Coup sur coup, la maison d'édition Média-Plus de Constantine vient de mettre sur le marché deux ouvrages qui sont non seulement aussi intéressant l'un que l'autre, mais s'inscrivent également dans la même lignée. Ils se rejoignent dans la pensée et les idées défendues. Le premier n'est autre qu'un recueil de textes du penseur-militant et combattant pour les libertés Frantz Fanon. Réunissant des extraits du livre les Damnés de la terre et de l'intervention de Fanon au premier Congrès des écrivains et artistes noirs, en 1956 à Paris, ainsi qu'un texte que Fanon a publié dans le quotidien El Moudjahid (n°10) en septembre 1957, le recueil est préfacé par Mireille Fanon-Mendès-France. Quant au second ouvrage, Occupy, il est signé par le professeur Noam Chomsky. L'intellectuel engagé, linguiste et penseur américain revient dans son livre sur ce mouvement populaire né dans la rue, à New York, ce 17 septembre 2011, mouvement que M. Chomsky a soutenu dès sa naissance. «Voilà maintenant trente ans que les politiques mises en œuvre consistent à monopoliser les richesses au profit d'un secteur infime de la population, une fraction si petite qu'elle n'apparaît même pas dans le recensement. Cette concentration des richesses entraîne forcément une corruption du pouvoir politique qui se répercute sur la législation. Un cercle vicieux qui génère colère, ressentiment et frustrations et creuse la fracture sociale. Occupy est l'une des plus importantes réactions populaires face à cette crise», écrit l'auteur dans le deuxième de couverture. Renchérissant, le Dr Jean Bricmont écrit dans la préface du livre : «Les sociétés occidentales contemporaines voient s'affronter trois types de forces : celles, encore dominantes, qui pensent que la crise est passagère ou au moins gérable ; celles qui, avec Chomsky et Occupy, cherchent un dépassement du système capitaliste qui s'inscrit dans le prolongement de la vision émancipatrice des Lumières (sans que ce dépassement ou les moyens de le réaliser ne soient clairement définis) ; et celles qui adoptent une attitude réactionnaire face à ladite crise des valeurs, symptômes du déclin de l'Occident. Si la crise s'aggrave et que le premier courant perd sa position dominante, la course de vitesse entre les deux autres types de contestations radicales sera déterminante pour l'avenir de nos sociétés et, indirectement, pour l'avenir du reste du monde.» En pédagogue, M. Chomsky amorce son ouvrage par une Petite histoire de l'économie américaine dans laquelle il présente les conditions économiques qui ont fini par faire sortir les gens dans la rue. Ça sera le mouvement Occupy, qui ne tardera pas à se propager à d'autres villes américaines d'abord et à travers le monde ensuite. Au chapitre suivant, au lieu de discourir, l'auteur préfère répondre aux questions de «Occupy Boston». L'interview sur 14 pages est une analyse de la situation et des solutions qui pourraient être apportées à la crise. Dans le troisième chapitre, Noam Chomsky publie un autre entretien dans lequel l'interviewer est Edward Radzivilovskiy, étudiant de la New York University à Paris. Le chapitre suivant est un compte-rendu de la conférence inter-Occupy, en janvier 2012, au cours de laquelle l'auteur répondait aux questions des militants de Occupy, en présence de Mikal Kamil et Ian Escuela. L'ouvrage est clôturé par l'intervention de Noam Chomsky à l'université du Maryland, le 27 janvier 2012, dans laquelle il aborde la question de l'occupation du terrain de la diplomatie et de la politique étrangère. L'auteur termine son ouvrage par un hommage à l'historien américain et militant pour les droits civiques et les libertés Howard Zinn (1922-2010). Traduit de l'anglais par Myriam Dennehy, Occupy a été publié récemment aux éditions parisiennes de l'Herne. H. G.