Une nouvelle carte politique qui favorise l'ancrage démocratique dans la société algérienne a été dégagée par les élections législatives du 10 mai 2012. Pratiquement tous les partis politiques qui ont participé au scrutin sont représentés désormais à l'hémicycle de l'APN dans toutes leurs diversités et divergences politiques et idéologiques. C'est une première en Algérie qui s'est concrétisée suite à l'adoption récente de la nouvelle loi électorale qui a opté pour un scrutin législatif à la proportionnelle. Ce dernier n'exclut aucune formation politique, aussi peu représentative de la société, soit-elle. La cohésion sociale, un enjeu de taille en termes d'unité nationale, est ainsi consolidé. Toute la société algérienne dans toutes ses différences politiques est ainsi représentée dans cette l'assemblée nationale populaire où les projets de lois ne seront plus adoptés facilement, comme l'envoi d'une lettre à la poste. Les députés doivent convaincre à coups d'arguments pour se faire entendre, en sollicitant parfois des cas d'alliance pour adopter un projet de loi. Ce qui conforte, selon de nombreux observateurs de la scène politique nationale, le processus et l'apprentissage démocratique en Algérie dans le sens du respect du droit à la différence et de l'opinion de l'autre. Bien entendu, le peuple algérien, qui s'est exprimé librement jeudi dernier, a opté dans la majorité des électeurs pour le programme du FLN qui leur semble plus attractif et protecteur socialement et économiquement parlant. C'est ce que soutiennent néanmoins les analystes qui ont décortiqué à chaud sur le plateau de l'ENTV de vendredi les résultats du scrutin octroyant 220 sièges au parti du FLN dont le ministre de l'intérieur explique comme " un refuge " pour les électeurs qui lui ont renouvelé leur confiance pour un mandat de5 ans. Le RND qui le suit de loin avec 68 sièges pourrait lui offrir aussi une majorité parlementaire au FLN sans recourir aux islamistes ou d'autres formations politiques plus encombrantes. L'autre élément qui conforte l'ancrage démocratique est indéniablement le retour en force du plus vieux parti politique d'opposition en Algérie. Tous les analystes sont d'accord pour dire que le retour du FFS avec 21 sièges à l'APN constitue en lui-même un événement majeur en termes d'abord de crédibilité du scrutin et d'apport et de contradictions politiques dans les débats et de l'enrichissement des lois. Il s'agit, selon eux, de permettre une meilleure stabilité et fonctionnement cohérent des lois que revendiquent d'ailleurs de nombreuses organisations patronales et investisseurs étrangers. La formation politique est importante et nécessaire pour discuter ou élaborer des projets de lois, en dehors de ceux proposés par le gouvernement. Et le FFS a une longue expérience derrière lui dans ce sens et peut contribuer à l'émergence d'une nouvelle vision des lois en Algérie dans le sens de faciliter leur application et durer dans le temps. Il est ainsi vrai que les projets de lois ne seront plus adoptés facilement à l'APN avec la simple levée de mains. Les débats seront probablement houleux parfois et durables dans le temps. L'Exécutif pourrait-il être retardé dans l'application des lois ? Oui peut-être, selon certains constitutionnalistes, favorables pour un Exécutif fort, dans des situations exceptionnelles qui exigent une célérité dans l'exécution des projets notamment socioéconomiques ou d'essence éminemment politiques. Oui mais d'ancrage l'apprentissage démocratique en termes d'opposition constructive en vaut la chandelle. La présence en force des femmes au parlement est aussi une nouvelle donne qui crédibilise davantage l'APN en lui donnant un cachet pluriel en termes de représentativité de la société algérienne. 145 femmes sont ainsi portées comme députées à l'APN par des électeurs et électrices. Et ce à la faveur, aussi, de la nouvelle loi sur la représentativité féminine, dans les listes électorales élaborées par des partis politiques, adoptée également récemment, dans le cadre des nouvelles réformes politiques introduites par le président Bouteflika. Il faut donc compter avec ces femmes députées pour faire passer un projet de loi discuté sous youtes les facettes en termes de préoccupations des citoyennes et citoyens qui les ont élues. Et elles vont certainement innover en initiant, elles-mêmes, des projets de lois, à l'instar de ce qui se passe dans les parlements européens ou d'autres pays plus démocratiques. Les dés sont ainsi jetés pour un vrai changement dans la légalité constitutionnelle et avec une représentation plurielle. Encore une fois de plus, l'Algérie reste un pays exceptionnel dans le sens de sa spécificité nationale qui rejette toute forme de pression étrangère. L'Algérie connaît le prix de la liberté et de la démocratie au moment où elle s'apprête à célébrer son 50éme anniversaire de l'indépendance nationale le 5 juillet 2012.
