La production de pétrole au Nigeria chutera de 40% d'ici à 2020 sans nouveaux investissements, a estimé cette semaine un haut dirigeant d'Exxon, critiquant un projet de réforme du secteur pétrolier du pays, premier producteur de brut d'Afrique. Mark Ward, chef de la branche nigériane d'ExxonMobil et président d'une association d'industriels, a de nouveau critiqué le projet de loi, actuellement débattu au Parlement après avoir été maintes fois repoussé et qui vise à réformer l'industrie pétrolière la plus importante du continent africain. Cette loi redéfinirait le cadre fiscal du secteur, augmentant les prélèvements sur les recettes, et permettrait la restructuration de la compagnie pétrolière d'Etat NNPC. D'après Mark Ward, ces conditions fiscales sont trop dures et risquent de freiner les investissements. L'incertitude quant au nouveau cadre fiscal défini dans cette loi a déjà amené les principales sociétés pétrolières présentes dans le pays à limiter leurs investissements dans le secteur, qui représente plus des deux tiers des revenus de l'Etat et la quasi-totalité de ses exportations. Ce serait bien qu'une bonne (loi) soit passée afin de clarifier les choses et que l'on ait des certitudes quant aux conditions d'investissements, de la fiscalité et de la restructuration, a déclaré Mark Ward à un groupe d'industriels réunis à Lagos, la capitale économique du pays. Cependant, si la loi passe sans modifications significatives, cela va causer l'inverse : une chute des investissements... Citant des estimations des industriels, il a averti que la production risquait de chuter de 40% d'ici à 2020 sans nouveaux investissements. Le pays produit actuellement entre 2 et 2,5 millions de barils par jour. Ou alors, avec des investissements de 100 milliards de dollars, le secteur pourrait enregistrer une croissance de 50% sur la même période, a-t-il ajouté. Pour le ministre du pétrole Diezani Alison-Madueke, la loi est juste à la fois pour le gouvernement, les entreprises pétrolières et les Nigérians. Mais les militants anti-corruption estiment que le projet de loi, dans sa version actuelle, ne remplit pas ses promesses de rendre plus transparent un secteur considéré comme rongé par la corruption. Mark Ward a également averti que la position de leader du Nigeria était menacée par les hausses de production dans d'autres régions d'Afrique et a expliqué les difficultés auxquelles les industriels étaient confrontés lorsqu'ils travaillaient au Nigeria. Selon lui, conclure un contrat en Angola, le deuxième producteur du continent, prend environ six mois, alors que cela peut prendre jusqu'à trois ou quatre ans au Nigeria, voire six ans pour les contrats les plus complexes.