«7 mois, soit 231 jours, sans le maillot vert» Après un long mutisme médiatique, Karim Matmour s'est enfin exprimé, hier, sur son site officiel, en rédigeant une longue chronique dans laquelle il est revenu sur plusieurs points liés à son club et à l'Equipe nationale. Dans cette intervention riche en enseignements, l'international algérien a regretté, à l'instar de tous les observateurs, l'annulation du match du 9 février qui devait opposer l'Algérie à la Tunisie, en espérant que «Benchikha trouve une solution de rechange». Matmour a commencé sa chronique en évoquant la longue durée de son absence des Verts. «231 jours sans jouer avec les Verts et voilà que le match face à la Tunisie qui va prolonger mon absence» «Du 23 juin 2010 au 9 février 2011, il se serait passé exactement 231 jours… Soit quelque chose comme sept mois sans avoir mis le maillot vert de l'Equipe d'Algérie. Et me voilà encore obligé de reporter mon retour à la maison verte, jusqu'au prochain match, après l'annulation de la rencontre face à la Tunisie. ça sera comme une éternité dans ma tête, tellement j'ai hâte de me retremper dans l'ambiance du groupe. Des mois sont passés, sans…moi. Un manque terrible de cette fierté de défendre les couleurs de l'Algérie qu'aucune autre sensation ne peut égaler. C'est inexplicable, mais il n'y a que ceux qui ont vécu ces moments sous le maillot vert qui pourraient le comprendre. C'est comme ça, lorsqu'on a l'Algérie dans le sang… » a écrit le joueur du Borussia Mönchengladbach. Matmour n'a pas voulu s'étaler sur le problème politique qui a poussé les autorités algériennes vers cette fuite en avant. Il s'est juste contenté de regretter d'être forcé à reporter son come-back. «Ma blessure n'est plus qu'un mauvais souvenir» Par la suite, Matmour s'est étalé sur sa blessure pour rassurer ses fans. «Quelques soucis de santé m'ont empêché de revenir plutôt. Je pense que cela est un mal pour un bien, car ça m'a permis de reposer un peu mon physique, après trois et ans et demi de sollicitations, tant avec le club que l'Equipe nationale. Aujourd'hui, hamdoullah, je ne ressens plus de douleur au niveau de mon pied gauche et cette blessure au tendon d'Achille n'est plus qu'un mauvais souvenir. Je retrouve peu à peu les bonnes sensations sur le terrain. D'ailleurs à chaque fois que mon entraîneur décide de me faire confiance, j'essaie d'apporter le plus qu'on attend de moi. Le week-end passé a été encore réconfortant de ce point de vue, puisque j'estime humblement avoir contribué à la victoire de mon équipe. C'est ce que je voudrais aussi faire avec l'EN lors des échéances qui nous attendent en 2011». Il est vrai que Matmour a sauvé son équipe et, surtout, la tête de son entraîneur à trois reprises. Première fois, c'était face à Hambourg, en participant largement à l'égalisation, puis au but de la victoire du Borussia qui l'avait emporté sur le score de 3-2. La deuxième fois, c'était contre Nuremberg, et la troisième fois, lors du dernier match, en offrant la balle du but victorieux à ses coéquipiers. C'est ce qui a poussé son entraîneur à avouer, (enfin !) que «Matmour nous a sauvé la vie !» «Je suis très impatient de retrouver la maison verte» «Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis impatient de retrouver les Verts. A mesure que les jours passent, les fourmis s'emparent de mes jambes et l'effervescence me prend dans tout le corps. Je pense beaucoup à mon retour. J'étais vraiment heureux de pouvoir rejouer avec les Verts dans une semaine. Si le stage est maintenu, on se contentera donc de nous revoir entre nous, en étant certain que le coach trouvera une solution de rechange, après l'annulation du match contre la Tunisie. Sinon, on fera avec, ou plutôt sans… Dans tous les cas, dans mon esprit, je sais autant que mes coéquipiers qu'il me faudra faire des efforts individuellement pour être au top dans un mois face au Maroc. Je travaille déjà un peu plus depuis mon retour à l'entraînement avec mon club. Je prolonge souvent les séances par une bonne demi-heure de musculation ou d'autres exercices. Nous avons beaucoup de responsabilités envers les Algériens qui attendent une bonne réaction de leur équipe et un engagement total de chacun des joueurs», a-t-il poursuivi. Une nouvelle qui va sans doute redonner de l'espoir aux millions supporteurs de l'EN, avides de voir leurs joueurs élever leur niveau aussi haut que ceux des meilleurs d'Europe. Surtout ceux qui ont les moyens de le faire, à l'instar de l'Algérien du Borussia Mönchengladbach. «La qualification est parfaitement jouable, mais nous devons d'abord retrouver notre statut de leader» Pour préparer le match du mois de mars, Matmour sait parfaitement ce qu'il doit faire pour répondre présent dans les duels. «Nous devons d'abord tout entreprendre, afin de reprendre confiance en nous, avant d'affronter le Maroc. Il sera primordial pour chaque joueur de se donner doublement, afin d'élever le niveau d'ensemble, à celui de la concurrence. Nous devons surtout nous faire respecter à nouveau et réapprendre à gagner. Car c'est cela qui va nous réconcilier avec nos supporteurs et nous permettre de retrouver notre statut de leader qui nous a conduits au dernier Mondial. Certains ont un peu douté de nous, à cause des résultats enregistrés avant, pendant et après la Coupe du monde. On ne peut pas leur reprocher d'être exigeants et de nous pousser vers l'avant. Moi aussi je le suis et c'est pour cela que je veux rester optimiste et croire que la qualification est parfaitement jouable», a soutenu l'international algérien. Il vise Gerets sans le citer et préfère parler sur le terrain Abordant le match face aux Marocains, Karim Matmour a été légèrement offensif en s'adressant indirectement à Eric Gerets, sans toutefois le citer, histoire de le remettre à sa place. «J'entends çà et là dire que certains de nos homologues marocains pensent avoir gagné un «supposé» statut de favori contre nous. Soit. S'ils le voient de cette manière, cela nous arrange bien. Je n'ai pas pour habitude de m'afficher dans les médias pour l'ouvrir. C'est le contraire de ce que je suis et de ce que sont mes coéquipiers en sélection. C'est pour cela qu'on ne répondra pas aux provocations, si c'est cela leurs intentions. Nous voulons juste jouer notre vrai football et arracher les trois points de la victoire. Nous jouerons chez nous. Et là, on jouera le tout pour le tout. L'engagement sera total de notre part, car on sait qu'on est un peu dans l'urgence. Nous devons reprendre le même tempérament qui nous avait animés à Blida, face à l'Egypte, au match aller des éliminatoires pour le Mondial. C'est l'une des clés de la victoire. Je suis sûr qu'on est capables de retrouver cette grinta qui a caractérisé notre football durant cette inoubliable épopée. J'y crois fermement pour ma part», a-t-il estimé avec beaucoup de conviction. «Je suis très content que Ziani ait joué 90 minutes» Pour appuyer ses propos optimistes, Matmour a tenu à faire rappeler le retour en compétition des cadres de l'EN. Il s'est réjoui que beaucoup de ses coéquipiers aient repris confiance en eux et gagné leur place au sein de leurs clubs respectifs. C'est cela qui lui a donné autant d'enthousiasme et de foi. «Et comment ne pas y croire lorsqu'on voit beaucoup de cadres de l'équipe, comme Karim Ziani qui vient de changer de club intelligemment, afin de retrouver du temps de jeu ! A Kayserispor, Ziani a déjà commencé à rejouer 90 minutes pleines. C'est un élément important en EN et cette confiance retrouvée va lui donner encore plus de punch, tout comme pour les autres joueurs qui s'affirment chacun dans son club. Bougherra, Djebbour, Yahia, Abdoun, Boudebouz, Yebda, Lacen, Lemmouchia, Belhadj et les autres ont tous repris du temps de jeu et cela va sûrement avoir des répercussions positives sur le rendement de l'équipe», a-t-il estimé. «Moi aussi, je retrouve de la qualité dans mon jeu» Matmour a été également rassurant en ce qui le concerne et l'a dit ouvertement. «Moi aussi, je retrouve du temps de jeu et de la qualité dans mon jeu qui me donne le droit d'espérer retrouver vite mon vrai football. Le coach Benchikha a su gagner le respect des joueurs et son intégration s'est très bien faite. Il reste juste à parfaire les automatismes et retrouver la bonne manière de jouer. C'est-à-dire, celle qui va nous permettre d'être plus incisifs et, surtout, décisifs. Il nous faut impérativement arriver à marquer des buts comme nous avions su le faire auparavant. La confiance ne sera retrouvée qu'avec des buts et je suis sûr qu'on est capables de le faire. Personne n'a le droit de douter qu'on peut réaliser cet objectif qu'est la qualification à la CAN 2012», a-t-il tenu à lancer aux supporteurs, afin de les pousser à y croire un peu plus. Un message qui, espérons-le, sera reçu comme il se doit par tous, notamment les sceptiques d'entre nous.
