Le constructeur informatique Hewlett-Packard a confirmé la nomination de l'ex-patronne d'e-Bay, Meg Whitman, à sa direction générale, en remplacement du décrié Leo Apotheker. "Nous sommes à un moment critique et nous avons besoin d'un leadership renouvelé pour mettre en oeuvre avec succès notre stratégie et tirer partie des opportunités du marché à venir", a déclaré le président du groupe Ray Layne. Le conseil d'administration estime que "le poste de patron de HP nécessite actuellement des compétences supplémentaires", a-t-il ajouté en référence à Leo Apotheker. L'ex-président du directoire de la société allemande de logiciels de gestion SAP avait été nommé fin septembre 2010 à la tête du groupe californien pour succéder à Mark Hurd. HP n'est pas pour autant prêt à des changements de stratégie, a-t-on expliqué à Reuters, contrairement aux rumeurs qui courraient à Wall Street. Certains avaient pensé que le départ de Leo Apotheker, troisième patron d'affilée à être contraint de prendre la porte chez HP, serait le prélude à un rétropédalage concernant des décisions de fond prises pendant son mandat. Il a notamment été envisagé une éventuelle scission de la branche ordinateurs personnels et l'acquisition du concepteur britannique de logiciels Autonomy, certains investisseurs craignant que HP ne surpaye cette acquisition. En moins d'un an à son poste, Leo Apotheker a plusieurs fois réduit la prévision de chiffre d'affaires, est revenu sur les promesses concernant l'intégration de logiciels mobiles, sur fond de chute de 50% du cours de Bourse de HP. Meg Whitman, qui était déjà au conseil d'administration de HP, connaît bien le consommateur et la distribution sur internet. Mais elle ne sera pas forcément le choix idéal, estiment certains analystes. Celle qui a tenté sans succès d'être élue au poste de gouverneur de Californie, a transformé la PME e-Bay, qui avait quelques dizaines d'employés en 1998, en un important distributeur sur internet. Mais, les dernières années de son mandat ont été marquées par une croissance plus hésitante, une intensification de la critique à Wall Street et une série d'acquisitions pas forcément judicieuses, comme celle de la société de téléphonie par internet, Skype, finalement revendue à Microsoft. HP a fini en baisse de 4,8%, à 22,80 dollars, effaçant l'essentiel des gains de 6,6% enregistrés mercredi. L'enthousiasme des investisseurs pour un changement au plus haut niveau s'est mué en prudence, compte tenu des fondamentaux incertains du groupe, expliquent les analystes. Malgré les critiques, la nouvelle patronne maintient le cap fixé par son prédécesseur Meg Whitman assume les choix stratégiques annoncés par Léo Apotheker le mois dernier, alors même que les investisseurs ont manifesté leur mécontentement et certains experts du secteur leur scepticisme. L'avenir de la division micro-informatique reste en suspens. Ceux qui espéraient un changement de stratégie chez HP en seront pour leurs frais. La nouvelle directrice générale du géant informatique, Meg Whitman, l'a clairement indiqué lors de sa première prise de parole officielle en fin de semaine dernière : " Ma nomination ne change rien au niveau stratégique. Nous confirmons les décisions annoncées le mois dernier. Et nous sommes notamment déterminés à finaliser l'acquisition d'Autonomy. " Pas de quoi rassurer les actionnaires qui avaient justement manifesté ces dernières semaines leur mécontentement face au projet de rachat de l'éditeur de logiciels britannique, jugé trop coûteux à 10,2 milliards de dollars. A Wall Street, l'action perdait 4 % en début de séance, dans un marché en légère hausse. Certains redoutent de plus en plus une nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance pour l'année - la quatrième en un an. Les experts restent sceptiques L'incursion de la firme californienne dans les logiciels, qui pèsent pour moins de 4 % dans ses revenus, continue de laisser sceptiques les experts du secteur. " Je ne vois pas de réel avenir pour HP dans ce domaine. Il y a d'autres options à prendre, estime Jean-François Perret, vice-président de Pierre Audoin Consultants. Le groupe devrait davantage affirmer sa stratégie dans le ''cloud computing'' ["informatique à la demande "]. " Au mois de mars, Léo Apotheker avait affiché ses ambitions dans le domaine, sans pour autant donner de feuille de route claire au groupe. Outre l'acquisition d'Autonomy, Meg Whitman a également laissé ouverte la réflexion en cours sur l'avenir du PC dans le groupe, qui pourrait aboutir à une filialisation de la division micro-informatique. Sans donner de pistes plus précises que Léo Apotheker et les autres dirigeants depuis un mois, la nouvelle patronne a néanmoins voulu se montrer conciliante. " Nous comprenons que l'incertitude sur ce sujet n'est favorable pour personne : ni pour nos affaires, ni pour nos clients, ni pour nos actionnaires. C'est pourquoi nous prendrons une décision le plus vite possible. " Le projet de scission de la division PC ne semble pas être le sujet le plus polémique chez HP. " Même si la décision est brutale, cela va dans le sens de l'histoire, reconnaît le responsable d'une société d'investissement spécialisée dans la high-tech, qui rappelle l'épisode de la cession des PC d'IBM à Lenovo en 2005. Le vrai problème réside dans l'exécution de cette stratégie. Il va falloir agir vite. " En adoubant Meg Whitman, le président du conseil d'administration de HP, Ray Lane, n'a pas manqué de souligner les qualités de " communicante " de sa nouvelle directrice générale, estimant que " 90 % du poste se basaient sur le leadership, la communication et l'exécution opérationnelle ". Cela suffira-t-il à redresser la barre chez HP ? La nouvelle patronne aura peu de temps pour faire ses preuves.
