Rabah Madjer s'est exprimé, hier, au CTN de Sidi Moussa, en répondant à plusieurs interviews accordées aux nombreuses chaînes de télévisions que compte le paysage audio-visuel algérien. Pour El Heddaf TV, le coach national, fidèle à ses habitudes, a été assez clair dans ses réponses même s'il a une nouvelle fois tenté des dribbles pour esquiver la question relative à la mise à l'écart de Feghouli et Mbolhi. Madjer a fait le tour de l'actualité et a tenu à éclairer l'opinion publique au sujet de l'avancée de son travail à la tête de la sélection nationale. Entretien : Après avoir boycotté la presse nationale lors du précédent stage, vous avez décidé à présent d'ouvrir une nouvelle page. Peut-on parler d'une forme de réconciliation avec les journalistes ? Pas de réconciliation. Je dirais plus ‘' le grand pardon''. C'est le titre qui me semble le plus adéquat. Depuis le mois d'octobre dernier et jusqu'à aujourd'hui, il y a eu un acharnement épouvantable contre ma personne. Une campagne de dénigrement inexpliquée et cela n'est bénéfique ni pour moi, ni pour l'EN, ni pour le peuple algérien et encore moins la presse. J'espère que tout cela est désormais de l'histoire ancienne et que tous ensemble, nous allons travailler en étroite collaboration. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème avec la presse nationale, bien au contraire. Dés le premier jour de ma venue, j'ai été porteur de messages de paix, mais au retour, je n'ai eu droit qu'au dénigrement de certaines personnes. Vous avez été critiqué, peut-être parce que vous êtes Rabah Madjer, l'une des icônes du football national... Il y a du vrai dans cela. Quand je suis arrivé à la tête de l'EN, certains ont été pour, d'autres, contre. Certains avaient des intérêts. Après, je comprends que les chaînes télé veulent augmenter leur audimat et faire du sensationnel, mais pas à travers ma personne non plus. On a fait de moi un fonds de commerce. Le produit Madjer marche mieux et des personnes ensuite ont profité de l'occasion pour me tirer dessus dans ces plateaux de télévision. Mais moi, je n'ai jamais répondu à personne. Ce qui m'intéresse le plus, c'est mon travail à la tête de la sélection. Les attaques personnelles vous ont fait mal... Voilà. On a touché à ma famille, à mes enfants, à ma vie privée, c'est vraiment triste, car ça vient des gens de mon propre pays. Après comme le dit le proverbe : «Nul n'est prophète en son pays». Certaines personnes sont allées très loin... Le fait d'avoir été consultant à la télévision et d'avoir fait dans la critique, certains disent à présent que Madjer doit désormais accepter qu'on le critique aussi. Vous répondez quoi à ça ? Il y a ça aussi oui, c'est la vérité, mais les gens ne m'ont pas compris. Jamais, je n'ai critiqué un entraineur. On a même dit que j'avais critiqué Rajevac, ce qui est totalement faux. Au contraire, j'ai parlé que du bien de lui et les enregistrements vidéos sont là pour le prouver. Quand j'étais consultant, je ne faisais que mon travail, mais jamais je ne me suis attaqué aux personnes. Du coup, des personnes malintentionnées ont mené une campagne de déstabilisation contre ma personne, en faisant tout pour tromper l'opinion publique. Sur les réseaux sociaux, vous n'avez pas été épargné aussi. Le fameux «Allo Porto !», a fait le tour de la Toile. Ça vous a énervé ? Non, pas du tout. Ça me fait rigoler plutôt. Les gens ont mal compris ce que je voulais vraiment dire par «Allo Porto !». J'ai fait le geste, car quand on appelle une personne, c'est à l'aide d'un téléphone. Ensuite, j'ai fait référence à Porto, car ce club, je le connais parfaitement et j'ai beaucoup de relations là-bas, c'est tout. Comme je l'ai fait avec Bennacer lorsque j'ai appelé les dirigeants d'Empoli, afin qu'ils me le libèrent pour ce match à venir face à l'Arabie Saoudite. Vous avez gagné une bataille, puisque Bennacer a été officiellement libéré par Empoli et sera en mesure de jouer ce match amical face à l'Arabie Saoudite... Je ne cherche pas à gagner ou perdre la bataille. Ce n'est pas mon rôle. J'ai discuté avec le directeur général d'Empoli et je lui ai dit : «Nous avons un match important et vous, vous n'avez plus de matchs importants puisque votre club a accédé en Serie A. Donc, libérez-moi Bennacer comme je l'ai fait pour vous au mois de mars dernier». Dieu merci, notre demande a été acceptée sans souci. Il est donc important d'avoir de bons rapports avec les différents clubs européens où évoluent nos joueurs. Qu'attendez-vous de ce match amical face à l'Arabie Saoudite prévu le 9 mai prochain à Cadix en Espagne ? C'est un match amical de préparation, mais on veut faire une bonne prestation et gagner. Moi, je ne joue pas un match pour dire : «Je vais voir des joueurs». Non, moi, je joue un match pour le gagner. On doit gagner pour remonter le moral du groupe. Pour l'instant, les joueurs se préparent idéalement pour cette partie. L'ambiance est bonne. On attend que le groupe se complète avec l'arrivée des joueurs de l'USMA dans la soirée (Ndlr, hier soir). Parlons, si vous le voulez bien, du cas Faouzi Chaouchi. Vous l'avez toujours défendu même après sa suspension, mais la bévue qu'il a commise vendredi dernier en Ligue des champions d'Afrique ne vous fragilise pas davantage ? Non, pas du tout. Après, oui, c'est vrai que le but qu'il encaisse, c'est un peu de l'amateurisme. Je n'ai pas compris pourquoi il est sorti aussi loin de sa cage. C'est une erreur de sa part, mais aussi celle du défenseur qui a remis le ballon de la tête. C'est des erreurs qui arrivent. On ne va pas l'accabler non plus. Mais autant d'erreurs, cela ne va pas réconforter votre choix de lui faire appel à chaque fois... Si chaque joueur qui commet une erreur, je ne le convoque plus en sélection, je vais me retrouver avec aucun joueur lors du stage. Il faut être reconnaissant envers Chaouchi. Les gens qui le critiquent aujourd'hui sont ceux qui l'ont applaudi lors du fameux match d'Oum Dormane. Il mérite plus de respect. Le joueur Boukhanchouche est remplaçant avec la JSK, mais joue titulaire en sélection. Qu'avez-vous à dire sur ça aussi ? La situation de Boukhanchouche à la JSK ne m'intéresse pas. J'ai une grande confiance en ce joueur, comme c'est le cas pour les autres joueurs convoqués. Après, lors du prochain stage, d'autres joueurs vont retrouver le groupe. Boudebouz, Farès et d'autres vont revenir ? Des noms à nous donner ? Pour l'heure, je préfère garder les noms pour moi, en attendant qu'on communique la liste. On dit que vous n'avez pas été convaincu par Bensebaïni en tant que latéral gauche. Est-ce qu'on peut s'attendre au retour de Farès lors du prochain stage ? Pourquoi vous parlez de Bensebaïni ? Et pourquoi vous ne parlez pas de Benmoussa qui réalise de très bons matchs avec l'USMA et la sélection. Face à l'Iran, il a fait une superbe prestation. Farès a été relégué en Serie B avec son équipe. On ne va pas convoquer chaque joueur dont le nom est évoqué par la presse. Nous ramènerons le profil du joueur que nous ciblons uniquement. Notre projet est d'arriver à s'imposer en Afrique noire. Je vous pose la question : «Combien de CAN l'Algérie a gagnée en Afrique noire ?» Aucune. Voilà. Parce qu'il n'y avait pas une stratégie adéquate pour le football africain. On ne va pas ramener chaque joueur qui marque un but avec son club quand même. Parlons à présent de Feghouli et Mbolhi. Certains disent que tant que Madjer est à la tête de l'Equipe nationale, ces deux éléments ne reviendront plus en sélection... Non, il ne faut pas parler comme ça. J'ai beaucoup de respect pour Mbolhi et Feghouli. Je ne peux pas être contre ces deux éléments car je n'ai pas travaillé avec eux auparavant. Je suis reconnaissant pour tout ce qu'ils ont donné pour la sélection durant toutes ces années. Je n'ai rien contre eux ou contre Belfodil, Boudebouz etc. Il faut respecter le choix des entraîneurs. On connaît ces joueurs et on sait de quoi ils sont capables. J'ai envie, du coup, de voir d'autres joueurs, ce qu'ils peuvent apporter au jeu de la sélection. Ce qui est certain, c'est que lors du prochain stage, de nouveaux joueurs seront là et d'autres reviendront. Revenons sur le cas Saphir Taïder. On vous reproche le fait d'avoir donné trop de détails pour justifier la mise à l'écart de ce joueur lors des deux précédents matchs. Qu'avez- vous à dire ? Je n'ai pas à revenir sur le cas Taïder. J'ai dit ce que j'avais à dire sur ce joueur et je ne vais pas le répéter. Je respecte ce joueur mais il y a un choix qui a été fait. Qu'il joue ou pas, c'est du ressort de l'entraîneur uniquement. D'autres joueurs aussi n'ont pas joué la moindre minute et se sont bien comportés. Malheureusement, ce qui s'est passé avec Taïder, c'est désolant. Je ne m'attendais pas à ça de sa part. Vous parlez de ses sorties médiatiques par la suite ? Il est libre de dire ce qu'il veut et moi, je suis libre d'entendre ce que je veux. Vous êtes à la tête de la sélection depuis plus de six mois. Sincèrement, vous pensez qu'en insistant autant sur les joueurs locaux, on peut gagner la CAN en 2019 ou du moins, aller loin dans la compétition ? D'abord, je n'ai jamais dit que nous allions former une sélection nationale composée uniquement de joueurs locaux. L'EN doit être composée des meilleurs joueurs locaux et de ceux qui viennent de l'étranger. Après, oui, le joueur local doit être revalorisé et encouragé. C'est ce que j'ai fait. On espère décrocher une deuxième étoile pour le pays. Le match face au Portugal, champion d'Europe en titre, vous fait-il peur ? Non, je n'ai pas peur. J'ai toujours été optimiste, que ce soit en tant que joueur ou en tant que sélectionneur national. On va affronter une grosse équipe devant son public. On est conscient de ça. J'espère qu'on va être à la hauteur et même si on perd, on va essayer de tirer des leçons. Notre but est d'être prêts pour le match face à la Gambie.
