Le deuxième sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) a clos ses travaux, lundi dernier à Moscou. Une rencontre terminée à la satisfaction des participants, même si rien de concret n'a été dégagé à l'issue de cette réunion au sommet. Le sommet a été sanctionné par une série de recommandations qui résument les préoccupations des membres du Forum dans un contexte mondial particulier. Ainsi, les animateurs de cette rencontre ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la concertation entre pays producteurs pour défendre leurs intérêts dans un marché bouleversé par l'arrivée de nouvelles ressources énergétiques et l'abondance de l'offre gazière. Cette recommandation au contour générique n'est pas réellement différente des recommandations formulées lors des précédents forums. Dans sa déclaration finale, le Fpeg réitère sa détermination à soutenir des prix du gaz indexés sur les cours du pétrole et des produits pétroliers et fixés dans des contrats d'approvisionnement à long terme. Il souligne la détermination de ses membres à défendre le rôle fondamental des contrats à long terme de gaz naturel dans le financement des projets d'infrastructures à grande échelle en amont et en aval de la chaîne de l'industrie gazière, en prévoyant des solutions mutuellement acceptables pour la sécurité de la demande et de l'offre. Le Forum a, en outre, mis l'accent sur la nécessité de se renforcer en tant que plateforme pour définir et faire avancer les positions des pays membres sur les défis et les questions des marchés internationaux de gaz. Le Fpeg, dont les pays membres contrôlent près de 70% des réserves mondiales de gaz, a plaidé, lors de ce sommet, pour le renforcement de la coordination des actions afin de protéger les intérêts des pays exportateurs de gaz dans tous les domaines, y compris les interactions avec les autorités de régulation des pays consommateurs de gaz. En théorie, les pays gaziers se montrent solidaires. Ils participent tous, ou presque, à toutes les réunions qu'organise le Forum. Et, dans les débats en plénière, ils ne montrent pas de divergences de vues de taille. Dans la pratique, tout change et certains pays membres n'hésitent pas à faire cavalier seul, multipliant les transactions gazières qui les arrangent. Ils le font souvent sur le marché spot, à la grande déception d'autres membres qui défendent les contrats à long terme. L'Algérie a toujours défendu le principe de ce type de contrats. Dans un message adressé aux participants au Fpeg, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika en a relevé la pertinence. Le chef de l'Etat a souligné dans ce sens que c'est la structure du marché basée sur les contrats à long terme qui a impulsé le formidable essor de la consommation de gaz, notamment en Europe et en Asie, avec un partage équitable des risques entre importateurs et exportateurs. Bouteflika a réaffirmé dans son message à cette deuxième réunion au sommet, placée sous le thème «le gaz naturel: la réponse aux défis du développement durable du XXIe siècle», sa conviction que les pays exportateurs sauront, dans un esprit de coopération renforcée, poursuivre dans cette voie, à même de favoriser le développement de nouveaux projets gaziers. Le Président russe, Vladimir Poutine, a appelé, lui, à l'ouverture de cette rencontre, les pays membres du Forum à faire preuve de plus de solidarité pour faire face aux pressions exercées sur les pays producteurs dans un contexte international marqué par les incertitudes. Il a souligné, ainsi, la nécessité de renforcer la coordination entre les pays producteurs de gaz, mettant l'accent sur l'importance d'adopter une position commune sur la question des prix du gaz et de préserver la stratégie de partage des risques entre les producteurs et les consommateurs. «Nous sommes capables d'élaborer des mécanismes efficaces pour assurer la protection de nos intérêts», a-t-il lancé à l'adresse des participants à ce sommet. Il a insisté également sur l'importance des contrats à long terme dans la commercialisation du gaz, affirmant que la révision de cette politique portera un coup aux producteurs et mettra en péril la sécurité énergétique des consommateurs, faisant remarquer que la sécurité écologique et de l'approvisionnement a un prix. Le Président russe a appelé, en outre, au cours d'une conférence de presse tenue à la fin des travaux, à la création des conditions pour la mise en place d'un «partenariat équitable» entre pays producteurs et consommateurs. Il a indiqué que le Fpeg propose une formule simple, appelée la «sécurité énergétique globale», basée sur des contrats sur le long terme. La nature du Fpeg diffère de celle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), en ce sens qu'il n'intervient pas dans la détermination des prix ni dans les détails des contrats conclus entre les Etats, a-t-il encore soutenu. Le ministre qatari de l'Industrie et de l'Energie, Mohamed Salah Al Sada, a mis en relief l'importance de la coordination des efforts entre les pays membres, notamment en ce qui concerne la question des prix du gaz tout en prenant en considération également les intérêts des pays consommateurs. Le ministre de l'Energie du sultanat d'Oman a insisté sur l'importance de la coordination entre les pays membres du Fpeg dans tous les domaines en vue de garantir la stabilité du marché et l'acheminement des approvisionnements aux pays consommateurs. Abondant dans le même sens, le ministre libyen du Pétrole a mis en exergue la nécessité d'aller vers une coopération plus approfondie entre les producteurs en vue de garantir la stabilité du marché et d'assurer le développement de l'industrie gazière. Le 3e sommet du Forum des pays exportateurs de gaz se tiendra en Iran en 2014. L'Algérie a proposé d'accueillir le 4e sommet en 2015. Le Forum des pays exportateurs de gaz, créé en 2001, regroupe les principaux pays exportateurs de gaz, à savoir l'Algérie, la Russie, l'Iran, le Qatar, la Guinée Equatoriale, le Nigeria, le Trinidad et Tobago, la Libye, l'Egypte, la Bolivie et le Venezuela, ainsi que le Sultanat d'Oman. D'autres pays en sont observateurs. Il s'agit de la Norvège, des Pays-Bas et du Kazakhstan. Le Fpeg est d'autant plus important qu'il regroupe les pays détenteurs des deux tiers (2/3) des réserves mondiales de gaz, 40% de la production mondiale de gaz et 60% des exportations gazières. Ces pays contrôlent par ailleurs 38% des exportations de cette ressource via des gazoducs et 85% du gaz liquéfié. Il a pour objectif d'échanger des informations, d'intensifier le dialogue, d'aider ses membres à mieux exploiter leurs ressources naturelles (gaz), de suivre les tendances de l'offre et des prix et le développement des projets. Y. S.