La troisième ville du pays vit son changement infrastructurel, ce qui représente un acquis indéniable. Des chantiers sont engagés un peu partout aux portes de la cité. Mais des retards dans les livraisons semblent avoir été «consignés» comme condition initiale !! Pourtant, les délais ont été fixés au démarrage des travaux. Après la mise en service à blanc du tramway au bout de plus de trois ans supplémentaires, la trémie de Daksi et le tronçon de l'autoroute est-ouest, pour ne citer que ces deux points névralgiques parmi d'autres, vivent pratiquement la même situation, rendant de ce fait le quotidien difficile aux citoyens. Les travaux se prolongent sans grande explication convaincante. La livraison du projet du tramway le 4 juin dernier aura désengorgé une grande partie du réseau routier Constantinois, resté obturé depuis plus de 4 ans. Le tracé du Cilloc jusqu'à la mosquée Emir Abdelkader a été une délivrance pour les riverains empruntant cet axe, pour se rendre aux cités limitrophes, notamment Boussof. Quoiqu'ayant été rétrécie et même, à certains endroits, supprimée pour les besoins du passage des rails, la route ouverte à la circulation a tempéré le malaise au quotidien qui a frappé la population. Ce qui a d'ailleurs valu une augmentation des tarifs aux compteurs des chauffeurs de taxis qui prétextent les déviations énormes qui étendent les courses. «On a souffert depuis le lancement des travaux de ce projet, dont l'utilité n'est pas encore exprimée», dira un habitant de ce secteur urbain. Tandis que d'autres se félicitent beaucoup plus de la libération du chemin que du tramway lui-même. «C'est la caractéristique principale de tout projet développé dans la troisième ville du pays. La ponctualité a de tout temps fait défaut», martèle un habitant. De l'autre côté de la ville, un autre chantier, de moindre importance financière mais provoquant un tollé, chez les automobilistes notamment en raison des bouchons quotidiens. Cette fois-ci, l'appréciation n'a pas d'autres mobiles que la passivité technique adoptée initialement pour avoir buté sur un rempart. Il s'agit de la trémie en phase de réalisation à la cité Daksi Abdesslem. Elle accuse son gros lot de retard. Et du coup l'itinéraire vers Sidi Mabrouk, Oued El Hadd et les hauteurs de la ville est embouteillé à longueur de journée, avec des pics lors des heures de pointe. Insurmontable ! Annoncé à grande pompe comme allant être livré en ce mois car, selon l'entreprise en charge de l'œuvre, le taux d'avancement des travaux a atteint les 80%, le projet en question, d'un linéaire de 420m, s'est heurté à un imprévu. Une canalisation rend difficile la poursuite des derniers travaux. «Il ne reste que quelque 240 m à parachever, dira un travailleur sur le site, mais, comme vous voyez, nous devons procéder délicatement, car le tube reliant tout le réseau d'assainissement de Sidi Mabrouk et ses ramifications à celui de la cité Daksi, doit être réorienté et réinstallé, ce qui nécessite un creusement d'environ 7 à 8 mètres pour le replacer». Toutefois, d'autres sources avancent que les réalisateurs du projet ont été surpris par cette «découverte» dont on n'aurait aucune trace sur le plan de masse délivré par les services compétents. «C'est au moment d'excaver que les travailleurs ont buté sur l'obstacle en question», relate un citoyen proche du site. «Ce genre de réaffectation devait se faire avant que l'entreprise n'entame ses travaux», a-t-il poursuivi. Et si l'on sait que la zone où s'érige la trémie n'est pas ancienne, les plans doivent être fiables et de surcroît disponibles. Il y a de quoi s'interroger sur le professionnalisme. Au moment de se diriger vers ce lieu, un ancien topographe reconverti en conducteur de taxi (faute d'embauche) ne mâchera pas ses mots : «Lorsque l'on confie des départements à de jeunes diplômés fraichement sortis des universités, mais dont la spécialité ne cadre pas avec l'urbanisme, il est clair que les lectures des plans sont erronées.» Evidemment, la trémie sera livrée incessamment dès lors que les délais, selon les responsables du secteur, seront respectés comme consigné dans les clauses entre l'Engoa et les gestionnaires locaux. Toutefois les Constantinois voient rouge avec ces éternels chantiers parsemés de travaux récurrents. Si ce n'est pas la Seaco, c'est la Sonelgaz, et, en tout état cause, les grands chantiers engagés dans la capitale de l'est sont affectés par la désorganisation et le manque de coordination, si l'on excepte la réalisation du pont géant, le viaduc du Transrhumel, dont les travaux se déroulent en altitude (à quelques mètres au dessus du sol). Cela est autre chose. En clair, la capitale de l'est a souffert durant ces dernières années et pourtant l'on n'est pas près de voir le bout du tunnel. Après la réception du tramway, le malaise se fait sentir chez les conducteurs aux abords des points de jonction de cette «œuvre», qui aura grignoté autant de linéaire. Et l'autre défi, livrer le dernier tronçon de l'autoroute est-ouest du côté de djebel Ouahch, reste en suspens. Ni les avenants débloqués par Ghoul, ni les directives de Sellal lors de sa dernière visite à Constantine et sur les lieux mêmes du chantier, ne semblent avoir apporté des solutions en matière de respect des délais. La population s'impatiente de rallier Skikda sans mettre plus de deux heures. Les usagers automobiles sont souvent bloqués au niveau des localités de Zighoud-Youcef, de Didouche-Mourad ou d'el Kantour. Telle est la situation en extra muros concernant l'autre malaise provoqué par les chantiers au niveau de cette wilaya. Constantine cumule ses chantiers structurant mais sans trop respecter les délais. Et pourtant les enveloppes sont dégagées rubis sur l'ongle au profit des entreprises en action, avant même que leurs employés n'enfilent leurs combinaisons de travail. Tout a une fin, se plaisent à dire ceux qui n'ont pas pour caractéristique de respecter les délais. A quel prix ? Les deux assemblées n'ont pas été en mesure de faire retentir leur voix pour secouer le cocotier. La passivité prend le dessus, prolongeant le temps de réalisation et des éventuels «avenants» pouvant en découler. N. H.