millions de sociétés écrans. Mais pour l'ONG Tax Justice Network, les sommes en jeu seraient encore plus importantes, atteignant 16 344 à 25 000 milliards d'euros, soit le PIB des Etats-Unis plus celui du Japon, ou 10 fois celui de la France. Cela représente un tiers des ressources financières mondiales, et une somme qui pourrait générer entre 148 et 218 milliards d'euros de recettes fiscales par an dans les caisses des Etats du monde entier. Soit plus que l'aide publique au développement fournie par les pays de l'Ocde, en baisse notoire à 100 milliards d'euros en 2012. L'économiste James Henry, auteur en 2012 d'une étude sur l'économie offshore présentée sur le site du Guardian, a calculé que les 10 banques les plus importantes du monde en matière de gestion de patrimoine privé, des expertes de l'optimisation fiscale dont Goldman Sachs, le Crédit suisse et UBS, sont passées de 1 800 milliards d'euros gérés en 2005 à 4 800 milliards d'euros en 2010. Une spectaculaire accélération de leur activité. James Henry a également calculé pour cette même étude que, si une dizaine de millions de personnes ont placé des biens dans les paradis fiscaux, la moitié des sommes, soit à peu près 8 000 milliards d'euros, était entre les mains d'un tout petit nombre de 92 000 super-riches, soit 0,001% de la population mondiale. Alors que les citoyens ordinaires des pays endettés doivent payer les pots cassés de l'austérité. Réagissant à Offshore Leaks, la Commission européenne estime quant à elle le coût de l'évasion fiscale en Europe à plus de 1 000 milliards d'euros par an. R. E.