Les cours du café ont grimpé la semaine dernière, profitant à nouveau d'une vague d'achats spéculatifs, mais le marché pourrait vite retomber, sous la pression d'une production de fèves abondante face à une demande mondiale minée par la crise, avertissent les experts. Cacao Les cours de la fève brune ont rebondi légèrement la semaine dernière, profitant d'achats à bon compte après deux semaines de baisse. Le regain d'optimisme du marché en fin de semaine, après des spéculations sur des mesures de relance en Chine et le budget de rigueur espagnol, a profité aux actifs risqués comme les matières premières et affaibli le dollar, ce qui a donné un coup de fouet aux prix du cacao à New York. La dépréciation du billet vert rendait en effet plus attractifs les achats de fèves brunes libellés dans la monnaie américaine. Cependant, "la hausse des prix était freinée par le succès des négociations entre les autorités de Côte d'Ivoire et les négociants" sur les coûts de transports et de stockage des fèves, tempérait la revue spécialisée Public Ledger. Certains négociants de cacao avaient menacé de stopper leurs livraisons faute d'accord. Sur le Liffe de Londres, la tonne de fèves brunes pour livraison en décembre valait 1635 livres sterling vendredi dernier, contre 1613 livres le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2543 dollars la tonne contre 2509 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café ont grimpé ces derniers jours, en particulier le robusta, de nouveau dopés par des achats spéculatifs, sur fond de dollar affaibli et de regain d'optimisme des opérateurs. La réticence des agriculteurs à vendre leurs fèves, dans l'espoir de cours plus élevés, contribuait également à soutenir le marché. Dans l'ensemble, "les fermiers brésiliens ne se précipitent pas pour vendre" mais "les torréfacteurs ne montrent pas d'empressement à acheter", dans l'attente de précisions sur le niveau et la qualité de la prochaine récolte, a expliqué dans une note Christopher Narayanan, analyste de la Société Générale. Cependant, "les cours restent vulnérables" et pourraient bientôt se replier alors que s'affinent les prévisions d'un important excédent de la production caféière mondiale sur l'année 2012-2013 (qui commence en octobre), a souligné Kate Tang, analyste de Barclays Capital. Selon elle, l'offre de café pourrait bondir de 6% en 2012-2013 par rapport à l'année précédente, notamment en raison d'une année faste dans le cycle biennal de culture caféière au Brésil (premier exportateur mondial de café) pour la récolte allant d'avril 2012 à mars 2013. Par ailleurs, "le phénomène climatique El Nino (prévu cet automne) amène traditionnellement un temps chaud et sec sur la Colombie (principal producteur d'arabica), et avec l'achèvement d'un programme de renouvellement des plants, on attend un rebond important de la production du pays", qui avait chuté ces dernières années, a ajouté M. Narayanan. Enfin, le Vietnam (2e producteur de café de la planète) a dévoilé jeudi que les exportations de sa récolte 2011-2012 achevée ce mois-ci avaient atteint 1,6 million de tonnes, un niveau record (+24% en un an). Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en novembre valait 2175 dollars vendredi dernier, montant à des niveaux plus vus depuis fin août, contre 2060 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 174,35 cents contre 171 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre ont nettement profité du regain de confiance des marchés et de la dépréciation du dollar mais voyaient eux aussi leur hausse limitée par les perspectives d'une offre abondante en 2012-2013 sur le marché mondial, là encore dopée par le Brésil, premier pays producteur. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 574,90 dollars vendredi contre 567 dollars le vendredi précédent pour le contrat d'octobre. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 20,40 cents contre 19,52 cents sept jours auparavant pour le contrat d'octobre. Le blé et le maïs terminent en hausse Les cours du maïs et du blé terminaient la semaine en hausse à Chicago, tandis que le soja effaçait une grande partie de ses pertes, des stocks américains plus faibles que prévu mettant un terme au récent mouvement de correction des cours. "Il semble que le mouvement de correction des cours à la baisse qui a sérieusement ébranlé les prix (agricoles) au cours des dernières semaines, ait touché le fond", a constaté Frank Cholly, de RJO Futures. "Cette tendance baissière avait fait reculer le boisseau de soja de plus de 2 dollars, le maïs d'environ 1 dollar et le blé de 70 cents par rapport à ses récents plus hauts", a-t-il détaillé. Ce rebond des cours intervenait après la publication vendredi d'un rapport des autorités américaines agricoles, l'USDA, sur les réserves des grains aux Etats-Unis, "très haussier, et faisant état d'un approvisionnement serré, surtout pour le maïs et le soja," a commenté M. Cholly. Les Etats-Unis, premiers producteurs de soja et de maïs et premiers exportateurs de blé ont été frappés cet été par la pire sécheresse depuis les années 30. Les stocks américains de maïs et de soja ont ainsi chuté respectivement de 12 et 21%, tandis que ceux de blé reculaient de 2%. Au 1er septembre 2012, le stock américain de maïs recule à 25,1 millions de tonnes (Mt) contre 28,6 Mt un an auparavant. Les cours du maïs dirigeaient ce rebond, les réserves de la céréale se situant nettement en dessous du consensus des analystes qui tablaient sur un stock de début de campagne 2012 à 28,3 Mt. Il reste aussi très en dessous des estimations de l'USDA qui les évaluait à 30 Mt dans son rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiale du 12 septembre dernier. Concernant le soja, le stock de fin de campagne chute à 4,6 Mt, contre 5,8 Mt en 2011. Il est cependant supérieur aux estimations de l'USDA qui, dans son dernier rapport mensuel, l'estimait à seulement 3,53 Mt. Enfin, le stock de blé reste relativement stable par rapport à 2011, ne chutant que de 2% à 57,2 Mt.La semaine avait été jusque-là "particulièrement négative" pour le marché agricole à la Bourse de Chicago, a noté Steve Georgy, de la maison de courtage Allendale. Ils avaient été notamment pénalisés par des attentes de production moins mauvaises que prévu à la suite de "précipitations à la fin de l'été et récoltes plus efficaces qu'attendu", a-t-il poursuivi. Par ailleurs, les inquiétudes au sujet de la zone euro avaient favorisé une hausse du billet vert qui plombait les achats de matières premières libellées en dollars.
